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Jean-Pierre Bekolo : « Dès qu’un Africain rêve d’un futur diffèrent, c’est la mort qu’on lui brandit »

le cineaste camerounais jean pierre bekolo

Dans une publication sur sa page Facebook ce lundi 28 janvier 2019, Le Cinéaste camerounais constate que la mort a été inventé pour effrayer les africains de s’émanciper depuis l’esclavage jusqu’aux dictatures actuelles. LeBledParle.com, vous propose l’intégralité de sa chronique.


le cineaste camerounais jean pierre bekolo
Jean-Pierre Bekolo – DR

L’AFRICAIN DANS LA MATRIX DE LA MORT

Constatez une chose, la mort est inscrite dans toute perspective future de l’Africain. Dès qu’un Africain rêve d’un futur diffèrent de celui mortifère qu’on lui propose depuis l’esclavage, la colonisation et les dictatures actuelles, c’est la mort qu’on lui brandit. Celui qui décide de partir pour chercher un monde meilleur, c’est encore la mort qui l’attend dans les océans et les déserts qu’il doit traverser. Quand il est afro américain rien que le sentiment de liberté qu’il pourrait exprimer de marcher dans la rue ne pourrait lui couter la mort. Quand il est africain, oser vouloir un monde meilleur, c’est encore la mort. Car marcher c’est dire que je refuse de mourir de cette manière en vivant comme un animal; là aussi sur son propre sort, c’est la mort qu’on lui présente. S’il se contente seulement de l’exprimer, on l’accusera d’envoyer les enfants des autres à la mort. Mais nous sommes nous seulement posés la question de savoir si marcher tue, si parler tue? On nous fait oublier que quelqu’un quelque part a donné le fusil à un autre en lui donnant pour instruction de tuer celui qui va oser vouloir imaginer un autre futur. Qui a enfermé l’Africain dans cette matrix de la mort? Sommes-nous seulement posés la question de savoir qui a intérêt depuis des siècles à associer le futur de l’Africain avec la mort? Voilà pourquoi ceux qui l’ont compris fuient l’Afrique… Et ceux qui sont restés détestent ceux qui ont pu s’échapper. Si ce n’était pas une affaire de mort, pourquoi ceux qui sont au sommet s’assurent avant tout de survivre avec leurs enfants en allant se soigner partout ailleurs sauf chez eux? Si ce n’est pas de la mort dont il est question pourquoi un tel investissement sur leur sécurité personnelle? Quand on pense à Sankara, à Kadhafi, à Amlicar Cabral, à Malcom X, à Martin Luther King… on comprend que c’est le projet qui a commencé il y a des siècles qui se déroule aujourd’hui encore dans certains de nos pays; celui de faire accepter à l’Africain un présent mortifère, que certains appellent “la réalité” comme unique perspective; en faire un esclave et un colonisé des temps modernes qui ne doit surtout pas s’opposer – être dans l’opposition – au projet qu’on a tracé pour lui. Celui de sa propre mort dont il doit être complice. S’opposer à sa propre mort n’est-il pas devenu une insulte? “Espèce d’opposant! Sauf que ce qui est prévu, c’est que tu t’opposes tu meurs, tu ne t’opposes pas tu meurs… alors tu fais quoi?

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