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Opinion : « le référant tribal guidera inéluctablement la future élection présidentielle qui se tiendra au Cameroun »

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Même si le président Paul Biya réélu en octobre 2018 entame la deuxième année de son septennat, il y a lieu de noter que les scénarios de sa succession se dessinent dans le microcosme politique camerounais. Autrement dit, l’alternance est ouverte. Dans une tribune publiée sur Facebook le lundi 30 mars 2020,  l’avocat Christian Ntimbane Bomo de la société civile critique se prononce. Même si cela le répugne dans sa posture de républicain, il fait le constat selon lequel, le prochain président du Cameroun gagnera la présidentielle avec le jeu tribal et il décrypte les chances et faiblesses des candidats des différents groupes ethniques au Cameroun.


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Palais de l’unité – captur photo

Lebledparle.com vous propose l’intégralité de la tribune.

Qui pour succéder à Paul Biya ?

Parlons-en !

Cette analyse politique va en droite ligne du débat permanent au Cameroun sur l’alternance au pouvoir.

Il faut déjà en parler, même si en principe on est à environ 05 ans de la fin du mandat de Paul Biya. Ce d’autant plus que cette question est avec acuité au cœur du débat politique au Cameroun depuis octobre 2018.

En suivant hier dimanche, dans direct Facebook avec plus de 15.000 personnes, le brillantissime journaliste de Rfi JP Remy Ngono que l’on ne présente plus, des axes de réflexion sur l’alternance au Cameroun ont été abordés avec grand intérêt.

Il parlait d’une nécessité d’alliances tribales que devra faire chaque aspirant au pouvoir.

En fait, il disait qu’il était impossible de gagner une élection au Cameroun sans alliance tribale.

C’est assez triste pour nous autres, qui croyons à la nation et République camerounaise de parler de jeu tribal dans une république.

Malheureusement au vu des comportements grégaires presque généralisés de nos compatriotes, y compris de nos intellectuels, le référant tribal guidera inéluctablement la future élection présidentielle qui se tiendra au Cameroun.

Le schéma classique colonial de la constitution de grands groupes ethniques impactera et déterminera encore une fois de plus, le choix du prochain Président de la République.

C’est ce que feu le professeur Roger Gabriel NLEP dénommera en quelque sorte comme étant la logique du triangle équilatéral à savoir

1-grandnord– 2-centre sud, est— 3-grand ouest.

1- les chances et faiblesses d’un candidat originaire du grand-nord.

Le grand–Nord aura de fortes chances de gagner si le candidat désigné au travers du parti Rdpc ou de L’UNDP est issu des ethnies Moudang, Toupouri, Guiziga…et non plus un peuhl ou foulbé.

Mais quand on voit les appétences d’ Amadou ALI qui reste et demeure un sérieux candidat à la Présidence au vu de ses solides entrées auprès des lamibé et autres chefs traditionnels du grand-Nord, le soutien des élites Rdpc, undp, andp et Fnsc, qu’il pourrait avoir, il va sans dire que l’abandon de cette ambition longtemps nourrie au profit des peuples dits animistes ou chrétiens relèvera de l’impossible.

Ainsi, le grand Nord sera forcément divisé et ne constituera plus ou pas un bloc solide comme celui qui permit à Ahmadou Ahidjo sous le label des députés du Nord de devenir le premier Ministre du Cameroun en 1958, puis Président de la République.

2- les chances et faiblesses d’un candidat originaire du centre sud, est.

Le caractère cosmopolite ( Beti-Bulu- Bassa- Bafia- Maka- Baya, Batanga…)de ce regroupement a montré historiquement des faiblesses.

Comme ce fut le cas en 1958 avec André Marie Mbida qui ne parvint pas à rallier par exemple la communauté bulu qui avait pour leader Charles Assale.

L’équation d’un candidat consensuel de cette aire géographique paraît dès à présent invraisemblable, ce d’autant plus que les personnalités marquantes se retrouvent dans les tribus bulu avec Franck Biya et beti avec Ngoh Ngoh que n’accepteront pas facilement les Bassas et les mbamois qui aimeraient plutôt voir respectivement un des leurs comme Cabral LIBII ou René Sadi accéder à la magistrature suprême.

Le consensus le plus large pourrait se faire autour d’un candidat originaire de l’Est comme Oswald Baboke, l’actuel directeur adjoint du cabinet civil. Mais n’obtiendra quasiment pas le soutien des bassa qui y voit en Cabral LIBII, le réalisateur de la célèbre prophétie de Ruben Um Nyobe.

Et si Cabral LIBII était l’homme du consensus, il lui faudra faire alliance avec le grand-Nord.

Le bloc Centre Sud Est sera probablement émietté en plusieurs blocs qui rejoindront pour certains et par calculs politiques soit le candidat consensuel du Grand-Nord, soit celui du grand Ouest.

3- chances et faiblesses d’un candidat originaire du grand-ouest.

Le grand ouest pour une première fois de son histoire, a un candidat ressortissant de grande envergure.

1958 a montré trois leaders de cette région classés 3ème aux élections législatives à savoir Djoumessi Mathias, Kemajou Daniel et Njine. A cela il fallait ajouter la forte adhésion de ses populations à l’upc de Félix Moumie.

Or en l’état actuel, l’Ouest est suffisamment mobilisé autour du MRC de Maurice Kamto, qui a aussi de nombreux militants dans les villes de Douala et de Yaoundé.

Son alliance stratégique avec une partie de l’Extrême-Nord dont l’ingénieur MAMADOU MOTA est la tête de proue, devient un enjeu majeur pour la conquête du pouvoir.

Le candidat de l’ouest y va néanmoins avec un handicap celui de ne pouvoir compter totalement en l’état sur l’électorat anglophone englué dans une guerre de sécession dont les séquelles politiques ne contribueront pas à mobiliser davantage ses populations en vue de l’élection d’un président de la République francophone.

Christian BOMO Ntimbane

Pour approfondir :   Pour Wilfried Claude Ekanga « Les femmes qui se décapent sont laides »

Société Civile Critique


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