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Chronique : « le spectacle auquel se livre le pouvoir est tout, sauf une volonté de dialoguer »

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Dans une chronique publiée sur son mur Facebook ce jeudi 16 mai 2019, le journalite Xavier Messè parle du dialogue annoncé par le gouvernement. L’enseignant de journalisme montre que la visite du Premier au Nord-Ouest et actuellement au Sud-Ouest est tout sauf une volonté de dialogue. Bien plus, il précise les conditions propices pour un dialogue. Lisez attentivement cette chronique que vous propose Lebledparle.com.


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L’arrivée du Premier Ministre, Joseph Dion Nguté à Kumba – capture photo

Qui parle de dialogue ?

L’Irlande du Nord avait réclamé son indépendance au Royaume-Uni pendant 77 ans. Les deux pays négociaient pendant leur conflit. Ils avaient fini par trouver une formule pour une coexistence pacifique et harmonieuse. Un dialogue fut nécessaire pour en arriver là.

La guerre du Vietnam fut longue et atroce. Les Etats-Unis l’avaient imposée au Vietnam pour empêcher ce pays de choisir son idéologie et son destin politique. En se battant, ils avaient tout de même accepté de discuter pendant 5 ans sous les bombes américaines larguées sans relâche sur le Vietnam. Le 27 janvier 1973, les « Accords de paix » furent signés à Paris. Pour en arriver là, le dialogue fut nécessaire.

Brexit est une abréviation de « British Exit », qui signifie la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Le 23 juin 2016, lors d’un référendum organisé par l’ancien Premier ministre David Cameron, 51,9% des Britanniques se sont prononcé pour sortir de l’UE. Les 26 membres restant dans l’Union européenne sont en négociations pour rendre cette sortie juridiquement effective. Chaque camp a mandaté ses représentants pour négocier un accord en préservant leurs intérêts respectifs.

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Nous pouvons multiplier à l’infini des cas similaires. Les conflits, les incompréhensions entre les hommes ou les pays se soldent toujours par des négociations. En 1991, alors qu’on célébrait partout en Afrique le retour du multipartisme, les « Conférences nationales souveraines » furent à la mode. Paul Biya leur préféra une « Tripartite » qu’il n’avait même pas daigné ouvrir les travaux au Palais des Congrès de Yaoundé. Néanmoins, les représentants du gouvernement, ceux de l’opposition et de la société civile avaient débattu pendant plusieurs jours des sujets liés à l’avenir du Cameroun. Si les résolutions adoptées par la « Tripartie » n’ont jamais été appliquées, ce n’est pas faute de ne les avoir pas formulées.

Aujourd’hui, le Cameroun est face à l’urgence et à l’obligation du dialogue. Mais le spectacle auquel se livre le pouvoir est tout, sauf une volonté de dialoguer. Acculé par la communauté internationale, le chef de l’Etat a envoyé son Premier ministre dans les zones en conflit. On voit PM là-bas, danser avec les populations en joie. Il rencontre des personnes toutes acquises au pouvoir. Cela est tout, sauf un dialogue !

Pour dialoguer, il faut d’abord arrêter les thèmes. On définit le format de la table des discussions. Chaque partie désigne ses représentants. On choisit un lieu et les discussions commencent. Aucun sujet ne devrait être tabou. A chacun d’apporter ses arguments et les défendre. Faire inscrire un sujet à l’ordre du jour ne signifie pas qu’on a forcément raison, et encore moins qu’on emportera sur les autres. Il existe bien des Camerounais qui ont pris des armes pour créer leur Etat au sein de la République. Il s’agit là d’un sujet d’une extrême gravité. Il faudra leur démontrer avec la force du droit qu’ils font fausse route. Il faudra écouter leurs arguments avant de les démonter.

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C’est cette étape qui est la plus difficile car, il est attribué au chef de l’Etat par excès de zèle cette formule selon laquelle il est « le mendiant du dialogue ». Ce n’est pas lui faire offense en affirmant que Paul Biya n’a ni la culture de la contradiction démocratique, ni la volonté du dialogue. Certains disent que le chef de l’Etat est l’otage de ses « faucons, des va-t-en-guerre ». Pourtant, des « faucons », c’est lui qui les a placés là où ils sont, jouant les rôles qu’ils jouent. S’ils constituaient un obstacle dans sa volonté de dialogue, il s’en serait débarrassé sans encombre. A contrario, le président Biya apprécie bien le travail de ses « faucons ».


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