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Zambie: un président blanc pour trois mois

Guy Scoot
Guy Scott, 70 ans, assurera un intérim de trois mois, le temps d'organiser des élections anticipées. PHOTO CHIBALA ZULU, AFP

Guy Scoot

En 2012, l’ex-président américain George W. Bush s’étonna quand, de passage en Zambie pour une campagne contre les cancers féminins soutenus par de grands laboratoires, il fut présenté au vice-président Guy Scott… un homme aussi blanc que lui.

«Il pensait que c’était une blague», s’est souvenu par la suite M. Scott, devenu mercredi chef de l’État par intérim après le décès du président Michael Sata, dont il était le bras droit depuis l’élection de 2011 et dont il partageait la truculence.

M. Scott, 70 ans, assurera un intérim de trois mois, le temps d’organiser des élections anticipées. Mais il ne pourra pas se présenter selon la Constitution, rédigée en 1996 de sorte à empêcher le retour aux commandes du vieux Kenneth Kaunda, chantre du régime de parti unique et au pouvoir des années 1970 à 1990.

La Loi fondamentale impose d’être non seulement zambien, mais aussi né de parents zambiens pour être éligible à la fonction suprême, un critère que M. Kaunda, issu d’un couple du Malawi, ne remplissait pas.

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M. Scott, vice-président du Front patriotique fondé en 2001 par Michael Sata, est lui-même né d’une mère britannique et d’un père médecin écossais, établis en Zambie à l’époque coloniale britannique avant de soutenir la lutte pour l’indépendance du pays, alors appelé la Rhodésie du Nord.

Né à Livingstone (sud) le 1er juin 1944, Guy Scott s’est formé en Zambie, au Zimbabwe puis en Grande-Bretagne où il fut diplômé en économie et en mathématiques, avant d’enseigner la robotique à Oxford. Il a un doctorat en sciences cognitives.

Les Zambiens descendants comme lui de familles européennes forment moins de 1 % de la population.

Détonnant par sa couleur de peau parmi les dirigeants africains – certains le considèrent, dit-il, comme «une sorte de mascotte, un gentil génie de la politique africaine» – il s’est fait aussi remarquer par ses formules peu diplomatiques.

L’an dernier, il avait traité les Sud-Africains d’«arriérés», dans une interview au Guardian, déclarant sans ambages: «Je déteste les Sud-Africains. Je n’aime pas l’Afrique du Sud pour les mêmes raisons, je pense, que les Latino-Américains n’aiment pas les États-Unis: trop grands et trop peu subtils».

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Au même journal londonien, M. Scott a aussi raconté que feu le président Sata lui avait un jour demandé «ce qu’il aurait fait s’il n’était pas Blanc». «J’ai répondu « président » et ça lui a cloué le bec», selon M. Scott.

Durant la maladie de M. Sata, mort à 77 ans, il n’a en revanche pas cessé de pratiquer la langue de bois, avec une loyauté infaillible. Il y a encore deux semaines, il prétendait que toutes les spéculations sur la santé du président étaient «malintentionnées». 


 

 


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