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Dieudonné Essomba : « Ces élections montrent qu’en réalité, nous amorçons un virage extrêmement dangereux »

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Le 5 février 2020, Dieudonné Essomba a ouvert une nouvelle page centrée sur l’analyse du taux de participation aux législatives et municipales du 9 février 2020.

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Dieudonné Essomba (c) Droits réservés

« Le taux de participation effective aux prochaines élections sera bas », a affirmé Dieudonné Essomba sur sa page Facebook le 5 février 2020, non sans avoir avancé un certain nombre d’arguments pour étayer son point de vue.

Dans le même épisode : « Le taux de participation aux prochaines élections ne sera pas anodin », a ajouté l’économiste par le même canal ce 6 février.

En effet, dans cette autre publication, Dieudonné Essomba veut démontrer que le gouvernement fait face à deux principaux défis à savoir : d’une part, « empêcher de consacrer la rupture anglophone, en évitant un taux de participation exagérément bas », et d’autre part, : « inhiber les tensions insurrectionnelles que veulent entretenir certains partis et mouvements politiques dont certains ont lancé le boycott », explique-t-il.

 

Lebledparle.com vous invite à lire cette publication de Dieudonné Essomba parue à deux jours de la fermeture de la campagne électorale et à trois jours du scrutin des législatives et municipales.

Le taux de participation aux prochaines élections ne sera pas anodin

Certains Camerounais veulent se rassurer en refusant la réalité en face. Ces élections couplées montrent qu’en réalité, nous amorçons un virage extrêmement dangereux. En effet, si le taux de participation pour ce genre d’élections est généralement plus faible, il n’en reste pas moins que compte tenu du contexte national actuel, ce taux a absolument besoin d’être raisonnablement élevé. En effet, le Gouvernement est confronté à deux principaux défis :

-empêcher de consacrer la rupture anglophone, en évitant un taux de participation exagérément bas, ce qui pourra conforter les arguments du mouvement sécessionniste que l’Etat du Cameroun ne contrôle plus rien au NOSO. La situation pouvait encore être relativisée lors des Présidentielles pour lesquelles la circonscription est nationale et unique :il importe alors assez peu qu’une région ait voté ou nom puisque tous les résultats sont compilés. Il n’en est plus de même pour les élections locales qui consacrent de véritables champs de rupture dans la Nation ;

Le second est d’inhiber les tensions insurrectionnelles que veulent entretenir certains partis et mouvements politiques dont certains ont lancé le boycott. Ceux-là ne manqueront pas de présenter une grande abstention comme un argument de disqualification d’un régime légitimant son renversement même par des voies inconstitutionnelles.

Le Gouvernement paraît conscient de ces enjeux, et tente par des moyens divers de limiter la casse. Outre la mobilisation des populations par l’élite et une intense médiatisation dans les médias d’Etat, on peut citer la répression de ceux qui promeuvent le boycott. Dans la zone anglophone où sévit le mouvement sécessionniste, l’Etat y répond par une militarisation intense, la chasse aux rebelles, des dispositifs techniques comme des votes groupés, etc.

Ces mesures risquent cependant se révéler trop insuffisantes pour améliorer de manière significative le taux de participation qui, contrairement à ce que croient certains, ne sera pas politiquement anodin, bien au contraire !

Nous sommes en effet dans un contexte de bras-de-fer où ce taux jouera un rôle décisif sur le comportement des protagonistes. Ce n’est plus 2013 où l’enjeu se réduisait au contrôle de l’Assemblée et des mairies, mais dans une lutte à mort où le Gouvernement tente d’une part de sauver son régime face à des forces insurrectionnelles de plus en plus audacieuses, d’autre part de sauver son Etat unitaire, voire l’unité du Cameroun face à une Sécession déterminée et de plus en plus violente.

La Communauté internationale regarde également. De moins en moins indulgente envers le régime, ce taux lui servira de baromètre pour évaluer l’état des lieux réels du Cameroun.
Certes, on me dira que le Gouvernement a une dernière corde dans son sac : son ELECAM qui aura beau jeu de survaloriser ce taux de manière administrative. Mais ce pis-aller ne jouera certainement pas doucher l’impression d’un système politique bloqué.

Dans cette histoire, le Gouvernement n’a pas fait preuve d’intelligence. Sa plus puissante arme était sa décentralisation, celle que lui-même a acceptée. C’est sur elle qu’il aurait dû asseoir une véritable stratégie de mobilisation, en transformant ces élections en un débat populaire sur cette décentralisation, ses avantages et surtout, les ruptures qualitatives qu’elle entraînait dans la gouvernance du pays.

Au lieu de qui, comme d’habitude, le Gouvernement a transformé les élections en une autre occasion de rafraîchir son personnel déjà usé. Ce faisant, il a donné aux promoteurs de l’insurrection et de la Sécession des arguments inespérés. L’abstention sera importante, non du fait du boycott, ni des Sécessionnistes, mais par de ces erreurs stratégiques.

Et l’audace des ennemis en fera qu’accroître ! Les élections couplées de Dimanche ne seront pas une avancée dans notre processus démocratique : elles exprimeront plutôt une sorte de cul-de-sac qui va se résoudre par des tensions politiques généralisées.


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