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Richard Makon : « Comment garder espoir dans une aristocratie de parvenus qui vole, viole et pille tout ce qu’elle touche ? »

Dr Richard Makon

Dans une chronique publiée sur son mur Facebook ce mercredi 9 janvier 2019, L’analyste politique Richard Makon, invite les camerounais à avoir de l’espoir pour les jours à venir. Toutefois, le juriste s’interroge sur cette notion impérative en « temps de peste ». LeBledParle.com, vous propose l’intégralité de sa chronique.


Dr Richard Makon
Richard Makon – DR

L’ESPOIR EN TEMPS DE PESTE

Le mois de janvier, dans les traditions humaines, est le mois d’un nouveau départ. En effet si DECEMBRE EST LE MOIS DU BILAN, permettant d’évaluer l’année écoulée en termes de réussites et d’échecs, d’avancées et de reculades, de dynamisme et de statisme, il est aussi le mois aux termes duquel les hommes se dotent de résolutions nouvelles, de programmations neuves, d’ambitions actualisées dont la finalité est d’orienter leur projet de vie et d’aiguillonner leurs déploiements dans l’année nouvelle.

C’est la raison pour laquelle JANVIER EST AUSSI LE MOIS DE L’ESPERANCE. Dès ses premiers rayons de soleil, les hommes guettent le moindre signe, observent la moindre augure, scrutent le plus petit indice à même de révéler les auspices du ciel nouveau. Naturellement chaque message de vœu reçu est décrypté avec soin, chaque parole écoutée analysée avec précaution, chaque visage du ciel interrogé dans le détail pour s’assurer qu’il est porteur de bons présages annonçant par la limpidité de ses traits une bonne année. Dans une société amatrice des oracles et devenue fanatique de diseurs de bonne-aventure, tout s’explique évidemment !

Mais le plus important est ailleurs. Le plus important réside en effet dans le fait que janvier, au-delà de tout, reste le mois de l’espoir, parce que sans espoir il n’y a pas de vie, et parce que les hommes ont besoin d’espérer que chaque année nouvelle enterre la précédente avec une part de nos problèmes. Ils ont besoin d’espérer que chaque année nouvelle porte en elle sa part de faveurs divines, que chaque année transporte par elle-même sa quantité de fruits, tout en réalisant dans chaque vie le projet de Dieu.

Pour approfondir :   Pandémie du Covid-19 : Le Roi des Bamendjou adresse un message aux camerounais

Les hommes ont besoin d’espérer que les années se suivent mais ne se ressemblent pas, que le meilleur reste toujours à venir, afin de mieux supporter les affres du temps présent et les outrages de la vie. Pis encore, dans une société comme la nôtre, malmenée par une précarité qui tend à se généraliser et une misère plus entretenue que subie. Pis encore, dans un contexte d’augmentation de l’armée des indigents, d’expansion de la classe des plébéiens, le lumpenprolétariat local, tranchant avec l’enrichissement fulgurant d’une petite ploutocratie malfaisante, avachie sur les privilèges d’un Etat rentier en plein effondrement. Les camerounais ont besoin d’espérer malgré tout, parce que c’est bien connu, l’espoir fait vivre !

Toutefois, COMMENT GARDER ESPOIR EN TEMPS DE PESTE, sous un ciel qui paraît assombri de nuages funestes, prédisant la venue des temps de l’incertitude, dans un climat généralisé de fin du monde ?

Mais COMMENT GARDER ESPOIR EN TEMPS DE PESTE, sous un ciel rayé d’éclairs de tonnerre menaçants et parcouru d’intonations intimidantes de canons et de crépitements stridents des armes de guerre ?

Mais COMMENT GARDER ESPOIR LÀ OÙ LA PESTE SÉVIT, sous le visage hideux d’une guerre fratricide qui décime des communautés, d’une pauvreté dévastatrice qui déshumanise des familles entières, d’une crise économique brutale qui multiplie le nombre de déclassés, d’une aristocratie de parvenus qui vole, viole et pille tout ce qu’elle touche, d’une prévarication systémique qui prive le pays de perspectives d’avenir, d’une gérontocratie génocidaire qui assassine avec délectation et jouissance sa propre progéniture, d’une vieillesse arrosée de larmes d’enfants et qui fleurie sur la terre molle des tombes de sa jeunesse, d’une lutte de succession entre clans ennemis qui se disputent le pouvoir suprême d’Etat ?

Comment garder espoir dans ces temps si sombres où tous les camerounais semblent subitement devenus perméables à la noirceur de notre siècle ?

Voilà l’exploit attendu du peuple camerounais en ce début d’année 2019. Que Dieu nous vienne en aide !!!

*Chronique précédemment parue au Quotidien « MUTATIONS ».


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