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D’après Carlos Ngoualem du SDF, Patrice Nganang « serait gardé à vue au SED »

Carlos Ngoualem

Dans un entretien avec nos confrères de Cameroon-info, Carlos Ngoualem, l’une des personnes à avoir partagé les derniers moments de Patrice Nganang à Douala, revient sur la disparition annoncée de l’écrivain camerounais. Le Maire SDF « ne voit pas très bien ce qu’on lui reproche ( A Patrice Nganang, ndlr) »


Carlos Ngoualem
Carlos Ngoualem – DR

Carlos Ngoualem, adjoint au Maire dans l’arrondissement de Douala 5e, vous êtes l’une des personnes à avoir partagé les derniers moments de Patrice Nganang à Douala avant sa disparition. Dites-nous comment vous l’avez trouvé lors de votre rencontre ?

J’ai effectivement rencontré le prof Patrice Nganang à Douala le mardi 5 décembre 2017. C’était un rendez-vous prévu de longue date. Il revenait d’un voyage de recherche dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Il a fait un détour par Yaoundé avant d’arriver à Douala. Je l’ai trouvé serein et déterminé dans son combat contre le régime de Yaoundé. Il pense que ce régime est responsable de l’exacerbation de la crise anglophone. Il pense aussi que seul le départ de Paul Biya du pouvoir peut régler cette crise.

Est-ce qu’à un moment il vous a donné l’impression de quelqu’un qui redoutait quelque chose de pas bien ou qui avait peur d’avoir des ennuis compte tenu de ses critiques contre le régime Biya ?

Pas du tout. Il était plutôt serein. Et sa tournée dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest le prouve. Patrice Nganang est un homme courageux. Il a des convictions très fortes et pense que son courage pourrait servir d’exemple aux autres camerounais dans le cadre de ce qu’il appelle le « chassement de biya ».

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Il vous a raconté son séjour en zone anglophone ? Si oui qu’est-ce qu’il pense de cette crise ?

Compte tenu de mon programme très chargé et du sien, nous avons eu très peu de temps. On a discuté de ce qui se passe sur le terrain dans les deux Régions. Il pense que les francophones ont intérêt à suivre l’exemple de leurs frères anglophones pour libérer le Cameroun de la dictature.

Qu’avez-vous fait ensemble pendant son bref séjour à Douala ?

Le rendez-vous était initialement prévu au foyer du marin. Finalement il s’est tenu à New Bell. Je l’ai retrouvé au district de santé de New Bell où il a offert un important don de matériel médical et une banque de sang à travers son organisation génération change. Après l’hôpital on a pris un verre non loin de là et on s’est séparé vers quinze heures.

Comment avez-vous appris sa disparition ?

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J’ai appris son arrestation par le site Cameroon-Info. Et j’ai essayé d’entrer en contact avec lui. Et le message que je lui ai envoyé est resté sans réponse jusqu’à présent. J’ai appelé Aline de génération change Qui m’a confirmé la nouvelle.

Avec vous une idée de l’endroit où il se trouverait ?

D’après les informations recueillies dans diverses sources il serait gardé à vue au SED qui est un camp militaire.

Autre chose à dire pour boucler cet entretien ?

Il faut déjà relever que Patrice Nganang a été arrêté sans mandat. Et je ne vois pas très bien ce qu’on lui reproche. C’est un écrivain qui a un niveau d’engagement très élevé. Ne donnons pas l’impression dans notre pays que les intellectuels qui ne chantent pas les louanges doivent disparaître. Le pouvoir a ses intellectuels qui chantent les louanges du régime tous les jours. Qu’on laisse aussi s’exprimer les autres. La place de Patrice est sur le terrain et dans les amphis, non dans les cellules d’un camp militaire.


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