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Cameroun : « La’afal » de Charles Salé, vu par Edouard Elvis Bvouma du Grenier Littéraire

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La série des argumentaires sur les ouvrages primés aux GPAL se poursuit sur LeBledparle.com

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Après la note de lecture de la Maison de la Culture Québec-Cameroun sur « AFANE » d’Eric Mendi, et la présentation des « Textes et Documents du Cameroun » de Magloire Ondoa par le Club Kwamé Nkrumah, voici le texte par lequel le Grenier Littéraire a soutenu la candidature du roman de Charles Salé « La’afal. Ils ont… ». C’était à l’édition 2014 des Grands Prix des Associations Littéraires. L’argumentaire est signé du dramaturge Edouard Elvis Bvouma, responsable du Grenier Littéraire, association qui fut également consacrée lauréate de l’Asso-Prize 2015.

Proposition du grenier littéraire vers et verbe dans le cadre du « grands prix des associations littéraires 2014 »

Catégorie : Grand Prix des Belles-Lettres

Ouvrage sélectionné : « LA’AFAL. Ils ont dit… »

Genre : Roman

Auteur : Charles Salé

Date publication : Juin 2014

Description de l’œuvre :

Charles Salé commence son roman en nous présentant une situation anecdotique du quotidien de L’a’afal, face à un de ses employés humilié qui décide de se venger en lui dérobant un sac plein de billets de banque. Par la suite, l’auteur nous narre l’histoire de son héros principal depuis le feu des origines de cette contrée jusqu’à sa condition actuelle.

Fils de cultivateur, La’afal fera l’école du Blanc, gravira les hautes sphères de l’administration et aura une belle carrière politique, une ascension où il dut mener bien des combats sur les plans professionnels et politique, et braver pas mal d’obstacles entre autres, jalousie, coups bas et autres convoitises…

Cette brillante carrière finalement ne sera pas si belle, vu qu’elle s’achèvera tragiquement à cause des changements politiques à la tête du pays. Voilà notre riche politique forcé de replier dans son village natal où il se livre désormais à l’agriculture sur de vastes terres.

La politique, peut-on réellement y échapper ? Sort-on de là sans séquelles ? peut-on se demander car c’est désormais un homme profondément transformé, cynique, pingre, insensible et inhumain que le village redécouvre.

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Dès le premier contact avec cet ouvrage, le livre nous renseigne que l’auteur est un acteur clé du paysage politique camerounais, donc quelqu’un qui sait de quoi il parle dans son œuvre. Cependant, dès l’entame, le lecteur est surpris par la pertinence descriptive d’un personnage peut-être caricatural, mais un petit brin caractériel du riche et du politique vu (ou vécu) par ceux des classes moyennes. Dérision ou autodérision, dédouanement ou critique acerbe, ce livre a le truc qui accroche dès le début et vous empêche de relâcher avant le point final. Ce roman est une critique virulente d’un monde auquel l’auteur appartient, si l’on s’en tient à la pensée populaire où le cliché et la rumeur sont la raison.

Commentaires

Les hommes politiques publient beaucoup. Un peu trop même, nous exagérons très peu. Sans doute parce qu’ils ont les moyens de le faire et un lectorat de confrères, collègues, amis étudiants (quand ils sont aussi enseignants) etc. qui achèteront le livre. Ils sont ceux qui ont le plus de personnes rentrant avec un livre lors des dédicaces.

Les universitaires publient beaucoup. Un peu trop même, nous exagérons très peu. Peut-être parce que leur statut d’ « intellectuel » et leurs diplômes leur confèrent de facto une certaine crédibilité quant à leurs écrits. Parmi ces « hommes de lettres » qui constituent la fine crème du paysage littéraire et éditorial au Cameroun, (malgré tout inexistant dans les grands rendez-vous littéraires internationaux) beaucoup sont peut-être des écrivains ou le deviendront à force d’essayer de le devenir, tout comme beaucoup n’appartenant pas à l’une de ces deux catégories devraient cesser de se prévaloir écrivain mais essayer de le devenir…

Au Grenier Littéraire Vers et Verbe, nous pensons qu’à chacun de faire son métier. Oui, écrivain est pour nous avant tout et après tout un métier et non pas un loisir et/ou un moyen de démonstration…

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Il nous semble que Charles Salé que nous avons lu pour la première fois est un véritable auteur. Son livre est très agréable à lire, les thèmes abordés et l’approche quoique redondants. Sans fioritures, il revisite des sentiers battus dans un style et une langue qui lui sont propres et assez simples. Sans beaucoup d’innovations dans la langue ou dans la forme, l’un des mérites de cette écriture  c’est la simplicité du propos et de la trame et ce souci d’être compris. Il n’ya pas de floraisons de mots difficiles ni de phrases syntaxiquement complexes mais juste le bon mot, au bon endroit.

Tout tient ici du roman africain traditionnel qui nous fait repenser à L’Aventure ambiguë d’un Cheikh Hamidou Kane ou encore Le Monde s’effondre d’un certain Chinua Achebe que l’auteur, c’est évident, a sans doute lus, ces œuvres atemporels qui parmi tant d’autres, l’ont certainement influencé comme beaucoup d’auteurs de cette génération. Les descriptions et les dialogues sont cohérents, les personnages bien construits et distincts. Pour rendre son discours agréable, l’auteur use et abuse de longues digressions et n’hésite pas à parsemer le texte de gags, anecdotes et fait un rappel historique, où on voit défiler chronologiquement comme dans un tabloïd, l’Afrique précoloniale, la deuxième Guerre, les indépendances, l’avènement de la démocratie, etc. Il rend hommage à cette contrée (celle de l’auteur) où à chaque fois qu’il en a l’occasion, décrit sans exagération les us et se rit des clichés et des superstitions.

Voilà parmi tant d’autres, quelques éléments qui ont motivé notre choix sur cet auteur et ce texte parmi les quelques propositions qui nous sont parvenues.

L’Administrateur

Edouard Elvis BVOUMA

Auteur et metteur en scène.


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