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Cameroun : Qui est Jean Fouman Akame ? Le défunt conseiller juridique de Paul Biya

Foumane Akame
Foumane Akame

L’homme de l’ombre et célèbre juriste Jean Foumane AKAME gravement malade ces derniers jours a finalement rendu l’âme ce dimanche 13 Janvier 2019. Christian Bomo Ntimbane, Avocat au Barreau de Paris dans une publication sur Facebook, rend un hommage à celui qu’il qualifie de « Haut-Magistrat, Grand Commis d’Etat, aimable et charismatique patriarche ». Ce camerounais brosse également, le portrait-robot du défunt PCA de l’université de Yaoundé 1.


Jean Foumane Akame 2
Jean Foumane Akame – DR

HOMMAGE AU HAUT MAGISTRAT, GRAND COMMIS D’ETAT, L’AIMABLE ET CHARISMATIQUE PATRIARCHE PAPA JEAN FOUMAN AKAME.

Depuis l’annonce du départ vers l’éternité de Monsieur Jean FOUMAN AKAME ce 13 janvier 2019, certains de nos compatriotes ont entrepris de lancer des diatribes sur la mémoire de l’illustre disparu, s’ils ne s’en sont simplement pas réjouis. Ils sont d’ailleurs libres de leurs émotions et toutes sortes de rancœurs.

Je voudrais ici dire quelques mots sur cet homme dont peu de camerounais n’ont entendu parler que de nom. Car l’homme se caractérisait par une discrétion et une humilité qu’on retrouve difficilement chez des hommes de son envergure. Je parle d’un homme que je connais personnellement. C’est un parent. Je n’accepterais donc pas que des contrevérités soient véhiculées sur cette belle âme qui nous a quittés à l’âge de 82 ans.

Jean Fouman AKAME a été formé à l’école de magistrature en France précisément dans la région bordelaise.

Il aurait pu exercer dans ce pays comme magistrat, mais a décidé par amour de rentrer dans son pays début des années 60.

D’ailleurs en 1972, après avoir servi à Dschang, Nkongsangba, Douala, Garoua… Ahmadou AHIDJO alors Président de la République lui demandera de remplacer le Président de la Cour d’Appel du Centre-Sud, un français qui présidait à la tête de cette juridiction. Les magistrats français qui composaient l’ossature la plus qualifiée de la magistrature camerounaise venaient de démissionner en masse, laissant nos juridictions sans véritables professionnels. Monsieur Jean Fouman AKAME qui a été façonné dans la même école que ces magistrats français assuma cette fonction avec beaucoup d’éclat. Sa compétence dans la gestion des situations de crise permettra sa nomination comme Secrétaire Général du Ministère de la Justice. Puis fin des années 1970, le Président AHIDJO qui avait maille à partir avec les grèves estudiantines à l’université de Yaoundé qui menaçaient sérieusement son pouvoir décidera de lui confier la gestion de l’Université de Yaoundé où il devint Chancelier de cette seule université camerounaise. Tous les étudiants de cette époque reconnaissent en cet homme les qualités d’un homme pondéré, mesuré et à l’écoute, mais d’un charisme remarquable.

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En 1982 lorsque le Président BIYA accède à la magistrature suprême, il en fera son Ministre de l’administration territoriale. Il quittera ce poste après le coup d’Etat manqué d’Avril 1984 et se retrouvera Conseiller à La Cour Suprême du Cameroun. Ses brillants rapports qui ont donné lieu à des jurisprudences sont toujours appréciés des acteurs de la justice camerounaise. C’est de là qu’il sera nommé Conseiller Juridique au Secrétariat Général de la Présidence de la République. Poste qu’il occupe comme celui de Président de tribunal de la Francophonie jusqu’à sa nomination en 2018 comme membre du Conseil Constitutionnel. Il faut noter qu’il était le Président de la commission justice et libertés qui avait préparé toutes les lois sur les libertés politiques, économiques et sociales entrées en vigueur au Cameroun dans les années 1990. En 2004, je l’ai vu personnellement relire et annoté le projet du nouveau code de procédure pénale du Cameroun. Sa main y est.

Il est au moment de sa mort le plus haut gradé de la magistrature camerounaise encore en service.

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Le magistrat FOUMAN AKAME n’a pas de grands immeubles ou de villas au luxe ostentatoire encore moins de voitures rutilantes. Homme modeste, Il vivait toujours dans une maison de fonction de type colonial au quartier du lac municipal à Yaoundé. Il utilisait sa voiture de fonction. C’était un homme détaché du lucre et du bling bling.

Ceux qui connaissent son village Ndonko dans le Dja et Lobo vous diront qu’il habite une petite maison qu’il a construite en début de carrière. C’est un petit 04 pièces. Il a investi dans l’agriculture et c’est de cette activité qu’il retirait l’essentiel de ses revenus. C’est une petite agro-industrie avec de petites cases disséminées dans les terres héritées de sa famille où est produit de la confiture qu’on vend dans de nombreux hôtels au Cameroun.

Aucun enfant FOUMAN AKAME pourtant diplômés de grandes universités nord-américaines ne travaille dans la fonction publique ou occupe un grand poste au Cameroun. Pourtant, il aurait bien pu les positionner dans toutes les grandes écoles comme l’ENAM ou les faire nommer.

Monsieur Jean FOUMAN AKAME, était un camerounais ouvert aux autres tribus. Il combattait le tribalisme. De nombreux camerounais de toutes origines sont ses fils et filles d’adoption. Ils se reconnaîtront. Son plus grand ami connu est l’actuel Président du SENAT Monsieur NIAT NJIFENJI. Ils étaient des frères.

Le Cameroun doit être fier de cet homme, resté dans l’ombre, loin des ors et des lambris, servant son pays en toute discrétion. Evidemment, comme toute personne appelée à prendre des décisions ou à trancher, il a certainement eu à sanctionner ou à déplaire.


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