in

Achille Djoumsie : «Bien organisée, l’industrie musicale sera l’un des fleurons de l’économie du pays »

SEB 0367 scaled

Nous pouvons observer son travail sur tous les artistes qui ont été et qui sont signés sous le label Ach4life depuis des années.


SEB 0367
Achille Djoumsie (c) Droits réservés

Très souvent cité à la fin comme au début de certains titres populaires de la musique urbaine camerounaise, le nom de son label Ach4life est aujourd’hui une véritable référence de l’industrie musicale au Cameroun. Achille Djoumsie est producteur camerounais qui est très investit dans l’essort de la musique camerounaise. C’est avec joie que l’actuel producteur et manager de l’artiste Mink’s s’est livré à l’interview soumit par notre rédaction. Il a accepté de revenir avec nous sur son parcours, ses perspectives d’avenir pour l’industrie camerounaise et sur les raisons de sa collaboration avec la major Universal Music Africa. Interview

Qui est Ach4life ? Et quel est son vrai nom ?

Ach4life de son vrai nom ACHILLE DJOUMSIE est un Camerounais passionné de musique urbaine.

Propriétaire du label ACH4LIFE, il a travaillé sur plusieurs projets culturels d’envergure au Cameroun et dans la sous-région Afrique Francophone et géré la carrière de plusieurs artistes dont les plus célèbres sont DUC-et MINK’S.

Vous êtes certainement un mystère pour plusieurs mélomanes qui écoutent votre nom dans certaines chansons, alors pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?

Je fais mes premiers pas à Yaoundé comme rappeur au début des années 90 au sein du groupe mythique UMAR CVM fondé avec des amis comme LALCKO, RACINE et DJ BILICK. Quelques années plus tard, à travers le label ACH4LIFE créé à Douala en 2007,  je me lance dans la détection de nouveaux talents, l’organisation des concerts, la production et le management de nombreux artistes.

Je mets sur pieds des projets tels que LES CONCERTS MENSUELS URBANIZ, le CAMEROUN HIP HOP TALENT SEARCH, URBAN LADIES, DOUALA URBAN SHOW en partenariat avec l’INSTITUT FRANÇAIS DE DOUALA, le Douala Hip Hop festival devenu DOMAF avec d’autres activistes culturels… qui ont beaucoup apporté à l’essor des musiques urbaines comme nous observons aujourd’hui.

Quel est votre regard sur l’état de la musique camerounaise aujourd’hui sachant que votre label est très impliqué dans le développement de l’industrie à travers événements comme le Urban Ladies ou encore le Hip Hop Talent Search ?   

Vous faites bien de citer ces 2 projets car ils ont été mis sur pied pour préparer une vraie industrie culturelle au Cameroun. Artistiquement les artistes ont joué leur partition, les promoteurs, communicateurs, techniciens son et image mais c’est très insuffisant pour que l’on puisse parler d’industrie musicale au Cameroun. Nous avons décidé de nous constituer en syndicat dans le SYNAMURCA avec comme Président KROTAL au sein duquel je suis l’un des vice-présidents.

A travers ce syndicat, nous unissons nos forces pour que l’Etat du Cameroun puisse jouer son rôle. Tant que le secteur n’est pas organisé, le statut de l’artiste n’est pas reconnu, les organismes de gestions collectives ne fonctionnent pas, les multinationales exploitent le produit culturel au rabais en faisant la part belle à ce qui vient d’ailleurs, nous ne pourrons pas parler d’industrie musicale au Cameroun.

Pour approfondir :   Cameroun : Stéphane Bahoken rêve de jouer sa première CAN avec les Lions indomptables

Vous êtes aujourd’hui producteur de trois artistes dont le plus connu est sans aucun doute l’auteur du titre ‘’Le Gar Là Est Laid’’ nommé Mink’s, pourquoi vos autres artistes peinent t’ils à décoller compte tenu de votre notoriété sur le plan de la production et du management au Cameroun ?

Le développement artistique n’est pas une science exacte. Chacun nait avec son étoile et chaque étoile a son heure pour briller. Certains ont la chance que le succès vienne tout de suite mais pour d’autres, il faut du temps, c’est aussi un concours de patience malgré la notoriété du manager. Malgré la notoriété, il faut continuer à faire du bon travail, à charbonner car comme on dit « la vraie magie c’est le travail ».

Dans un pays comme le Cameroun est-il facile de vivre de la production des œuvres musicales ? Pouvez-vous conseiller le métier que vous avez choisi à d’autres ?        

Comme je l’ai dit plus haut, bien que passionnant, ce secteur ne présente aucune garantie au Cameroun. Il est facile de constater le manque de producteurs. Bien organisé, l’industrie musicale sera l’un des fleurons de l’économie du pays. On en vit mais ce n’est pas du tout facile. Il faut bien maitriser la chaine avant de s’y lancer.

FB IMG 1582932795307
Ach4life et Mink’s à Paris(c)Droits Reservés              

Certains jeunes artistes aimeraient faire partir de votre écurie mais ne savent pas comment s’y prendre, sur quels critères vous reposez vous lorsque vous signez un artiste en production ou en management ? Ont-ils été les mêmes pour Mink’s, Duc-z et les autres ?

Chaque année, nous organisons un programme de détection de nouveaux talents qui nous permet de recruter facilement mais en général, la prestation scénique est l’un de mes critères phares pour recruter un artiste. A défaut d’organiser le programme de détection, j’assiste très régulièrement aux spectacles pour repérer des talents. Je ne signe pas juste parce que tu as une belle voix, j’attends de te voir sur scène, l’énergie ou l’émotion que tu dégages face à un public, avant de me décider.

Il est facile de constater que Duc-Z, Mink’s, Nelly Moukoko, Ted X, Lily Toki sont de bêtes de scène.

Quelle est votre avis sur l’avènement de la Major Universal Music Africa au Cameroun, surtout lorsqu’on sait que  de votre artiste Mink’s fait désormais parti de cette écurie depuis la Joint-venture signée par le label Empire Compagny et la dite Major ?      

La ruée des majors sur le continent est une très bonne chose pour le développement de nos industries locales mais malheureusement nos industries ne sont pas prêtes pour un deal équitable car le secteur n’est pas organisé. 

Pour approfondir :   Martin Camus Mimb : « Onana doit revenir dans cette équipe, pas parce que Epassy est mauvais »

Nous avons choisi cette forme de collaboration avec la major UNIVERSAL MUSIC AFRICA car ils nous laissent la possibilité de garder le contrôle sur nos productions et apportent des budgets conséquents pour promouvoir nos œuvres dans un territoire plus large.

Pour le moment ils prennent le temps de bien s’installer, apprendre le terrain, connaitre nos spécificités et je pense que bientôt les choses vont se mettre en place.

La chanteuse béninoise Angélique Kidjo a gagné le 26 janvier son 4eme Grammy Awards dans la catégorie ‘’Meilleur album International’’ et celle-ci a dédié son trophée au chanteur nigérian Burna Boy. Quel est votre avis par rapport cette marque de considération de la chanteuse?  Pensez-vous que la musique camerounaise atteindra ce niveau ?   

Angelique Kidjo est un monument mondial de la musique et il faut noter qu’elle n’est pas à son premier Grammy Awards. Pour ma part, Elle le dédie à Burna Boy pour attirer l’attention sur les artistes du continent Africain. Une façon de leur dire « ok chaque année je gagne mais prenez la peine d’écouter mes jeunes frères africains, je ne suis pas la seule ». Son geste est louable et je tiens à l’en féliciter. C’est ça la grandeur.

Bien évidemment, nous sommes sur la bonne voie. Partant du Cameroun, nous avons eu un MTV AFRICA Music Award, un Disque d’or SACEM, plusieurs AFRIMA et le travail continu.

Le label Ach4life comptera t’il bientôt de nouveaux artistes dans ses rangs ? Si oui, des indices ?

Pour le moment nous préférons nous concentrer sur la carrière des artistes déjà dans le label et de veiller à la transition de Mink’s sur la scène internationale. Tout cela demande beaucoup de moyens financiers, intellectuels et surtout de temps. J’avoue que je reçois de nombreuses maquettes tous les jours et je suis vraiment tenté d’en signer quelques artistes car le talent déborde !!!

Quelles sont vos objectifs à long terme pour l’industrie musicale camerounaise ?

Réussir à travers le SYNAMURCA à obtenir de l’Etat un véritable statut de l’artiste au Cameroun avec les lois et textes d’application qui vont avec afin de bien organiser le métier, mettre sur pied une industrie de la musique et garantir les droits et redevances à chaque créateur et exploitant d’œuvres musicales.

© Entretien avec Wata Romaric


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ELECAM CAMER

Résultats des législatives 2020 : Les huit partis politiques admis à l’Assemblée nationale et le nombre de députés respectifs

Marche300715750

Alerte-Santé : Du poisson formolé en circulation dans le marché camerounais (vidéo)