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Chronique : « [Paul Biya] a annoncé la création de 500 000 emplois d’ici fin 2019 ! On attend l’enfant »

Paul Biya message jeunesse 2019

Dans une publication sur son mur Facebook, ce lundi 11 février 2019, Alain Patrick Fouda, sémioticien a fait une analyse sémiotique du discours de Paul Biya à la jeunesse camerounaise du dimanche 10 février. Le journaliste fait son décryptage sur le plan factuel, historique, politique et économique. LeBledParle.com, vous propose de lire cette chronique.


Paul Biya message jeunesse 2019
Paul Biya, discours à la jeunesse – capture photo

Discours du Paul Biya à la jeunesse : En avant, marche !

J’ai écouté en direct le discours de notre Président ! Sa voix paternelle, mi-candide (au début), mi-tonique (au milieu jusqu’à la fin), dans le pur style Biya, laissait résonner les soucis profonds d’un chef dont le pays traverse une période de turbulences. Et lorsqu’il a fini de s’adresser à la Nation, j’ai regardé mon chrono : 17 minutes. Comme par hasard, 17 ans, c’est l’âge qui marque la fin de l’adolescence et l’entrée dans l’adu-lescence (18-25 ans). C’est l’âge où, pour les parents comme pour l’ado concerné.e, les orientations socio-académique, socio-professionnelle et socio-politique doivent être des plus soutenues. Cela s’est traduit, dans ce discours, par la domination du « vous » : 24 fois sur le « Je » : 13 fois (13 comme le 13 février, jour de son anniversaire) … C’est, enfin, l’âge où la vie de la jeune femme/ jeune homme, se met ou doit se mettre en marche ! Et quoi de plus approprié qu’une anaphore pour faire de l’histoire politique et enseigner le patriotisme, montrer la voie… :

« Pour nos pères fondateurs, ce fut l’indépendance… » : évoquant Ruben Um Nyobè, Ernest Ouandié, Félix-Roland Moumié, etc…

« Pour leurs successeurs, la mise en place et la consolidation des institutions du nouvel État » : évoquant Ahmadou Ahidjo, et lui-même, Paul Biya.

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En didacticien politique, le président est allé plus loin. Il n’a pas manqué de tacler ad hominem les casseurs des représentations diplomatiques camerounaises en Europe ! A ce moment-là, on aurait dit qu’il s’adresse plus à « la bonne graine politique » (les 17 ans, quoi !), histoire de lui éviter de suivre le « contre-exemple ». Ici : l’anti-marche républicaine :

« Il existe une autre façon, plus responsable et plus recommandable, de faire de la politique. Par définition, celle-ci se rapporte à la gestion de la société. En votant, en se présentant à une élection, en étant élu conseiller municipal ou régional, député ou sénateur, on fait de la politique au sens noble du terme. »

Eh ouais ! Sur ce point précis, il a raison : vandaliser une ambassade, détruire les papiers des gens, s’attaquer à « la vie » de personnes qui ne vous ont rien fait parce que vous en voulez à deux policiers trop zélés (et indiscutablement coupables), et installer l’effigie d’un opposant sur les murs de l’ambassade parce qu’on le préfère à X ou à Y, ce n’est pas ça, faire de la politique. Les législatives sont en perspective : alors pourquoi ne pas contourner et tenter de renverser le mammouth au pouvoir… à la régulière ? Ce n’est pas la chose la plus compliquée pour des érudits néo-politiciens !

Quant au chapitre économique de ce discours, bah c’est du Biya, quoi : ce qui a été fait et ce qui n’a pas été fait parce que c’était difficile à faire :

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« Malgré ces actions remarquables, notre pays demeure confronté au problème du chômage des jeunes. La raison en est connue : notre activité économique n’est pas suffisamment soutenue pour absorber les dizaines de milliers de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Ce qui explique aussi que nombre d’entre eux, pour éviter le chômage, doivent accepter des emplois sous-qualifiés. »

Bah, heureusement, le Président a annoncé la création de 500 000 emplois d’ici fin 2019 ! Cool ! On attend l’enfant… Et la corruption endémique alors ? Et le sentiment d’appartenance à cette nation plurielle, en pleine tempête identitaire, exacerbée par des injustices sociales cancéreuses ? Rien. Enfin bref !

S’il y a une vraie leçon à retenir de cette allocution, pour moi, c’est indéniablement l’épée de Damoclès politique que les jeunes doivent apprendre à manier et exploiter à volonté. A cet égard, je citerai Antoine de Saint-Exupéry, le mec qui a inspiré le nom du mouvement politique d’Emmanuel Macron (En Marche !), le président français qui « fascine » Cabral Libii :

« Dans la vie il n’y a pas de solutions ; il y a des forces en marche : il faut les créer et les solutions vont suivre. »

Les jeunes Camerounais.e.s sont très créatifs, alors : cap sur les Législatives! En avant…marche !

By APF


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