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César Tchoffo : « Le professeur Maurice Kamto doit démissionner du MRC »

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Dans une tribune publiée sur sa page facebook, César Tchoffo  auteur de Créer des fans politiques appelle Kamto à démissionner de la tête du MRC en s’appuyant sur cinq arguments.


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César Tchoffo – DR

Le professeur Maurice Kamto doit démissionner du MRC 

Nos implications politiques ces dernières semaines ont largement accru notre compréhension générale d’un certain nombre d’enjeux.

Faire un point d’honneur sur le professeur Maurice Kamto ne signifie pas être amoureux de lui. Mais il est quand même parmi tous les acteurs celui qui a fait une grande sensation. C’est donc naturel qu’il mérite une certaine attention. Il faut lire les lignes qui suivent avec assez de maturité, sans état d’âme et sans jugement.

1- Kamto a fait une campagne encourageante.

J’ai découvert enfin que, en dehors, d’un système mis en place comme le Rdpc, Maurice Kamto a réussi à créer la sensation dans tous les sens du terme. Le professeur Kamto a battu une campagne stratégique en se déployant sur le terrain comme l’autorise mon ouvrage Créer des fans politiques.

Malheureusement, cette bataille ne pouvait pas avoir de bons fruits, car Kamto a oublié que, comme toute campagne, il faut parler aux gens qui ont un pouvoir de décision, notamment, ceux qui ont leur carte électorale. J’ai été très déçu de voir Cabral Libii se battre tout seul avec son mouvement 11 millions. Dans un vrai pays avec de vrais leaders, Maurice Kamto se serait mis avec cet anné pour, au moins, faire inscrire la population sur les listes avant de se séparer après.

Ainsi, dans ce que j’appelle la stratégie de déploiement des fans politiques, Kamto devait, au lieu de se préparer pour battre campagne, il devait s’allier à Cabral pour augmenter le nombre d’inscrits.

2- Kamto a eu une mauvaise équipe de communication.

En dehors de Wilfried Ekanga et quelques jeunes dont j’ai apprécié le talent, Maurice Kamto s’est accompagné de personnes dont le sens de l’éthique souffrait d’une certaine crédibilité. Des personnes dont le passé n’honore pas. Des personnes qui n’avaient pas pour objectif gagner par les urnes.

D’après mes analyses, Kamto et quelques-uns seulement croyaient à une quelconque victoire par les urnes. Les autres croyaient à leur capacité de créer l’insurrection dans ce pays cher à Mongo Béti.

Dans Créer des fans politiques, je dis qu’on ne forme pas une équipe de campagne par complaisance. Les personnes sélectionnées doivent obéir à un certain nombre de valeurs dont la fidélité, la crédibilité et le débat d’idées sont indéniables.

C’est donc tout naturel que Kamto a commis sa plus grande erreur politique. Je ne sais pas s’il avait pris l’avis de Wilfried avant de se prononcer.

3- Kamto ne devait jamais dire qu’il a gagné.

La conséquence directe de la mauvaise composition de son équipe l’a emmené à faire une déclaration qui a tué toute possibilité présupposée d’être un jour, au Cameroun, Président – surtout que son âge ne joue pas en sa faveur.

Pour approfondir :   Le quotidien Le Jour du 22 février : « Si ça n'est pas une dictature, ça y ressemble » [Editorial d’Haman Mana]

En effet, cette déclaration qui, selon ses partisans n’avait rien à reprocher sur la forme a malheureusement semé un grand doute dans l’esprit des camerounais dans leur grande majorité. C’était certes, courageux, mais maladroit.

Maladroit, car, presque personne ne croyait qu’il pouvait gagner. Il était donc presque le seul à croire à sa victoire. C’est pourquoi les gens ne sont pas sortis fêter avec lui. Dans les conditions normales, s’il avait gagné, les rues seraient pleines ce jour-là. Mais rien!

En fait, c’est après cette déclaration, que j’ai compris pourquoi Kamto n’avait pas accompagné Cabral Libii dans sa campagne de 11 millions. C’est que Kamto avait sa propre ligne de conduite. Il avait son propre plan. Battre campagne devant ceux qui ne sont pas inscrits et après faire une déclaration pour les faire marcher dans les rues.

Mais il avait oublié une chose : la vérité. Une personne qui sait qu’il n’a pas voté ne sera pas le premier dans la rue. Il va attendre pour voir l’allure générale. C’est donc ce qui s’est passé dans l’esprit de plusieurs d’entre mes frères et soeurs. Ils ne savent pas comment Kamto a pu gagner sans leur vote. Devant tout cela, il y a une conséquence grave : le tribalisme.

4- La montée du tribalisme a fragilisé Kamto.

Je vais faire une analyse froide. Il n’est pas sans ignorer que l’annonce de la victoire de Kamto a le plus ému ses propres frères bamilékés. Ce serait malhonnête de ne pas le reconnaître. C’est presque toujours un plaisir de savoir que son frère bénéficie de nouvelles responsabilités.

Cela faisant, les bamilékés, pour la plupart venus de la diaspora, voyant la ceinture gouvernementale autour de Kamto, en ont fait un problème ethnique. Reprochant entre autre les difficultés et les discriminations tribales dont font face les bamilékés au quotidien.

En le faisant, ils ont oublié que les ekang et etang, les bakweri, les moudans, et les batouri souffrent au combien, doublement. Ils ont placé les Bétis au centre disant que ce sont eux qui bénéficient des avantages du gouvernement. En le disant, les Bétis se sont trouvé une solidarité auprès des etons, des Boulou, des tikars, des bassa, et même des gens du noun. Ces derniers estimant que les bamilékés avaient préféré s’allier au Rdpc et au SDF en lieu et place de l’UDC. Mais jusque-là, la majorité de cela se traitait uniquement dans les réseaux sociaux.

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Le pire dans tout cela, c’est que Kamto lui-même a accentué cette différence, en mondovision, dans un message à peine voilé devant le conseil constitutionnel. Il faut bien comprendre.

Certes Kamto a dit être le président de tous les camerounais, mais il est évident qu’il parlait accusant les autres au lieu d’appeler les siens à plus de retenue. Cette différence est très importante. Car, le citoyen lambda perçoit que Kamto a fait la différence entre les citoyens. Ce n’est pas le message qu’un leader de sa tranche doit prononcer. Il aurait été un activiste comme feu Charles Ateba Eyene ou même comme Cabral Libii avant, on aurait dit oui. Mais pour une personne qui veut être Président de la République, c’était trop bas. Mais est ce que son état-major avait révisé son discours avant qu’il ne passe devant le conseil? Cela pose un autre problème.

5- Maurice Kamto ne s’en prend qu’à sa tête.

À la création du MRC, certains de nos grands intellectuels ont été conviés. Malheureusement, Kamto n’a jamais su concilier les avis autour de lui. Il les a repoussés tour à tour se croyant plus intelligents. Certains parmis eux comme Owona Nguni ont même commencé à siéger avant de se rétracter considérant qu’ils n’avaient pas à se morfondre.

Ce comportement de Kamto l’a également emmené à crier très tôt qu’il est le tireur de pénalty. Suite à cela, l’expression du bateau qui transporte les véhicules a suivi. Il est important de le mentionner car, un leader, un vrai, ne se décrète pas, il se fait leader. Ce sont les autres qui désignent le leader.

Il est donc, tout naturellement, difficile d’entrevoir l’avenir du MRC avec à sa tête Maurice Kamto, qui plus, ne bénéficie conséquemment pas d’un avantage au vu son âge. Je lui propose de démissionner à la tête du MRC pour laisser le parti mieux se repositionner. S’il le fait, il écrira son nom en gras dans les livres d’histoire.

Précision importante :

Il est certain que les bamilékés vont prendre le pouvoir au Cameroun, autant que toutes les autres tribus peuvent l’envisager. Mais cela devrait se faire dans le respect de notre identité et de nos différences. Qui n’a pas la chair de poule lorsqu’il entend que le bassa, Ruben Um Nyobe et ses amis de l’UPC avaient choisi le fou fouldé comme langue nationale du Cameroun ?

César Tchoffo.

Auteur de Créer des fans politiques.


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