LMZ, Lebledparle.com
L’auteur du roman « Maman a un amant » a adressé une tribune au vitriol à l’endroit des élites du continent qui accumulent indécemment des richesses et laissent croupir leurs populations dans la misère. Calixthe Beyala a dressé ce constat dans un texte parvenu à la rédaction de Lebledparle.com le 5 juillet 2021.
De l’accumulation des richesses : une folie africaine !
On est consterné de constater que nos élites africaines en charge de la gestion de la chose publique s’enrichissent au-delà du raisonnable et au détriment de la population. Ainsi sous nos latitudes, un haut commis d’État peut à lui seul posséder 50 maisons et autant de titres fonciers ; 80 véhicules haut de gamme ; 300 montres de luxe et autant de costumes des plus grands couturiers. Il nous est dit que certains garderaient des sommes folles dans leur résidence, que cet argent parfois se recouvre de moisissure tant il n’est pas utilisé. Je ne parle point ici de leurs comptes en banque éparpillés dans les paradis fiscaux à travers le globe !
Pour le reste, ils ont des prêtes noms qui construisent leurs hôtels, leurs cabarets, leurs sociétés d’import-export…
… Oui tout ceci dans une seule petite main, celle d’un individu dont l’espérance de vie est de 47 ans et qui excédera difficilement les 100 ans.
Et ils gardent tout pour eux seuls, sans ciller tandis que le peuple se meurt peu à peu de faim ; et il garde tout ceci collé contre leur poitrine alors qu’une simple nivaquine sauverait cet enfant qui la-bas se meurt. Et ils sont là assis sur toutes ces richesses alors que le monde autour d’eux s’effondre.
Ma question est : de quoi donc ont -ils peur ? De manquer ? N’ont il point conscience de la brièveté de l’existence, de son non sens, de cet aspect illusoire de la vie ? N’ont-ils aucune humanité ? Qu’est-ce qui explique cette folie qui fait qu’ils soient aveugles à tout ce qui n’est pas leur propre désir ?
L’Afrique s’en sortira quand son élite aura la conscience de l’autre, sera altruiste et généreuse. L’Afrique s’en sortira oui, quand son élite saura qu’un jour, nous partons tous à six pieds sous terre, laissant au monde toutes ses richesses que nous croyions nous appartenir.
