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Face au coup d’Etat scientifique, voyage dans la tête de Paul Biya

Jean François Denwo, le Directeur de publication du quotidien Le Messager laisse apparaitre ce qu’il considère comme la carte de Paul Biya devant le coup d’Etat scientifique quasi inévitable.

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Lebledparle.com partage avec vous cette tribune en intégralité.  « A quelques jours de la célébration de la fête nationale de l’Unité, le chef de l’État dont le système de gouvernement est motivé par le silence et la distanciation, doit pouvoir faire face aux manœuvres d’affaiblissement de son pouvoir orchestré par son propre camp et dont les réseaux sociaux s’abreuvent au quotidien. Mais alors, que peut-il avoir dans la tête du président de la République ?

La République des fakes! L’actualité du système gouvernant au Cameroun ces derniers mois tourne autour des ragots dont les réseaux sociaux s’abreuvent. Entre la tonitruante affaire Savannah Energy et les révélations sur la gestion des fonds Covid et les montants somptuaires alloués pour l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (Can) de football en janvier 2022, l’opinion qui a soif d’explications, reste sur sa faim, notamment sur la capacité de Paul Biya à frapper du poing sur la table face à toutes ces affaires dignes des scandales d’État.

Pour des situations aussi graves, beaucoup auraient voulu avoir une cinglante réponse du Chef de l’Etat,  de manière à rassurer l’opinion publique que lui, l’homme le plus renseigné du pays, est  encore aux commandes de l’avion Cameroun dont il a reçu à sa demande, les clés de pilotage une fois à l’issue du processus électoral d’octobre 2018. Silence radio. Le Sphinx ne parle pas.

Que le principal leader de l’opposition camerounaise ( comme on l’appelle désormais), Pr Maurice Kamto fasse des critiques lors de son dernier meeting politique au quartier Mendong dans l’arrondissement de Yaoundé.6, sur la responsabilité de Paul Biya dans ce qu’il appelle  » le grand désastre », on peut de dire qu’on est habitué au dos rond de l’Homme du 6 novembre 1982, qui ne s’est jamais montré fébrile face aux critiques de ses opposants les plus virulents.

« Paul Biya a toujours brillé par le silence et la patience ; jamais il ne s’est laissé impressionner par ceux qui l’attaquent avec véhémence et qui le traite avec mépris. A ceux-là, il impose son mépris et son silence légendaire « , commente un politologue proche du sérail. Et de renchérir : « le président contrôle tout. Il sait tout. Il est  informé de tout. Il laisse faire pour voir jusqu’où chacun de ses collaborateurs peut aller ».

Ambitions pourvoiristes

Ces derniers temps, une certaine chronique fait répandre sur les réseaux sociaux, une volonté de puissance d’un proche collaborateur du chef de l’État qui développerait des élans pouvoiristes avec une ambition supposée affirmée de mettre en minorité Paul Biya au pouvoir depuis plus de 40 ans, ancien baron régime de son illustre prédécesseur, dans lequel il n’a occupé que des postes clés de secrétaire général de la Présidence de la République et même cumulé à un moment donné avec le poste de Directeur du Cabinet civil (Dcc).

Ce proche collaborateur surnommé  « l’homme à la Punk » en référence à l’actuel ministre d’État secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, aurait un temps soit peu pensé qu’il utiliserait l’expression « sous hautes instructions du Chef de l’État », pour assouvir une idée de conquête du pouvoir suprême et d’isolation de l’actuel titre titulaire du poste.

Pour un apparatchiks du pouvoir Biya, »  une idée n’est pas envisageable. C’est même impossible de penser que Ngoh Ngoh, fut-il ministre  d’État proche collaborateur du Président Paul Biya, peut prendre sur lui de dire  » sous hautes instructions du Chef de l’État » alors qu’il n’a nullement reçu l’instruction. Le jour où il le fera, je vous assure qu’il sera débarqué à l’instant même « .

Des sources diplomatiques contactées, nous assurent que sur ce plan, Paul Biya est jaloux de son pouvoir.  » Il ne blague pas avec », nous assurait alors ce diplomate qui a longtemps exercé dans les représentations consulaires en Occident. Il se dit ainsi qu’au Palais de l’Unité, présenté comme le lieu de travail de Paul Biya depuis 40 ans, le digne fils de Mvomeka est le patron. C’est la personne la plus importante.

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Il travaille seul dans son bureau situé au troisième étage. Il n’a pas de secrétaire. L’homme qui est à ses côtés et dont le travail, au-delà de la sécurité, consiste à faire le relais des dossiers et parapheurs, n’est autre que son conseiller spécial un militaire, un général du nom de Fouda. « C’est lui qui transmet aux collaborateurs du président, ses instructions ou les convocations pour les audiences. Le ministre d’État Secrétaire général de la présidence de la République est certes un collaborateur direct du président.

Il a le rôle de secrétaire au sens premier du terme certes. Mais il est assez loin du président. Il n’a pas accès direct au chef de l’État. C’est le président qui l’appelle pour les audiences quand besoin se fait sentir. Quand le ministre d’Etat est  appelé en audience par le président de la République, après que le message lui soit transmis, il le conduit vers le président, est reçu par la sécurité, puis introduit par le protocole d’État pour l’audience « , rapporte une source bien introduite à Etoudi.

Après l’audience, « il refait le chemin retour pour le secrétariat général de la présidence de la République situé loin du bureau du président. Il ne faut pas penser comme cela se susurre souvent, que quand Paul Biya lit les parapheurs le Sgpr est à ses côtés pour le brieffer. Loin s’en faut. C’est une vue de l’esprit « , indique une autre source bien habituée du Palais de l’Unité.

 Coup d’Etat scientifique

Alors, d’où viendrait cette influence absolument forte qu’on attribue à « l’homme à la punk », qui fait l’objet des chroniques des influenceurs des réseaux sociaux au sein de le rendre  impopulaire au sein  de l’opinion ?

Calculette à la main, Ferdinand Ngoh Ngoh est l’un des ministres d’État secrétaire général de la présidence de la République qui a le plus mis de temps à se poste. Du coup, son influence à ce poste est accentuée. Et comme le disait l’un de ses prédécesseurs à ce poste dans un livre critique, «il s’agit d’un poste où l’on se croit plus puissant que le président lui-même » . Certainement l’idée de la puissance de l’actuel Sgpr viendrait-il de là.

« Il l’a peut être surutilisé au point où on est tenté de croire que les fondements du pouvoir du président Biya semble se dé-cristaliser de manière incommensurable « , indique un officier supérieur de l’armée aujourd’hui à la retraite.

Ces derniers temps, la presse internationale nous a abreuvé d’articles sur les chroniques du système. C’est le cas l’article d’Africa Intelligence sur « l’affaire Savannah », apparemment commandé pour les besoins de la cause, apprend-on. Le dit article au vitriol montre que la destruction des structures-piliers du système et de ses hommes clés semble se mouvoir.  On parle ainsi de ce que Charles Ateba Eyene a appelé de son vivant le « coup d’Etat scientifique »

Depuis 2019, nous avons assisté à la procédure judiciaire relative au détournement des biens publics au ministère délégué à la présidence de la République chargé de la Défense qui a abouti à une condamnation de l’ancien ministre Edgar Alain Mebe Ngo’o à 30 ans de prison en compagnie de son épouse, d’un de ses amis banquier et deux de ses ex collaborateurs dont un Officier supérieur.

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A peine de cette condamnation avait été prononcée qu’on a assisté à la mise en détention du Directeur général de la Recherche extérieure, le Commissaire Divisionnaire Maxime Eko Eko dans le cadre de l’affaire du journaliste Martinez Logo, cruellement assassiné en janvier dernier. De l’avis de certains géostratéges,  le pilier sécuritaire venait ainsi d’être fortement ébranlé pour la première fois en 40 ans de règne de Biya.

Alors que le scandale de l’échec de la Can 2019 et celui des constructions des stades étaient aux oubliettes, le Sgpr transmettait au Minjustice, le premier rapport de la Chambre des comptes sur la gestion des fonds Covid-19, en lui demandant d’ouvrir une enquête judiciaire contre les suspects et les présumés coupables de détournement desdits fonds.

Alors que des atermoiements étaient observés du côté de la Justice qui souhaitait à tous prix auditionner le Sgpr, ce dernier déclenchait un audit par le Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe), de la gestion des lignes 94, 65 et 57, avec en ligne de mire le ministre Louis Paul Motaze, Alamine Ousmane Mey et Emmanuel Nganou Djoumessi, tous chefs des délégations départementales permanentes du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) dans leurs départements d’origine.

Par la suite, avec l’affaire Martinez Zogo, il a été question d’impliquer Laurent Esso, chef de la délégation régionale du Rdpc dans le Littoral. Entre les lignes, l’article d’Africa Intelligence, tente de laver le Sgpr de tout soupçon dans l’affaire Savannah Energy qui ébranle les relations entre le Tchad et le Cameroun, en présentant plutôt Adolphe Moudiki, le Dg de la Société nationale des hydrocarbures (Snh) comme le cerveau de l’affaire et qui refuse d’appliquer les instructions du président de la République.

Le dernier des Mohicans de la galaxie Biya vient ainsi d’être livré à la vindicte populaire.

 Ennemis désignés d’un cabinet noir

C’est dans ce contexte qu’intervient la dernière sortie de la ministre Madeleine Tchuente, citée dans l’affaire Covid-19, qui dit : _ »cette histoire m’a fait comprendre que dans nos prisons il y a sûrement des gens qui n’ont jamais rien fait, mais qui ont été des ennemis désignés et qu’un cabinet noir a décidé d’éliminer pour toujours… »_

A l’observation, l’affaire Mebe Ngo’o où il n’a pas été démontré un détournement quelconque et la mise en détention du Dgre, sur la seule base des déclarations non soutenues de son collaborateur, semblent donner raison à Mme la ministre.

On parle alors d’un cabinet noir qui serait à la manœuvre pour scier les branches du pouvoir de Paul Biya.

Qui est donc derrière ce cabinet noir qui aura ainsi détruit tous les socles du système Biya par la manipulation de la Justice ? Et Jusqu’où ira t’il sans la réaction du Chef qui préfère s’emmurer dans un silence légendaire ?Qu’est ce qu’il y a actuellement dans la tête du capitaine du navire des Grandes opportunités ? Lui qui a perdu en si peu de temps, deux ministres de son régime ?

Le 20 mai 2023 s’annonce. Le Chef de l’État va-t-il assumer son rôle régalien en présidant le défilé militaire et civil? Question à 20 sous!


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