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Cameroun : Les législatives et les municipales à haut risque en février 2020

Le Chef de l’Etat avant de prendre la route de Paris pour le sommet de la paix a signé un décret portant convocation du corps électoral pour les élections municipales et législatives qui vont avoir lieu le dimanche 9 février 2020.

Paul Biya aux urnes le 7 octobre 2018 (c) Droits réservés

Lebledparle.com vous propose de lire l’éditorial politique de la Radio Tiémeni Siantou (RTS) du lundi 11 novembre 2019 qui porte sur les risques de ces élections dans le Nord-Ouest et Sud-Ouest.

Cameroun / Les législatives et les municipales à haut risque en février 2020

Les camerounais en âge de voter et inscrits sur les listes électorales se rendront aux urnes le dimanche 09 février 2020 entre 08 heures et 18 heures, pour élire les 180 députés de l’Assemblée Nationale et les conseillers municipaux des 360 communes du pays.

Ainsi en a décidé le Président de la République, Paul Biya dans un décret rendu public le 10 novembre 2019.La décision du pouvoir était attendue au regard du code électoral en vigueur depuis 2012 et des lois et autres actes pris à deux reprises pour repousser l’organisation des législatives et des municipales, qui auraient dû se tenir entre fin septembre et début octobre 2018.

La durée du mandat des députés et des conseillers municipaux est de 05 ans. Les derniers scrutins législatif et municipal avaient eu lieu le 30 septembre 2013.

La convocation du corps électoral en vue des élections des députés et des conseillers municipaux par le Chef de l’Etat est d’un point de vue légal sans reproche parce que ce dernier s’est appuyé sur la loi et notamment des dispositions qui organisent le calendrier électoral.

Par ailleurs, on constate qu’il y a bien au moins 90 jours d’intervalle entre la date de la publication du décret convoquant le corps électoral et le jour des élections.

Cependant au plan politique, la question de l’opportunité de l’organisation des législatives et des municipales en février 2020 peut être posée.

Le gouvernement a organisé du 30 septembre au 04 octobre 2019 à Yaoundé un Grand Dialogue National, essentiellement pour trouver des solutions à la crise sociopolitique et sécuritaire qui secoue les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays depuis octobre 2016.

L’une des importantes recommandations de ce dialogue, est la dotation des deux régions anglophones d’un « statut spécial ». Certains s’attendaient à ce que le contenu de ce « statut spécial » soit clarifié à travers une loi au cours de la session parlementaire de novembre 2019 avant l’organisation d’une quelconque élection.

Car beaucoup de participants au Grand Dialogue National espèrent que le futur « statut spécial » accordé aux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest va contribuer à y ramener la paix.

Sur le terrain, les violences se poursuivent et elles ont déjà causé la mort de plus de 2.000 personnes selon plusieurs ONG et provoqué le déplacement de plus de 500.000 autres selon les Nations Unies.

On se demande comment les candidats à la députation et aux postes de conseillers municipaux pourront y battre campagne sans craindre pour leurs vies. Cette interrogation vaut aussi pour les électeurs qui subiront certainement les menaces de représailles des groupes armés séparatistes.

A la différence de la présidentielle dont la circonscription est nationale, les législatives et les municipales sont des élections de proximité.

Le pouvoir était probablement dans le dilemme entre proroger indéfiniment les mandats des députés et des conseillers municipaux, en admettant que le pays connaît une grave crise politique sans précédent, ou de soutenir le contraire en organisant même imparfaitement ces élections.

Il ne faut pas perdre de vue le fait que la situation dans les régions anglophones n’a jamais été officiellement à l’origine des deux reports successifs des législatives et des municipales.

D’ici trois mois peut-être, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest qui comptent 65 communes et 35 sièges de députés, seront complètement pacifiées et il est toujours possible qu’au cours de la session parlementaire de novembre, certaines règles du jeu électoral soient modifiées comme le souhaitent plusieurs formations politiques de l’opposition et des organisations de la société civile.

Mais déjà les partis politiques ont jusqu’au 26 novembre 2019 pour présenter leurs candidats à la députation et aux différents postes de conseillers municipaux. Et il n’y a plus pour les citoyens ayant au moins l’âge légal requis de 20 ans non-inscrits sur les listes électorales de pouvoir le faire avant le 09 février 2020.

Ce sont là quelques suites légales en attendant éventuellement les conséquences politiques, de la publication le 10 novembre 2019 du décret convoquant le corps électoral en vue des législatives et des municipales

Eric Boniface Tchouakeu

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