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Cameroun : Scandale financier au ministère de l’Économie

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Un cadre porté par le ministère de l’Économie est traîné devant le TCS pour avoir empoché les fonds reçus de l’État pour la structure.

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Tribunal Criminel spécial (c) Droits réservés

Selon le journal Kalara dans son numéro 304 du mardi 16 juillet 2019, l’inspecteur du trésor Luc Nicolas Many Minkandi médite son sort à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui depuis sept mois déjà.

« Le ministère public et l’État du Cameroun l’accusent d’un détournement présumé de la somme totale de 95 millions de francs. Un forfait que le fonctionnaire des Finances âgé de 42 ans aurait opéré entre le 12 avril et le 17 août 2018. À cette époque, le mis en cause occupait les fonctions de régisseur (gestionnaire) du compte de l’Unité technique de Haute intensification de la main-d’œuvre en abrégée Himo. Cette Unité qui dispose (tes bureaux dans les locaux du ministère de l’Économie [Minepat] avaient ouvert un compte dans les livres à la Paierie générale du ministère des Finances [Minfi] », relate l’hebdomadaire Kalara en kiosque.

La deuxième audience de ce procès comme l’indique le journal, qui s’est tenu le 10 juillet 2019, n’a duré qu’une poignée de minutes.

Le journal de Christophe Bobiokono révèle que “Me Mballa Manassé nouvellement constitué par l’accusé, a sollicité un rapport, le temps de prendre connaissance du dossier de procédure”.

Le banc d’Impartie civile est doublement occupé par les représentants des ministères des Finances et de l’Économie.

L’audience reprend le 10 septembre 2019. En attendant la présentation des charges à l’accusé pour recueillir son choix de défense, et l’ouverture éventuelle des débats dans cette procédure, le rapport de l’enquête judiciaire [ordonnance de renvoi] dressé le 8 avril dernier par jean Betea, juge d’instruction au TCS, résume l’ensemble des faits au centre de l’affaire.

Selon Kalara, les ennuis judiciaires de M. Many Minkandi tirent leur source d’une plainte déposée contre lui au TCS par le ministre des Finances, le 13 novembre 2018.

Dans sa récrimination, le Minfi met à la charge de son préposé, qui occupait au moment des faits le poste de chef de service du Suivi de la Réforme et de la Solde, la supposée distraction de la somme de 90 millions de francs.

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Selon la plainte, l’accusé avait été nommé le 1er novembre 2013 régisseur [gestionnaire] du compte intitulé “dépôt-Minepat Unité Himo” ouvert dans les livres du trésor public au no 4504112. C’est dans ce compte que le Minfi vire les fonds alloués au fonctionnement de l’Unité technique Himo.

Dans une correspondance datée du 29 mars 2018 le ministre de l’Économie avait saisi son collègue des Finances pour solliciter la mise à disposition de la somme de 84 millions de francs au profit de l’Unité technique Himo, en vue de l’organisation de trois ateliers régionaux de vulgarisation et de promotion des techniques de fabrication et de construction des bâtiments en bloc de terre comprimée.

Ces assises envisagées avaient pour participants les personnels des mairies, les entrepreneurs et cadres des bureaux d’étude des Travaux publics. Six mois plus tard, le 13 septembre de la même année, le ministre de l’Économie relançait son collègue des Finances.

En réaction à la seconde lettre, le ministre des Finances va informer son collègue de l’Économie que les fonds sollicités sont depuis mis à la disposition de l’Unité technique Himo, et avaient été décaissés en cinq tranches entre le 12 avril et le 17 août 2018 par M. Many Minkandi, soit un total de 90 millions de francs. La réponse de l’argentier national était accompagnée de l’historique du compte.

Si Luc Nicolas Many Minkandi reconnaît avoir décaissé la somme de 90 millions de francs, il précise qu’il n’a pas pu mettre les fonds en question à la disposition de Médard Kouatchou, le Coordonnateur de l’Unité technique Himo, car ce dernier ne lui avait pas communiqué le planning des ateliers de formation qu’il envisageait d’organiser.

L’accusé raconte qu’il décaissait souvent l’argent litigieux puis prenait soin de le garder dans son bureau. Mais “dans la matinée du 31 août 2018, il a découvert avec stupéfaction que quelqu’un avait forcé la porte de son bureau et emporté l’intégralité de cet argent dissimulé sous un meuble derrière son fauteuil”, lit-on.

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L’accusé prétend que les cambrioleurs de son bureau ont aussi emporté deux enveloppes de 2,5 millions de francs dont une lui appartenant, l’autre avait été retirée du compte querellé. Sauf que, Me Dieudonné Onah Mbourou, huissier de justice à Yaoundé, requis par M. Many Minkandi pour faire le constat du cambriolage évoqué, indique dans son exploit de constat dressé le 3 septembre 2018 “l’absence de toute effraction sur la porte en bois du bureau, puis celle du moindre désordre à l’intérieur de ce lieu de travail”.

En bouclant son rapport d’enquête, M. Betea, le juge d’instruction, s’est montré sans pitié à l’endroit de l’accusé dont il ordonne le renvoi en jugement.

Pour lui, le fait pour l’accusé d’avoir décaissé 90 millions de francs alors que la demande du ministre de l’Économie sollicitait la mise à disposition… d’un montant de 84 millions est répréhensible. “Le retrait du supplément de 6 millions de francs […] traduit son intention frauduleuse de spolier les biens de l’État”, écrit le juge d’instruction.

De plus, il estime que l’accusé aurait dû spontanément remettre les foncés au Coordonnateur de l’Unité technique Himo après chaque retrait. Il trouve non convaincante la thèse du cambriolage soutenue par l’accusé qui, à ses yeux, n’est qu’un moyen pour “expliquer la dissipation des fonds publics”.

“Contrairement à la plainte du Minfi qui allègue d’un supposé détournement de 90 millions de francs, le juge d’instruction a d’office porté le montant au centre du procès à 95 millions au motif que l’accusé, selon lui, n’a opposé aucun argument sérieux à sa rétention frauduleuse de la somme de 5 millions de francs, emportée lors du prétendu cambriolage de son bureau”, apprend-on.

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