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Cameroun – Jeunesse : quand « Le fer de lance» se rouille

Jeunes Boisson
Image illustration (Droit réservé)

Jeunes Boisson

Alors que la célébration de la 49e fête nationale de la jeunesse vient de se refermer, avec pour thème « jeunesse et consolidation de la paix pour un Cameroun émergent », le  « fer de lance de la nation » semble n’avoir toujours pas pris conscience de la tâche ardue qui est la sienne de mener des activités de conscientisation quant à sa condition.

Alors que les autorités de la république ont choisi d’accoler à cette grande manifestation juvénile, le thème qu’il porte pour cette autre édition, les concernés ont plutôt d’autres occupations à défendre. Ces occupations qui cadrent peu ou pas du tout avec les aspirations d’une jeunesse consciente ; une jeunesse normale. En faisant un tour des villes et villages de notre pays pour vous renseigner de façon ironique sur le thème de la fête du 11 février 2014, vous retournerez malheureux, même les larmes aux yeux parce que vous vous serez rendus compte du degré incroyable d’ignorance de leur propre responsabilité dont sont victime les jeunes qui, pourtant, sont ceux sur qui reposent les espoirs de tout peuple. « On ne mange pas ça » entendrez-vous sortir de la bouche d’un étudiant – qui a tout réduit à la nourriture – à qui vous demanderez de savoir quelle est la symbolique de la fête de la jeunesse. « Je ne fais pas la politique » vous rétorquera un autre, ivre et abattu par les alcools si vous voulez obtenir de lui la quantième édition est en train d’être célébrée ; comme si la culture était synonyme de politique. N’allez même pas jusqu’à parler du thème, de peur de vous attaquer  « sans raison » aux enfants de mon pays qui sont plus aptes à vous aligner des « je l’a dit, je l’ai donné… » ; À vous dire l’information la plus récente de quelques séries brésiliennes ; à vous citer une vingtaine de stars hollywoodiennes ; à vous donner les noms d’une trentaine de rappeurs plutôt violents et à la moralité plutôt douteuse aux USA et partout ailleurs où ils existent. Les jeunes de mon pays sont plus et plus capables de s’exprimer quand il faut venter leurs exploits quant au nombre de casiers de 33export qu’ils sont capables de vider en une seule soirée. Ils peuvent rarement citer des auteurs d’ouvrages célèbres qui impactent sur l’histoire du monde en illuminant des hommes. Jamais ils ne parlent avec conviction de la situation sociopolitique du pays, jamais non plus des stratégies de sortie de sa propre situation infernale. « On va faire comment ? » est la phrase consolatrice que prononcent mes frères qui versent pieds et mains liés dans le tabagisme, l’alcoolisme, la mendicité, la prostitution, le vol, le viol, les meurtres divers, les agressions, l’escroquerie, les jeux de hasard et aujourd’hui l’homosexualité qui semble être une autre voie de facilité pour avoir accès à certaines fonctions. Des facilités, il y en a dans ce milieu d’être fragiles et dépourvus d’expérience, d’encadrement, de conseils comme on l’eut vu dans les familles africaines, au tour du feu. La dépravation des mœurs a aujourd’hui gagné du terrain au point où la raison humaine est devenue la chose du monde la moins partagée. N’essayez surtout pas de les rationnaliser, sous peine d’être en marge de l’«évolution du monde». La jeunesse est aussi prise au piège de la facilité qui lui est présentée comme la voix sine quoi non de sa réussite.

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Pendant ce temps, les politiques jouent le jeu et contrôlent ses principes. Ces principes d’abrutissement de ceux qui peuvent constituer une force du changement. Ces politiques qui veulent maintenir la main mise sur leurs acquis peu orthodoxes, dans l’optique de régner le plus longtemps possible sur un peuple inconscient et assujetti, qui ne peut avoir aucune connaissance de l’activité politique elle-même. Dans un contexte aussi problématique que le nôtre, la jeunesse reste-t-elle le socle d’une paix durable, garante d’une émergence quelconque ? Et si elle venait à prendre conscience de sa situation exacte, ne serait-elle pas plutôt une autre menace pour cette paix si chère aux autorités de notre pays ? Les politiques doivent donc arrêter la politique politicienne et s’intéresser à la formation civique, morale, scientifique et professionnelle de la jeunesse afin qu’elle contribue effectivement à l’émergence du Cameroun.

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© Romain Jiéjip NONO, étudiant à l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (ESSTIC)


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