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Roger Tapa : « Si le coronavirus perdure, 50% des bars vont fermer »

bars vides

La pandémie de coronavirus impacte très négativement les débits de boisson et autres ventes à emporter. Les tenanciers, qui courent le risque de mettre la clé sous le paillasson, appellent les pouvoirs publics à la rescousse. Le président du Syndicat des exploi­tants de débits de boissons, Roger Tapa parle de l’impact de la pan­démie du coronavi­rus sur ce secteur d’activités et pro­pose des solutions de relance.


bars vides
Bars vides – capture photo

Comment se portent les débits de boisson depuis le début de la pandémie de coronavirus ?

Les débits de boissons se portent très mal. Malgré le fait que la lutte contre le coro­navirus soit vraiment indis­pensable pour la survie même de notre pays, il s’avère que ce secteur d’activité a été durement frappé. Imaginez-vous qu’à ce jour, les débits de boissons font 20% de leur chiffre d’affaire habituel. La raison est que les débits de boissons ont une forte clien­tèle en soirée. Or, depuis que la fermeture est homologuée à 18h, l’activité est presque à l’agonie.

Malgré ces difficultés, il faut quand même dire que les bars tiennent le coup et continuent d’exercer. Com­ment font-ils ?

Je n’ai pas dit que ce sec­teur va mourir. Si beaucoup résistent encore aujourd’hui, c’est parce qu’avant les me­sures de fermeture, l’activité marchait très bien. La plupart du temps, les débits de bois­sons ne vivent pas au jour le jour. La plus grosse charge dans cette activité c’est le loyer or certains paient le loyer pour 6 mois voire un an à l’avance. Cela fait seule­ment un mois que la maladie fait sa mue, donc, les tenan­ciers de débits de boisson ont encore quelques mois devant eux. Cependant, si la crise perdure, je peux vous dire qu’au moins 50% des bars vont fermer.

L’autre manque à gagner qui est peu visible c’est que les employés des bars sont ren­trés en chômage technique. Donc nous avons là de nom­breux emplois qui ont été per­dus. En dehors de ça, il ne faut pas aussi négliger les com­merces qui s’installent autour des débits de boissons tels que les rôtisseries et autres qui pourvoient de nombreux emplois. Toutes ces activités qui tiraient leur plus grande clientèle du fonctionnement des bars sont aujourd’hui en déroute.

Comment appréciez-vous l’implémentation des me­sures de riposte au niveau des débits de boisson ?

Globalement, les exploitants de débits de boissons res­pectent les mesures du gou­vernement. Cependant, je voudrais profiter de l’occa­sion pour lancer un cri de dé­tresse à l’endroit des pouvoirs publics. Je pense que lorsque le chef de l’Etat donne des instructions à travers le chef du gouvernement, il faut que ces instructions soient res­pectées non seulement par les citoyens camerounais, mais aussi et surtout par les autorités administratives. Au­jourd’hui on voit des préfets et sous-préfets qui veulent violer la décision de leur hiérarchie en voulant trans­former les débits de boissons en simples ventes à emporter. Non ! Ce n’est pas ce qui a été dit ; le gouvernement a dit que la fermeture se fait à 18 h et cela doit être respecté ainsi. On ne doit pas demander à un snack-bar de se transfor­mer en vente à emporter. Si ce dernier vendait la bière à 800 FCFA à cause de sa catégorie, à présent on lui demande de vendre au prix conseillé or il n’est pas dans cette catégorie. Les autorités administratives doivent s’abstenir d’outre­passer les mesures prises par le chef de l’Etat à travers le gouvernement.

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Que proposez-vous aux pouvoirs publics pour venir en aide à ce secteur d’acti­vité ?

Tout en reconnaissant la gra­vité de la situation, tout en considérant l’obligation pour l’Etat de sauver des vies, nous devons d’abord respecter les mesures qui ont été prescrites car elles sont vitales pour tous. En plus de les respecter, nous allons aider l’Etat à faci­liter l’implémentation de ces mesures. Je vous annonce que dans les prochains jours, nous allons engager des campagnes de sensibilisation dans les grandes villes du pays. Nous avons par ailleurs demandé à nos membres et militants de respecter scrupuleuse­ment les mesures édictées par le gouvernement parce que nous trouvons qu’elles sont salutaires. Toutefois, l’Etat a aussi besoin de ce secteur d’activités parce que nous générons de la richesse. A côté des mesures actuelle­ment en vigueur, nous pen­sons qu’il faut des mesures d’accompagnement lorsque cette pandémie sera terminée pour permettre la remontée de l’activité qui contribue pour beaucoup à l’économie de ce pays. De manière concrète, l’Etat peut reverser une partie des taxes perçues sur chaque bouteille vendue aux exploi­tants de débits de boissons ; cela va permettre à l’activité de se relancer. En procédant de cette manière, je crois que c’est une bouffée d’oxygène que l’Etat va apporter à ce secteur d’activités et surtout à l’économie camerounaise. Bien évidemment nous avons d’autres propositions et nous sommes prêts à en discuter avec les pouvoirs publics.

 


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