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Kah Walla : « Prenons position pour la liberté politique au Cameroun »

Kah Walla

La présidente nationale du Cameroon People’s Party (CPP) dans une tribune libre publié ce mercredi 24 juillet 2019, invite les camerounais à prendre position pour la liberté politique du Cameroun à travers de la demande de libération des personnes arrêtés dans le cadre des multiples crises qui secouent le pays de Paul Biya en ce moment. « Personne ne devrait être arrêté pour s’être exprimé politiquement. Personne ne devrait être arrêté pour avoir défendu ses droits », estime-t-elle. Lebledparle.com, vous propose l’intégralité de la tribune libre de Kah Walla.


Kah Walla
Kah Walla – DR

*Prenons position contre les arrestations arbitraires et illégales au Cameroun !*

Les arrestations arbitraires dans notre pays sont aussi vieilles que le Cameroun lui-même.

Les arrestations arbitraires d’aujourd’hui ont commencé avec la lutte pour l’indépendance à la fin des années 40, en passant par la lutte pour le multipartisme dans les années 90 jusqu’à la lutte contre le changement constitutionnel en 2008.

Les arrestations arbitraires et illégales se sont poursuivies jusqu’à ce jour.

Depuis 2014, il y a trois catégories de personnes dans les prisons camerounaises qui ne devraient en aucun cas y être.

*1- Les personnes arrêtées illégalement et arbitrairement dans le cadre de la lutte contre Boko Haram.*

L’armée camerounaise a enregistré des succès significatifs dans le combat contre Boko Haram. Cependant, ce succès s’est fait à un prix humain élevé. Depuis 2014, des centaines de jeunes hommes et de jeunes femmes ont été arrêtés illégalement alors que les forces de l’ordre cherchent à repousser le groupe terroriste. Au nombre des prisonniers les plus emblématiques, on peut citer :• Le journaliste Ahmed Abba qui a passé 29 mois en prison avant d’être libéré sous la pression internationale.

• Fomusoh Ivo Feh, Azah Levis Gob et Afuh Nivelle Nfor qui ont été condamnés à 10 ans de prison pour avoir envoyé une blague par SMS sur Boko Haram. Ils restent en prison jusqu’à ce jour.

• 84 enfants, dont certains n’avaient pas plus de 5 ans, qui ont été détenus pendant plus de six mois lorsque les forces armées camerounaises ont attaqué des écoles coraniques à Guirvidig, dans la région de l’Extrême Nord.

Le caractère arbitraire de nos forces de l’ordre a atteint son horrible apogée lorsque deux femmes et leurs enfants ont été assassinés de sang-froid par des éléments des forces armées de l’État camerounais. Les sanctions au niveau de la justice restent attendues jusqu’à ce jour.

On ne sait pas combien de personnes restent arbitrairement et illégalement incarcérées en raison de la lutte contre Boko Haram. Les avocats qui les ont aidés estiment qu’ils sont des dizaines, voire des centaines.

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En tant que nation, nous sommes restés silencieux alors que des gens ont été arrêtés pour avoir « ressemblé » à Boko Haram.

*2 – Les personnes arrêtées illégalement et arbitrairement dans la crise anglophone.*

Les arrestations arbitraires sont à l’ordre du jour dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis octobre 2016. Les organisations qui suivent ces arrestations estiment que plus de 1 000 hommes et femmes sont actuellement illégalement et arbitrairement en état d’arrestation dans les prisons et les centres de détention du Cameroun.

Des centaines de personnes ont été arrêtées pour avoir de « mauvaises » images dans leurs téléphones.

D’autres ont été arrêtés parce qu’ils se trouvaient au « mauvais » endroit au « mauvais » moment. Des dizaines de personnes ont été maintenues en détention secrète pendant des mois sans avoir accès à des visites, à la lumière, à un médecin et sans bénéficier de l’assistance d’un avocat tel que le prévoit la Constitution du Cameroun dans son préambule ainsi que le Code de procédure pénale, subissant ainsi toutes sortes de traitements cruels, inhumains et dégradants.

Des militants non violents ont été arrêtés, jugés et condamnés à des peines de plus de 10 ans, simplement pour avoir exprimé leur opinion. Ils sont toujours en prison à ce jour.

Nous citons les noms de Bibixy Mancho, Ngalim Felix et Terrence Penn alors même que nous jouissons de notre propre liberté de mouvement.

En tant que nation, nous gardons le silence alors que ces âmes innocentes languissent dans l’horreur que sont nos prisons.

*3 – Les personnes arrêtées illégalement et arbitrairement lors de la crise post-électorale.*

Le MRC et ses alliés affirment avoir remporté l’élection présidentielle d’octobre 2018. Ils ont décidé d’organiser des manifestations non violentes pour exprimer leur rejet de la fraude et de la manipulation électorales. Depuis janvier 2019, des centaines de personnes ont été arrêtées. Ils sont accusés de trahison, de rébellion et d’autres crimes graves passibles de la peine de mort.

Des heures ont été consacrées à formuler des théories sur la question de savoir si le MRC a raison ou tort. S’ils auraient dû prendre telle ou telle initiative.

En tant que nation, nous sommes restés silencieux. Nous n’en sommes pas venus à énoncer des faits simples. L’opinion politique et l’action politique sont des droits inhérents à tout Camerounais. Personne ne devrait être arrêté pour s’être exprimé politiquement. Personne ne devrait être arrêté pour avoir défendu ses droits.

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Ce sont les gens qui sont en prison. Des gens qui ont défendu leurs droits, des gens qui ont agi de façon non violente pour signaler ce qui ne va pas dans notre société. Des gens qui défendaient des principes et des valeurs.

Depuis leur incarcération, ils ont été victimes de nombreuses violations de la loi et d’indignités sur leur personne. Nous sommes restés les bras croisés, nous avons observé et commenté.

Personne n’est d’accord avec une révolte en prison. Personne n’est d’accord avec la violence comme solution, surtout pas dans une prison.

Cependant, en tant que Camerounais, nous devons prendre nos responsabilités. Nous vivons avec le régime Biya depuis 37 ans. En 37 ans, ils ont exercé la violence et la répression à notre égard en tant que population, violences qui ont trop souvent abouti à des arrestations illégales et arbitraires. Ils ne changeront pas.

Si nous ne défendons pas ceux qui sont illégalement arrêtés et détenus, ils devront se débrouiller seuls avec tous les dangers que cela comporte pour nous en tant que société. Il est temps de se lever.

Il est temps de se lever et d’exiger que ce régime les libère tous/es.

Les prisons du Cameroun sont surpeuplées de façon grotesque. Les prisonniers politiques sont privés de justice en raison de multiples violations de la loi. Il est temps de dire STOP !

Joignez-vous à nous ce vendredi et tous les vendredis du mois d’août pour un Friday In Black pour exiger :

– La libération des Camerounais arrêtés illégalement dans le cadre de la lutte contre Boko Haram.

– La libération des Camerounais arrêtés illégalement dans le cadre de la crise dans le Nord – Ouest et le Sud – Ouest.

– La libération des Camerounais arrêtés illégalement dans le cadre de la crise post – électorale.

Prenons position pour exiger la libération de toutes ces personnes.

Prenons position pour la liberté politique au Cameroun !

*Pour le Mouvement Stand Up For Cameroon*

*Kah Walla*

Douala le 24 Juillet 2019


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