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Opinion : Jean De Dieu Momo maitre du guidonnage politique ?

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Le caméléon change de couleurs, mais jamais ne change sa nature. Cet adage de l’artiste congolais Fally Ipupa dans son titre « A flyé » colle mieux à l’attitude du ministre délégué auprès du ministre de la Justice garde des Sceaux, Jean De Dieu Momo.

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Jean De Dieu Momo (c) Droits réservés

Opposant farouche au régime Biya depuis 37 ans, l’avocat au barreau du Cameroun s’est, à la surprise générale, allié à ce dernier quelques mois avant les élections présidentielles du 7 octobre 2018. Un ralliement qui a payé cache au soir de ce scrutin, avec son entrée au gouvernement le 4 janvier 2019 comme ministre délégué à la Justice.

Depuis lors, l’homme politique n’a cessé de regretter ses positions antérieures sur les réseaux sociaux et même sur les plateaux de télévision, arguant qu’il s’était trompé. « Je vous ai déjà dit que je m’étais trompé. J’ai retrouvé la lumière, j’ai longtemps été dans les ténèbres », soutenait-il sur le plateau de l’Arène, une émission dominicale diffusée sur la chaine de télévision privée Canal 2.

Sous ce rapport, je peux m’interroger. Si en 37 ans dans l’opposition on se trompe systématiquement, notre entrée dans un système donc le bilan est connu de tous, ne peut-il pas aussi être une erreur ?

Dans son interview paru le 24 janvier 2019 dans les colonnes du journal Mutations, Jean De Dieu n’a pas caché son envie d’être comme Paul Biya. « Je ne veux pas décevoir le chef de l’État, ce n’est pas possible de le décevoir… J’ai envie d’être comme lui », formulait-il avec enthousiasme.

Si en 2018 il n’a pas pu poser sa candidature pour devenir Paul Biya, quelle autre méthode pourrait-il adopter ? Cela nécessite une bonne analyse. Mais nous savons tous au Cameroun que, pour être comme Paul Biya, il faut être Paul Biya.

En décembre 2017, de passage au Cameroun, Patrice Nganang est arrêté et écroué à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé après avoir publié des messages à caractère désobligeants sur la toile à l’endroit du couple présidentiel. Après plusieurs jours de détention, Nganang est expulsé du pays et son passeport camerounais retiré. Momo apporte un soutien de poids à l’écrivain : « … je n’étais pas au pays et à mon retour, alors que j’allais rejoindre ton équipe de défense, tu es miraculeusement sorti de prison sans jugement. Je suis content. Mais en même temps, furieux contre ce régime qui a montré toute son intolérance et la férocité de sa dictature. Grâce à toi, le monde entier le connait mieux aujourd’hui. Grâce à toi, le monde entier sait que nous sommes embastillés et muselés » avait formulé Momo quelque mois avant sa repentance. Dictature en décembre 2017, démocratie en juin 2018 ( 6 mois seulement).

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Lors des marches blanches organisées par le MRC le 26 janvier 2019, plusieurs leaders de cette formation politique avaient été interpelés et incarcérés à la prison centrale de Kondengui. Monsieur Momo n’a pas manqué de traiter les militants et sympathisants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun d’ennemis de la paix, indiquant que ceux-ci devraient répondre de leurs actes devant les juridictions compétentes. Il ne manquait pas de taxer d’ethno fasciste le comportement des militants du parti de Maurice Kamto, non sans mettre en doute, les compétences de ce dernier en tant que juriste.

Le 10 septembre 2019, dans son adresse improvisée à la nation, le Chef de l’État avait annoncé la tenue d’un dialogue national pour trouver les solutions aux différentes crises sociales que traverse le pays. Au terme de ces assises, le chef de l’État a ordonné la libération des prisonniers de la crise anglophones et du MRC.

Passé maitre dans l’art de changer de fusil d’épaule depuis la campagne pour l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, Momo a profité de l’arrêt des poursuites décidé par le président Paul Biya contre certains hommes politiques de l’opposition, pour afficher une nouvelle roulade politique : « Le président Paul Biya a posé des actes forts que nous devons décrypter comme donnant le signal de la nouvelle orientation politique pour la réussite de ce septennat qu’il place sous de meilleurs auspices : le pardon, la réconciliation, l’union faisant la force pour la construction de la nation. Pour lui emboîter le pas, je demande pardon à tous ceux que j’ai offensés dans le feu de l’action politique. Et notamment, mais sans s’y limiter, aux partisans des formations et partis politiques concurrents. Les jouxte verbales pré et post électorales sont terminées. Nous sommes désormais tournés vers l’orientation géopolitique instaurée par le président de la République. Sortants de la phase contestataire, nous entrons dans la phase de la conquête du pouvoir politique locale par les urnes, abandonnant derrière nous la jactance stérile et improductive. Prostitution

Ensemble nous devons regarder dans la direction de la construction de notre pays. Personne mieux que nous ne saurait construire notre pays. Surtout pas les étrangers eux-mêmes préoccupés par la construction des leurs. Suivons le guide suprême. Dans la paix » a publié ce dimanche 6 octobre 2019, dans les réseaux sociaux, Jean de Dieu Momo, président fondateur du PADDEC, parti politique de l’opposition, allié au pouvoir », a-t-il écrit sur sa page Facebook.

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Pour quel intérêt monsieur Momo demande pardon à ses adversaires politiques ? Est-ce sa façon de ressembler à Paul Biya ? A-t-il une vision de ce que pourrait devenir le MRC demain ou tout au moins après Biya ? Tout porte à croire que le patron du PADDEC est un chasseur d’intérêt, un adepte de la politique du caméléon.

François Gaël Mbala (FGM)


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