Ce lundi 15 juillet 2019, le Chef de l’Etat a signé un Décret portant prorogation du mandat des Conseillers Municipaux jusqu’en février 2020, comme l’a rapporté Lebledparle.com dans un précédent article.
Dans une publication sur son mur Facebook ce mardi 16 juillet 2019, le politologue, Siméon Roland Ekodo Mveng fait un décryptage politologique de cette nouvelle prorogation des élus locaux en fonction depuis 2013. Selon ce spécialiste de science politique, cette prorogation prive le peuple de sa souveraineté dans l’évaluation de l’activité des élus locaux soit en sanction ou en reconduction.
« Le décret de prorogation du mandat des élus au Cameroun devient progressivement une force d’inertie, une interférence entre gouvernants et dominés, sinon un bouclier politique qui prive désormais le peuple de sa souveraineté originaire de sanction et de sélection des dirigeants. Si on peut postuler dans la conjoncture critique actuelle que le Jupiter constitutionnel use de ses prérogatives exorbitantes de droit commun pour fidéliser les allégeances partisanes au régime par une distribution continue de la manne jusqu’au prochain scrutin, il convient de de souligner que cette coutume institutionnelle d’ajournement et de procrastination de l’évaluation ruine au passage la compétence emblématique du peuple à statuer sur le bilan et le cahier de charges assignés à ces délégués auprès des assemblées de décision en début de mandat. Au-delà du fait que le renouvellement de ce bail des conseillers municipaux coûte cher au contribuable, il questionne à nouveau frais la justice et le caractère démocratique de cette loi fixée ne varietur (immuable) qui fait de la convocation du corps électoral un acte de gouvernement unilatéral et insusceptible de recours gracieux toujours abandonné entre les seules mains du président-partisan, dans une compétition politique qui se veut égalitaire dans son éthique avec les autres forces politiques souvent prises de court par la surprise stratégique d’un calendrier fluctuant au gré et au bénéfice du candidat sortant. Ce rite conservateur et autocrate institue finalement dans l’administration parlementaire et communale une culture d’impunité contraire à la reddition des comptes entre le représentant et le mandant de référence qui est le peuple. Tout comme ces DG des sociétés d’État dont le temps est arrivé à expiration, Il faut avoir le courage de renouveler l’élite politique pour éviter la sclérose administrative, la constitution à terme des réseaux mafieux et la prise illégale d’intérêts que confèrent la connaissance du système politique et la fossilisation des agents de pouvoir à des positions de pouvoir et d’accumulation. L’efficacité d’un bon joueur de football ou d’un agent public ne se mesure pas dans l’immensité d’un carriérisme millénaire. On reconnaît un coq qui va chanter par la crête…regardez seulement l’État des routes au Cameroun depuis 37 ans », écrit Siméon Roland Ekodo Mveng.