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08 mars 2018 au Cameroun: Annie Payep Nlepe « L’AUTONOMISATION de la femme doit être l’objectif final vers lequel convergent toutes les luttes féminines en Afrique »

Annie Payep
Annie Payep

Journaliste sur la chaine de télévision VoxAfrica depuis 2009, Annie Payep Nlepe y a petit à petit  gravi des échelons. Son travail acharné et sa fidélité à la chaîne lui ont valu le poste de « Chef de Bureau Douala » qu’elle occupe  depuis 2015. Annie Payep, Madame Nlepe est également le visage des programmes télévisés « Actunet », « Elles Se Racontent », et « 52 Mag » sur la télévision panafricaine. A l’occasion de la journée internationale de la femme, qui se célèbre ce 8 mars 2018 pour la 33è fois, la rédaction de Lebledparle.com est allée à sa rencontre dans le cadre de la série intitulée ‘08 Mars 2018 au Cameroun’. #1

Annie Payep
Annie Payep

 Le thème de cette année est: « intensifier la lutte contre les discriminations à l’égard des femmes, renforcer le partenariat pour le développement durable »

Êtes-vous satisfaite de ce thème ?

Je ne pense pas qu’il est nécessaire de savoir si je suis satisfaite du thème ou pas. Les thèmes sont choisis par les instances qui en ont l’expertise et selon les objectifs qu’on vise. Que ce soit envers la femme ou envers toute autre entité de la société, il faut toujours lutter contre les discriminations. Parce qu’elles dont le lit de frustrations et d’injustices. De quoi affaiblir et fragilisée l’entité discriminée et la société entière.

Pouvez-vous affirmer qu’il existe une réelle égalité homme/femme dans les médias au Cameroun ?

Aujourd’hui on ne peut pas encore affirmer qu’il existe une Egalite homme/femme dans les medias au Cameroun. Des femmes rédactrices en chef par exemple  on en compte très peu. Des femmes chef de rubrique politique aussi. Elles sont dans la plupart des cas confinées aux seconds rôles ou encouragées à s’intéresser aux rubriques comme la santé, société ou encore culture. Je n’ai rien contre ces domaines mais ils ne sont pas considérés comme des domaines de prestige par exemple.  Elles opèrent rarement sur les primes en ce qui concerne la télévision. Pire à compétence égale et même parfois supérieure, elles sont sous payées par rapport à un homme.

Je ne peux dénoncer cela sans parler des femmes qui elles-mêmes sont souvent le 1er obstacle à un meilleur traitement. Beaucoup de femmes se limitent. Elles arrivent dans une rédaction se dirigent presque naturellement vers ces rubriques qui ne sont pas forcément prestigieuses. Elles se cachent derrière leur état de femme pour penser qu’elles ne peuvent pas faire certaines choses, signer certains papiers et pire encore être ambitieuse et viser toujours plus haut. Mais comme je le disais plus haut, est ce propre aux femmes de médias ces attitudes? Je ne pense pas. 

Pour approfondir :   08 Mars 2018 au Cameroun: Gladys SIDJE « Je ne suis pas une féministe, mais j'encourage les efforts fournis par les femmes »

Si non, que faut-il faire pour réduire les inégalités femmes-homme dans les médias au Cameroun ?

Faut déjà que les femmes aient confiance en elles et s’imposent par leur travail. Beaucoup sont aussi paresseuses et ne visent pas haut. Certaines ont peur de s’intéresser aux sujets compliqués. Quand vous arrivez dans une rédaction, les gens vous observent et la suite dépendra de votre attitude. Le monde évolue et change, les mentalités aussi. Donc une femme qui travaille dur fera rarement face aux commentaires désobligeants. S’il faut travailler deux fois plus pour se faire respecter, alors il faut redoubler d’effort mais surtout ne donner aucun prétexte aux collègues masculins de vous juger avec dédain. Le travail et la compétence imposent le respect même quand on affaire aux esprits les plus téméraires. Je dis toujours que plaisantant qu’une femme qui gravit les échelons dans une entreprise est souvent deux fois plus compétente qu’un homme au même poste. Pour la simple raison que les nombreux obstacles autour font qu’elle est obligée de travailler deux fois plus pour se faire une place.

Peut-on dire que vous êtes féministe ?

Le féminisme vu comme l’ensemble des actions pouvant permette d’atteindre l’égalité dans tous les aspects de la vie entre les femmes et les hommes oui. Mais sans extrémisme. Je ne suis pas pour une société ou l’homme devient la femme et vice versa.

Je suis pour la justice, le droit à l’éducation pour tous sans discrimination, l’équité salariale à compétence égale, le droit pour la femme d’avoir son mot à dire sur les décisions qui influenceront sa vie. Si après avoir dit cela, je suis qualifiée de féministe, il n y’a aucun souci. Je pense d’ailleurs que toute femme qui a eu la chance d’avoir accès à l’éducation doit pouvoir en tout temps rester sensible aux questions du genre. Il en va de l’avenir même de nos sociétés. Ça doit être un devoir moral que de militer que pour les femmes et les hommes aient les mêmes chances.

Je trouve par exemple choquant qu’un parent privilégie l’éducation chez le garçon au détriment de la fille. Cette perception qui veut que la fille soit éduquée uniquement pour être une bonne femme au foyer doit changer. Elle peut être une bonne femme au foyer tout en ayant accès à une éducation qui lui permette d’être autonome, de pouvoir satisfaire quelques-uns de ses besoins sans tout attendre des tiers. L’AUTONOMISATION de la femme pour moi dot être l’objectif final vers lequel convergent toutes les luttes féminines en Afrique. Tant que ce combat n’est pas gagné, ça va être difficile de sauvegarder la dignité des femmes dans leur intégralité. Beaucoup d’injustices naissent du fait que les femmes ne sont pas autonomes.

Pour approfondir :   08 Mars 2018 au Cameroun: Olga Tiyon « Il y’a des collaborateurs qui estiment qu’une femme ne devrait pas leur parler comme ci ou ça »

Qu’avez-vous prévu pour la commémoration de ce jour ?

Chaque  mars je me rappelle simplement à quel point on vient de loin tout en constatant aussi à quel point on a encore du chemin. J’assiste très souvent à quelques éléments thématiques organisés ça et là.

Comme à chaque édition de la JIF au Cameroun, un pagne est spécialement dédié à l’occasion. L’avez-vous déjà ? Sinon, pourquoi?

Je ne suis pas une fan du pagne du 8 mars et je ne juge d’ailleurs pas celles qui en raffolent. L’idée derrière ce pagne était peut être bonne je n’en sais rien, mais ce qu’on en a fait au fil des éditions m’a un peu confortée dans l’idée qu’on n’en a peut pas être pas tant besoin que ça. Surtout que c’est carrément devenu une autre source de problèmes dans des foyers avec de nombreuses femmes qui exigent de leur partenaire d’acheter un pagne avec lequel elles iront revendiquer le droit à plus l’équité et de justice. Je trouve cela paradoxal.

Propos recueillis par Paola NYOUNAI, Lebledparle.com

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