Lebledparle.com, CWT
Le philosophe et juriste rejette la faute du retrait de l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun sur les autorités. Bien plus, il souligne que la tenue de la CAN dans le contexte sécuritaire actuel dans les régions anglophones aurait été inutile.
Au fond la décision de la CAF tient en un mot devenu célèbre sous nos cieux : Irrecevable.
C’est un peu tirer par les cheveux, mais je ne peux m’empêcher de constater que cette décision coïncide avec la date anniversaire du décès d’Amadou Ahidjo. Tiens! Tiens!
Plus sérieusement, je ne saurais me réjouir du retrait de la CAN au Cameroun. Cependant, je ne suis ni surpris, ni courroucé par cette décision. Loin du patriotisme béat à la sauce politicienne, nous devons être lucides et conséquent. Il ne suffit pas d’importer des stades à la hâte pour organiser une CAN! Les enjeux de sécurité, de salubrité et de voiries publiques demeurent lancinants. Il faut être de mauvaise foi pour refuser de les regarder en face.
S’il y a un accident majeur au stade Omnisport, avant d’arriver à l’hôpital général qui est situé à quelques encablures dudit stade la personne secourue aura déjà eu le temps de rendre l’âme dans les embouteillages de « Caravelle Ngousso ».
Et dire que cela fait quand même 4 ans que nous avons obtenu l’organisation de cette compétition. C’est ici l’ADN de la gouvernance qui prend en otage depuis 36 ans (improvisation, népotisme, l’irresponsabilité…). Pour se dédouaner comme à l’accoutumée, les sbires et autres thuriféraires du régime seront de toutes les tribunes pour accuser un ennemi intérieur. Que dis-je? Ils disserteront sur l’anti-patriotisme de la diaspora et inventeront toutes sortes de théories du complot. Wo « Hamad n’aime pas le Cameroun » ; wo « la diaspora a terni l’image du Cameroun », wo wo « les anglophones ont fait un lobbying contre le Cameroun » et Gneugneugneu.
Cela dit, il est quand même curieux de savoir que l’urgence de résoudre la crise au NOSO semble être moins digne d’intérêt et de patriotisme que le fait d’organiser une CAN. Souhaitiez-vous vraiment organiser une grande fête dans une concession en deuil? Et dire qu’il y a encore quelques années lorsqu’une maison était en deuil dans un quartier, tous les tenanciers des boutiques et bars se faisaient l’exigence morale de baisser pavillon! Décence où es-tu?
Bref, organiser un tel événement dans le contexte actuel aurait été une insulte et un mépris à nul autre pareil à l’égard de nos frères et sœurs dans le Nord-Ouest et Sud-Ouest qui vivent un drame et de la souffrance indicible. À l’évidence, cela n’aurait pas contribué à nous rapprocher d’eux et vice-versa.
Regardons ce pays qui se meurt à petit feu et hâtons-nous collectivement d’y apporter les extincteurs nécessaires. Inutile de rappeler que le régime de Biya ne fait plus partir de la solution depuis belle lurette. Panem et circenses : il a voulu distraire le peuple, mais mal lui en a pris. Tant mieux. Il faudra tirer les conséquences.
Sinon Messi et Rihanna arrivent toujours au Cameroun ?
