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Cameroun : Fidjil et CaroleTchameni livrent les secrets du métier de « Host »

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Fidjil et Carole Tchamenie deux jeunes Camerounais et acteurs majeurs du récent Douala Music Art Festival, qui s’est tenu du 28 novembre au 1er décembre 2019 à Bonamoussadi se sont prêtés au jeu de l’interview croisée que nous leur avons accordée pour nous parler du métier de « Host », de l’avènement de Universal Music Africa au Cameroun, non sans revenir sur leurs expériences professionnelles.

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Figil et Carole Tchameni (c) lebledparle.com

Lebledparle.com vous propose dans son intégralité, l’interview croisée de Carole Tchameni et Fidjil

Fidjil et Carole on vous a vu très complices et très proches lors du dernier Douala Music Art Festival, est-ce une simple coïncidence ? Quel genre de relation avez-vous ?

Fidjil : Rires ! Déjà merci pour l’intérêt que vous nous portez tous les deux. Alors non ce n’est pas une coïncidence, Carole et moi c’est une longue histoire d’amour d’amitié et de fraternité qui existe depuis plusieurs annés aujourd’hui. On se côtoie professionnellement que nous avons développé des automatismes et une alchimie sans pareil voilà pourquoi sur scène comme à la radio ou TV on se comprend à demi mot. Donc voilà Carole Tchamenie c’est “Ma personne Très personnellement personnelle”

Carole Tchamenie : Fidjl et moi nos relations sont au-delà d’une simple relation professionnelle, ou même amicale, c’est carrément un frère d’une autre mère pour moi aujourd’hui donc que les filles n’ayez aucune crainte…

Comment avez-vous fait pour vous retrouver dans le métier de Host ? Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?

Fidjil : Alors Carole et moi en 2006, je suis son coach formateur à RTL à l’époque pour Adomoov une émission de jeunesses diffusée à l’époque sur cette même chaîne… Puis le feeling s’est fait sans effort, on a bosser sur pas mal de projets mais on a surtout fait des scènes entre le hip-hop talents search, le dhf et certainement d’autres scènes que j’oublie. On s’est toujours mutuellement motivé et soutenu dans les bons comme dans les mauvais moment. Pour la petite anecdote c’est Carole Tchameni qui m’a motivé à faire la TV en m’encourageant à m’inscrire à l’émission de détection de talents « In2street » autrefois diffusée sur canal 2 international… Bref on a et on partage beaucoup de choses en commun…

Carole Tchameni : Alors faut dire que c’est juste après la fin de mon stage à Nostalgie en 2010 que Carla Nguea me présente à Toko et Ach4life dans le but de faire partir du comité d’organisation du Douala Hip Hop festival. C’est donc cette année que pour la première fois je m’essaye en tant que host… Ce n’était pas trop ça selon moi mais les retours étaient tellement encourageants que je ne me suis plus arrêtée. Je donnais toujours tout pour satisfaire de mieux en mieux le public… Du moins c’est mon souhait à chaque fois que je prends le micro. Pour revenir au parcours disons qu’en plus d’être host, de plusieurs autres évents,( jeux universitaires en 2014, fête de la musique et plusieurs autres concerts avec MTN, hip hop talent search, Urban ladies, concert Maahlox au Paposy, concert Arafat avec Ballantines… (j’en oublie d’autres certainement) j’ai fait avant tout ça des stages à RTM (meilleure animatrice concours ado mouv en 2008) et NOSTALGIE, j’ai également été Co présentatrice de Jason Black dans ses émissions radiophonique et télévisée soit Autoroute 494 et DÉCALAGE sur Sweet FM et canal 2… J’ai été animatrice de plusieurs programmes chez BALAFON pendant mon séjour de ce côté avant de m’envoler pour ABK où j’officiais comme présentatrice principale de l’émission BOULEVARD… Depuis plus d’un an je suis en freelance et travaille sur plusieurs projets indépendants et personnels.

Comment avez-vous trouvé cette édition du Douala Music Art Festival autrefois Douala Hip Hop Festival ?

Fidjil : Cette édition, moi je l’ai trouvé dure comme les précédentes éditions vous savez c’est un festival qui n’a que le soutien des bénévoles, des kiffeurs, admirateurs et passionnés. Mais bon comme à chaque fois j’ai pris mon pied et me suis donné à fond comme d’habitude. Cette année c’était particulier puisque ce n’était plus que du hip-hop et de la musique urbaine, on a presque survolé d’autres tendances musicales donc fallait s’ouvrir d’esprit et donner le max. Y’a eu beaucoup d’innovations, y’a eu des artistes d’ici et d’ailleurs, Jovi qui a a pris ce festival comme le sien avec la force et l’énergie… Bref on a bien célébrer l’art dans son ensemble en attendant l’année prochaine qui va marqué les 10 ans du festival. On y sera fort!

Carole Tchameni : Beaucoup d’émotions. Entre le changement du site et la période, on avait peur que le public ne suive pas faut avouer… mais heureusement il a répondu vraiment présent et de tout cœur on lui dit MERCI…j’ai personnellement kiffé cette édition de la première à la dernière seconde…peut être même plus que le public. Je profite de cette occasion pour tirer un coup de chapeau à toute cette belle équipe qui y croit fort et qui se donne corps et âme pour que le DOMAF soit compté parmi les meilleurs festivals d’AFRIQUE et du monde oui oui ! Fidjil, moi et les autres hosts nous sommes peut-être au-devant de la scène mais il y’a des hommes de l’ombre… Si je cite j’en oublierais certains et ça peut créer des frustrations inutiles mais les soldats de la première heure de ces mouvements ils sont connus… ils sont visibles. Un gros big-up particulier à notre commandant de bord Didier Toko qui est celui qui nous donne le souffle à tous d’offrir encore et encore du notre, en mettant parfois sa propre vie personnelle entre parenthèses… Des fois je le regarde et je vous assure je me demande où il tire toute cette force… il mérite d’être soutenu. Cet homme est un lion, un vrai passionné…un jour j’espère que ce sera de son vivant, la nation lui rendra un vibrant hommage… Jusqu’ici certains font semblant de ne pas voir ce qu’il fait, de ne pas le comprendre mais au fond d’eux ils savent tous que c’est un visionnaire… Bref le temps et rien que le temps… comme les 9 autres éditions même si je n’en ai présenté que 8 nous serons toujours là… Que DIEU nous donne longue vie

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Comment l’avez-vous vécue en tant que Host cette année ? Combien d’éditions de ce festival avez-vous couvert en tant que Host ?

Fidjil : Déjà en tant que Host pour moi il était question de préparer la relève car je pense que de la manière dont on nous a donné l’opportunité plus jeune, il était question pour nous de le faire pour la nouvelle génération. Voilà pourquoi on a mis en lumière des jeunes premiers comme Sylvestre Franck, Serge Raoul, Armand Nana et celle qui suit les pas de Carole la jeune Christine. Aussi le but était de collaborer avec d’autres Host comme Morgan Barres du Gabon, important parce que moi aussi quand je suis au Congo on me donne l’opportunité de m’exprimer sur scène. Donc moi en tant que Host j’ai pris mon pied et appris des autres comme d’habitude. C’était genial Encore que c’est depuis 2015 que je présente ce festival.

Dans un pays comme le Cameroun est-il facile de vivre de ce métier ? Pouvez-vous le conseiller aux plus jeunes que vous qui aspirent à la même carrière ?            

Fidjil : C’est le plus beau métier, je ne regrette pas de le faire, c’est très passionnant Dieu seul sait ce que qu’un host peut ressentir sur scène devant des milliers de personnes. Maintenant vivre de ce métier c’est possible sauf qu’au Cameroun les événements sont pas très courant durant l’année, si oui en fin d’années et donc attendre cette période t’es obligé de faire autres choses… C’est un métier qui est passionnant mais le conseiller à un jeune oui tout en lui disant de bien se vendre mais surtout d’être super patient, persévérant et être très passionné car cette passion sera son carburant quand il sera buté aux obstacles car dans ce métier ça existe mais alors à foison. Faut beaucoup se cultiver, soigner son image, avoir une bonne discipline de vie, être humble et beaucoup prier… Ça aide!

Carole Tchameni : Mince je savais pas que je faisais partir déjà des vieux de ce métier hein, mais pour être plus sérieux je vais être franche avec vous : faut être un ou une Warrior pour arriver au sommet. Personnellement je suis encore sur le chemin et il est encore super long… pour les hommes ils feront face à certains coups bas, impostures, malhonnêteté de certains mais quand t’es une femme, pire quand tu as un tout petit peu un  jolie minois, tu vas t’en prendre bien la gueule… entre les propositions indécentes et tous les autres problèmes que rencontrent les hosts masculins, si tu n’as pas de principes solides, et un caractère bien forgé tu te retrouveras dans tous les lits parce qu’on te promettra la lune, pour au final être la risée de tous… Certains organisateurs de spectacle font très bien leur travail mais ils y’en a parmi qui sont très véreux. La plupart du temps le cachet qu’on te propose est totalement différent de celui qu’il a négocier avec le prestataire parfois divisé même par 3. Et après pour que tu rentres en possession de ton dû c’est tout une autre guerre. Quand tu lui parles de contrat il trouve que tu en fais trop. C’est un métier qui malheureusement n’est pas reconnu à sa juste valeur. On est sur la route certes, mais il faudrait que les organisateurs de spectacle comprennent qu’un HOST est un Artiste. C’est sur lui que repose tout l’événement. Si le choix du host n’est pas bien recadré, ça peut impacter négativement à 80% sur le rendu du spectacle. Parce-que si le host n’est pas assez professionnel pour couvrir tout le monde, n’est pas assez professionnel pour improviser quand il y’a un problème en back office entre autre, de manière à ce que le public ne s’en rende pas compte, c’est l’évènement ou le spectacle qui en pâti. À cet effet, les cachets devraient être revus à la hausse et considérablement car je n’ai jamais trouvé normal qu’un host soit payé 4 fois moins qu’un musicien qui vient jouer 15 à 20 mn… pourtant le host fait du spectacle toute la soirée… Pour chuter oui on vit de ça parce qu’il y a plusieurs offres mais on aimerait bâtir nos vies grâce à cette passion… Pour ceux qui veulent se lancer il y’a de la place pour tout le monde… faut juste s’armer de passion, de patience et de courage. Travailler dure, très dure…être focus… si t’es chrétien, prie et tu y arrivera       

Quelle est pour vous le meilleur souvenir de votre vie en tant que Host?

Fidjil :  Mon meilleur souvenir malheureusement n’est pas au pays dommage ! Les deux concerts que j’ai présenté au Congo ont été mémorables… Vous débarquez dans un pays où on ne vous connaît ni d’Adam ni d’Ève mais vous parvenez à vous imposer et qu’on finisse par vous adopter… C’est mais alors énorme ! J’ai écrasé des larmes sur scène et. c’est à partir de là que j’ai pris la décision de faire ce métier, mais je me suis aussi rendu compte qu’on n’est pas prophète chez soi, ce qui est bien dommage mais bon on garde le cap.

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Carole Tchameni : Meilleur souvenir en tant que Host, j’en ai plusieurs, mais l’un des meilleurs c’était pendant les jeux universitaires… ma première fois devant un public aussi important. J’avais tellement la frousse et celui qui m’accompagnait était déjà un habitué donc on n’avait pas les mêmes problèmes enfaite… Au moment d’ouvrir la scène, il est monté et a commencé sans moi. Alors il fallait que je trouve la faille pour entrer dans son allocution et m’imposer quoi ! J’attends quelques 2 minutes et paf ! je monte sur scène le cœur qui bat milles à la seconde… je me vois sur les écrans Led c’était tellement subit qu’au lieu de dire bonsoir j’ai dit bonjour et au moment de dire « est ce que ça va ? » c’est tout sauf cette phrase qui est sorti de ma bouche et là autodérision, je me suis mise à rire de moi-même devant une foule pas possible… et comme par miracle j’ai entrainé le public dans mon délire. Toute suite j’ai improvisé un jeu pour le chauffer…au bout de quelques minutes le public était tellement à fond que ça m’a redonné confiance et c’est comme ça que j’ai pu reprendre la main au point où ça avait un peu énervé le Co présentateur… Mais la suite a été magique …pendant près d’une semaine on a vécu des moments tellement intenses…après ça j’ai appris à apprivoiser mon public

Nous savons que cette question est spéciale pour Fidjil. Que pensez-vous de l’avènement des grosses Majors comme Universal Music Africa au Cameroun qui compte aujourd’hui plusieurs artistes Camerounais dans leur écurie ? Bonne ou mauvaise chose ?    

Fidjil : Bof ! Cette affaire de majors qui débarquent au Cameroun… Bonne et mauvaise à la fois. Bonne parce que leur avènement nous montre malheureusement nos limites, faut avouer que nous avons encore pour beaucoup incultes du bizz de la musique et je pense que ces majors apportent leurs expertise. Mais l’intention derrière, la méthode adoptée n’est pas bonne du tout! C’est beaucoup plus de l’exploitation que tout autres choses… Dommage! C’est aussi un peu notre faute parce que la nature ayant horreur du vide, ce vide a permis qu’ils s’installent et qu’ils fasse du Cameroun leur terrain de jeu. Mais je puis vous dire qu’ils savent que les mieux éclairés ne sont pas facile à convaincre et à vaincre. Bref ouvrons l’œil cultivons nous, documentons nous si nous voulons contrôler nôtre industrie, parce que nous sommes en guerre culturelle.

Carole Tchameni : L’arrivée des Majors au Cameroun n’est pas nécessairement une mauvaise chose de prime à bord… C’est l’exécution de leurs plans qui est une norme pour eux c’est vrai, qui n’est juste pas très cohérente dans l’environnement dans lequel nous sommes… Nous sommes pays où il y’a beaucoup de choses à développer surtout sur le plan culturel alors si le but de ces majors est de s’enrichir encore plus grâce à nos talents sans que nous c’est à dire les dits talents et les autres acteurs de l’industrie n’en bénéficions d’une manière ou d’une autre, il y’aura toujours ce conflit d’intérêt. Je suis pourtant convaincue qu’autour d’un bon dialogue, nous pouvons trouver un consensus. À défaut de cela, le protectionnisme culturel comme l’a fait les autre pays voisins (Nigéria, Congo…), est notre ultime solution… Développons d’abord et après on tombe d’accord sur les conditions de vente avant d’ouvrir les frontières… So simple.

Seriez-vous d’accord d’y signer en tant que Host ?            

Fidjil : Signer c’est à dire ? Du genre à être leur Host officiel ? À cette question je répond NON! Par contre s’ils me sollicitent pour une prestation, mais surtout s’ils paient bien pourquoi pas? J’ai pas de prolème.

Carole Tchameni : C’est une possibilité qui dépendra de beaucoup de paramètres vu que j’ai déjà travaillé avec son représentant au Cameroun sur un évènement…Tant que je n’ai pas le sentiment d’être abusée, ou de faire des choses qui sortent de ma vision, mes principes et mes valeurs je suis toujours prête à bosser.

Le métier que vous exercez est-il considéré à sa juste valeur au Cameroun ?     

Fidjil : A sa juste valeur non ! Et c’est nous le problème pour te dire.Malheureusement beaucoup parmi nous ont encore faim du coup c’est compliqué de refuser certains cachets, mais je comprend nous n’avons pas les même problèmes et c’est bien dommage. Pour moi et Carole Venez si vous avez des sous sinon applez d’autres Host … Si vous me voyez sur scène sachez que j’ai été bien payé voilà pourquoi sur scène je me défoule !

Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?

Fidjil : Que du meilleur frère ! Surtout la santé, les opportunités aussi parce que nous savons les saisir Carole et moi.

Carole Tchameni : D’être en vie et en santé tout d’abord, puis de réaliser mes projets personnels afin de donner de la voix et de la force à ceux qui en n’ont encore plus besoin…ce pays est merveilleux mais il faut qu’on donne la chance à chacun de s’exprimer…

Qui paye l’addition cette fois Lebledparle.com ou Fidjil et Carole ?

Carole Tchameni : Même quand on est indépendant woman on se sent toujours flattée quand un homme prend soin de nous… Donc les gars payez l’addition. Merci Le Bled Parle

Fidjil : Mrd ! allez! Je paie la note t’inquiète ! Et merci encore à vous pour l’intérêt merci à vos lecteurs aussi ! Très bonne année à tous et à chacun. Peace!


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