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Le président Zambien alias le « Roi Cobra » est mort

Michel SATA
Michael Sata, en 2006. | AFP/MACKSON WASAMUNU

Michel SATA

Le « Roi Cobra » est mort, et en Zambie, nul ne sait quel sera son héritage.

Les générations entières de responsables politiques zambiens auxquels il avait longtemps inspiré une frousse certaine, avant de les amuser, puis de les embarrasser, doivent à présent, s’inquiéter de la mort, mardi 28 octobre, de leur président, Michael Sata.

Plus connu pendant sa longue carrière politique sous le surnom de « King Cobra », qui déjà, avait valeur de programme, celui-ci laisse derrière lui le champ libre pour une petite guerre fratricide de succession.

ANCIEN PORTEUR DE BAGAGES

Cela faisait des mois que laa disparition de Michael Sata, pourtant, était considérée comme imminente. Mais « King Cobra » n’était plus lui-même. Alors que Michael Sata, dans les allées du pouvoir, ou d’un passage de dix ans dans l’opposition, avait toujours semblé sur le point de brutaliser ses adversaires comme ses alliés, et faisait figure de grand tribun populiste, voilà qu’à peine élu, en 2011, après trois tentatives infructueuses, il avait commencé à se faire discret, avant de disparaître tout à fait, en raison d’une maladie sur laquelle rien ne filtrait.

Ce silence, déjà, était une forme de fin pour cet ancien agent de police, devenu porteur de bagages à la Victoria Station de Londres, en pleine période coloniale, avant de se transformer en syndicaliste de talent dans les chemins de fer. A l’indépendance, il avait gravi tous les échelons politiques grâce à son aptitude àfaire régner l’ordre dans le parti – à sa façon, certes, plus chaussettes à clous que diplomate –, auprès du père de l’indépendance, Kenneth Kaunda, puis de son successeur, Frederick Chiluba.

Mais Michal Sata ne bousculait pas seulement ses adversaires politiques. En 2001, furieux de ne pas avoir été choisi par le parti au pouvoir pour la présidentielle, « King Cobra » avait créé son propre parti d’opposition, et développé un discours anti-chinois qui tranchait avec le ton général des dirigeants africains. Non content de dénoncer les « exploiteurs », il célébrait au passage l’existence de Taïwan et celle de Hongkong, qu’il qualifiait de  « pays ».

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DISCOURS ANTI-PATRONS ET ANTI-CHINOIS

En 2006, l’ambassadeur de Chine en Zambie avait du reste agité la menace d’une rupture diplomatique de son pays avec la Zambie dans le cas où « King Cobra » serait élu. Il ne l’avait pas été, et avait remballé ses menaces de faire expulser aussi bien les entrepreneurs chinois qu’indiens ou libanais ne respectant pas les droits des Zambiens.


Des abus dans le secteur des mines avaient été à l’origine, déjà, de violences contre des patrons. Dans le pays producteur de cuivre, Michael Sata avait alors retrouvé toute la verve de ses années de syndicalistes. Une fois au pouvoir, ces discours avaient disparu comme par enchantement. Non seulement la Chine n’avait pas rompu ses relations diplomatiques, mais des compagnies minières avaient annoncé leur souhait d’investir près de 3 milliards de dollars (2.3 milliards d’euros) dans les mines zambiennes.

Une fois président, Michael Sata semblait n’avoir conservé d’amitié que pour Robert Mugabe, dont il célébrait le « combat anti impérialiste », alors qu’il se brouillait consciencieusement avec la plupart de ses voisins. Il en fallait peu pourexciter sa verve, quand il était encore lui-même, comme avait pu le découvrir l’ex-président Georges Bush (impliqué dans des actions caritatives en Zambie), arrivé en retard à un dîner avec Michael Sata, qui lui avait vertement reproché cette désinvolture en l’appelant « mon petit gars » (« young man ») et le traitant d’« ancien colon ».

 Tout cela, c’était le style Sata, à mille lieues de la diplomatie la plus élémentaire ou des conventions en général, dont il faisait peu de cas. Parmi d’autres particularités, il avait choisi un vieil ami, Guy Scott, comme vice-président. Il se trouve que ce dernier est blanc, ce qui avait tout de suite fait courir un frisson dans tout le continent : en cas de décès du chef de l’Etat (on le savait malade, puisqu’il disparaissait beaucoup trop à l’étranger), la Zambie allait-elle se retrouver avec un président blanc ? Dans les faits, la Constitution zambienne l’exclut, dans la mesure où ses parents ne sont pas nés sur le territoire national (même à l’époque coloniale), mais ont émigré depuis la Grande-Bretagne dans les années 1920. Mais en attendant l’élection, l’homme a été désigné président par interim. Et le scrutin promet déjà une bataille sans pitié entre les successeurs du « King ».

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