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Editorial : Et demain le 22 septembre

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Comme bercé par un vent de dérèglement climatique, le ciel sociopolitique camerounais se fait volontiers insondable, impénétrable. On sait que mardi 22 septembre, des manifestations sont envisagées par un groupe de partis d’opposition, sous la conduite du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), afin d’obtenir le départ du chef de l’Etat, Paul Biya, de la magistrature suprême ; mais nul ne peut prévoir l’ampleur de la mobilisation populaire qu’elles emporteront, la charge sécuritaire sur les manifestants, en cas de confrontation, ou encore les conséquences à l’international pour le pays, et précisément pour l’ordre gouvernant, déjà jugé peu présentable et fréquentable, aux yeux de censeurs occidentaux, qui ne font pas de différence ou qui entretiennent la confusion entre la longévité au pouvoir et la dictature.


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Maurice Kamto – capture photo

Une chose est cependant certaine. Un nouvel épisode du feuilleton du choc des extrêmes est en passe de polariser l’actualité pour plusieurs semaines au Cameroun. D’un côté, le président national du Mrc, dont la ligne stratégique n’a guère varié depuis le 8 octobre 2018, date à laquelle il s’est autoproclamé vainqueur de l’élection présidentielle tenue la veille. Les campagnes de résistance peuvent s’appeler « Non au hold-up électoral et aux détournements des fonds publics sous le couvert de la Can », « Marches blanches pour le retour à la paix dans le NoSo et le toilettage du système électoral » ou « Non aux élections régionales, avant le cessez-le-feu dans le NoSo et la réforme du système électoral », les discours du patron du Mrc ont beau changer de contenu au gré des évènements sociopolitiques, l’objectif du Mrc reste gravé dans le marbre de cette déclaration du président, Maurice Kamto, le 8 octobre 2018 : « J’ai reçu mission de tirer le penalty, je l’ai tiré et je l’ai marqué (…). J’ai reçu du peuple un mandat clair que j’entends défendre jusqu’au bout. J’exhorte le président sortant à œuvrer pour une transition pacifique du pouvoir ».

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La démarche jusqu’au-boutiste assumée du leader du Mrc l’a conduit en prison, en compagnie de quelques-uns de ses alliés, mais, il n’est pas prêt de désarmer. En boycottant les municipales et législatives de février 2020, le Mrc savait qu’il se mettait hors du jeu institutionnel, mais, pour assouvir son dessein, ce parti politique entend sans doute surfer à fond sur la désaffection qui monte du petit peuple, notamment des jeunes, contre le pouvoir en place, laquelle s’exprime souvent avec violence sur les réseaux sociaux, la crise de la représentation qui travaille le pays, laquelle est le fait d’une oligarchie qui tient à tout contrôler, pour des objectifs inavoués. Une obsession, qui, couplée à la misère ambiante d’une grande partie de la population, est de nature à faciliter le recrutement de manifestants anti-régime.

Sous ce rapport, il est loisible d’affirmer que la stratégie de Maurice Kamto, pour discutable qu’elle est en maints points, se construit, pour une bonne part, sur les défaillances du système vermoulu et sclérosé d’en face. Un système qui maintient inutilement le verrou sur les manifestations et réunions publiques, un système qui opte pour le statu quo de la loi électorale, alors que même l’organe en charge de l’organisation des élections plaide pour des ajustements substantiels, un système qui a érigé la ruse et le dilatoire en règles de gouvernance, au détriment de l’intérêt général, toutes choses qui le rattrapent brutalement sur le dossier NoSo, notamment.

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Entre les deux extrêmes, le peuple camerounais, particulièrement la majorité silencieuse, semble pris en otage. Toutefois, il est de notoriété publique que « nul ne peut arrêter un peuple sur le chemin de son destin ». Si ce peuple-là se résout à être « une foule qui ne sait pas faire foule », c’est qu’il estime que la clé du changement et de l’alternance est ailleurs. La participation est donc l’un des enjeux des manifestations qui seront lancées le 22 septembre. Cet enjeu ne doit échapper à personne.

Édito du 21 septembre 2020 dans Mutations

 


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