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CAN 2015 : comment la Guinée équatoriale remplit ses stades

Stade bata Can
Entrée du stade de Bata (c) AFP

Stade bata Can

Désignée au pied levé pour organiser la CAN 2015 en remplacement du Maroc, la Guinée équatoriale n’a pas l’intention d’offrir au monde des images de stades vides et sans ambiance. Pour l’éviter, le gouvernement a opté l’incitation. Mais aussi la menace…

 

Ils étaient 40 000 à garnir l’enceinte de Bata, pleine à craquer lors du match d’ouverture de la CAN 2015 entre la Guinée équatoriale et le Congo (0-0), samedi. Pas une place n’a été laissée libre non plus à Ebebiyin, Mongomo et Malabo, les autres villes qui accueillent la compétition. Après seulement quelques jours, le constat s’impose : le président-dictateur Teodoro Obiang a réussi son pari de remplir les stades. Sa crainte de voir des milliers de sièges vides était pourtant grande. Dans son discours à la nation début janvier, celui qui occupe pouvoir depuis 1979 avait donc appelé à l’unité de ses compatriotes pour faire de cette Coupe d’Afrique une grande fête. Quitte à leur forcer la main.

Le président équato-guinéen affirme avoir acheté, sur ses deniers personnels, 40 000 places à 500 francs CFA l’unité pour l’ensemble de la compétition. Soit un total de 30 000 euros déboursés. Ces billets sont redistribués à chaque rencontre aux plus pauvres, aux écoliers et aux fonctionnaires. Et gare à ceux qui ne jouent pas le jeu. « Les travailleurs sont autorisés à arrêter le travail deux heures avant la fermeture pour pouvoir aller au stade. Chaque fonctionnaire qui n’y va pas court le risque de perdre son travail, confie Ernesto*. En parlant ici, je cours un risque. Si on voit mon visage, si on connaît mon nom, je pourrais perdre mon travail ou être mis en prison. On peut même me tuer ! Toute la population a peur de parler, de manifester. »

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Un étudiant : « Pas une bonne chose d’avoir utilisé cet argent pour la CAN »

Un climat dénoncé par les opposants du régime, comme Raimundo Ela Nsang : « Ils veulent obliger le canton de village à rassembler les villageois et les transporter dans les camions pour aller remplir les stades. Dans les églises, le prêtre qui travaille avec le système commence à convaincre les gens d’aller au stade… » Samedi, les habitants de la capitale Malabo, située sur l’île de Bioko, ont eu droit à un bateau spécialement affrété par le gouvernement pour assister au match d’ouverture. Même les frontières se relâchent pour l’occasion. D’ordinaire très compliquées, les procédures d’entrée en Guinée équatoriale, depuis le Gabon et le Cameroun, ont été allégées.

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Alors que les grandes fortunes du pays ont été incitées à mettre la main à la poche, les ministères ont également été mis à contribution. Celui de l’Education a dépensé 38 000 euros pour l’acquisition de 35 000 billets, donnés aux collégiens et étudiants, grâce aux dons de sociétés privés, à l’argent du ministère et celui du ministre lui-même. « Ce n’est pas une bonne chose d’avoir utilisé cet argent pour la CAN et d’abandonner des secteurs comme l’éducation ou la santé, regrette Siméon, un étudiant de Malabo. On devrait d’abord améliorer ces secteurs-là avant de célébrer un évènement comme la CAN. En Guinée équatoriale, l’exploitation du pétrole fait monter la pauvreté partout. Maintenant, l’évènement a débuté, on ne peut plus dire non. On doit profiter au lieu de perdre tout ce qu’ils ont investi. » Pas vraiment le choix, de toute façon.

* le prénom a été modifié à sa demande

 


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