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Chronique : L’info du bloggeur et celle du journaliste

Drame d'Eseka du 21 octobre 2016 au cameroun

Ils informent sûrement. Ils désinforment aussi abondamment. Certains dispensent même la culture à travers leurs articles bien documentés. D’autres intoxiquent délibérément pour nuire, ils mentent pour semer le doute dans des esprits. Ils diffusent des images authentiques ici, ailleurs ils colmatent d’autres, les truquent et les balancent à la face du monde. Voilà ce que sont les bloggeurs de la Toile dans le nouvel univers du cyberespace de notre monde numérisé.


Drame d'Eseka du 21 octobre 2016 au cameroun
Drame d’Eseka du 21 octobre 2016 au cameroun

Ces bloggeurs sont capables de faire ou de dire d’excellentes choses, autant qu’ils sont capables de mettre un pays à feu et à sang.

Le blog est un journal ou un carnet de notes personnel. Son auteur est un internaute qui a choisi d’informer l’opinion de manière identifiée ou sans visage. Ce bloggeur serait votre voisin; il pourrait aussi se trouver dans n’importe quel coin de la planète. S’il le désire, il resterait anonyme toute sa vie active. À une fréquence qu’il se donnerait, lorsque le bloggeur s’est acquitté des droits relativement modiques auprès d’un des multiples hébergeurs agrées par Google, il mettra alors facilement des informations et des images en ligne, sous la forme de  » son journal ». Il publiera des articles d’actualité, des photos, des caricatures, son point de vue sur des sujets plus ou peu importants. Il se mettra en liens avec d’autres blogs ou des sites web, pour arroser le monde entier dans l’instantaneité et la rapidité du Net.

Tout le monde peut être bloggeur: du cadre supérieur au balayeur de la rue. Son travail est aisé: il suffit de quelques notions de manipulation d’internet, le bloggeur gèrera seul la mise en pages du contenu de « son journal » en ligne. Il n’a pas besoin d’un bureau. Il n’a pas besoin non plus d’une assistance technique pour prendre des photos, rédiger de courts textes, faire sa mise en page et balancer le tout sur les autres réseaux sociaux. Pour entrer dans sa réserve archivistique ou photothèque, une ou deux clics à partir de son smarthphone lui suffisent et le monde entier est « informé ».

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Le journaliste – le vrai – est soumis à un travail d’équipe très hiérarchisé. Il vérifie, recoupe et contredit ses informations. Il sollicite ses collègues de la rédaction afin d’obtenir la dernière précision qui le mettrait à l’abri d’une grave erreur pouvant entraîner un droit de réponse, une mise à point, voire une catastrophe. Le journaliste est passé par des canaux de formation supérieure, ou par un moulage approfondi de la profession, au contact des plus aguerris. Sur le terrain, il se frotte tous les jours aux exigences de l’éthique et de la déontologie professionnelles. Des agences de presse sont des sources précieuses d’information dont a besoin le journaliste. Elles sont encore plus exigeantes que ce dernier pour la vérification des sources que leurs confrères des journaux. Elles le font pour se démarquer des bloggeurs.

Les bloggers ont abondamment désinformé au cours de la journée du 21 octobre dernier, au sujet du drame du déraillement d’Eséka. Nous savons aujourd’hui que, lorsque le train No 152 de Camrail quittait la gare de Yaoundé ce jour-là à 11 H 17 en direction de Douala, la marée humaine qui avait envahi les lieux, où chacun tentait férocement de trouver une place dans ce train, sa longueur était inhabituelle. Sa surcharge des wagons aussi. Cet ensemble de clichés a fait germer dans la cervelle d’un bloggeur que, ce train partant avec tous les maux indésirables, avait déraillé quelques heures après son départ de Yaoundé. Cette prémonition était passée à l’effectivité et à la réalité du déraillement.

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La polémique de la communication liée à ce drame d’Eseka est que: comment et pourquoi le ministre en charge des transports, Edgar Alain Mebe Ngo’o avait-il annoncé dans les médias un déraillement inexistant au moment de son annonce ? Incontestablement, il s’agissait là d’une bavure communicationnelle.

Autre question: le journaliste interviewer, Emmanuel Atangana avait-il convenablement fait son travail en diffusion sans ultime vérification à un moment sensible, une interview recueillie ? D’emblée, nous estimons qu’une ultime vérification aurait été nécessaire, en dépit du temps très court entre la réalisation de l’interview et sa diffusion. Par ce manquement, le bloggeur est fier d’avoir réussi son coup de la désinformation. Le journaliste de son côté aurait de la peine à convaincre qu’il avait réussi un scoop, en diffusant une interview d’un ministre au fourneau.


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