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Cameroun : Paul Biya, la présidence à vie ?

Après 42 années à la tête de l’État, Paul Biya résistera-t-il à la pression croissante pour quitter le pouvoir ? Telle est la question que pose le journal L’Indépendant dans son édition de ce lundi 11 novembre 2024. Alors que l’entourage du président multiplie les signes d’une volonté de perdurer au pouvoir, l’opposition et une partie de la société civile s’inquiètent de voir les institutions fragilisées par un système de plus en plus personnalisé.

Paul BIYA
Paul BIYA - DR

Selon le confère, le Cameroun est aujourd’hui comparable à un avion qui vole avec un pilote sourd à tous les appels d’alerte ! L’atterrissage se fera‐t‐il par une rupture de kérosène ou un par un crash ? Paul Biya n’est plus le fringant jeune homme de 49 ans qui succède à Ahmadou Ahidjo, un certain 06 novembre 1982.

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Après 42 ans passés à la tête de l’Etat, résistera-t-il à l’ivresse du pouvoir et à tous ces courtisans qui, vautrés sur leurs privilèges, agitent l’illusion du pouvoir perpétuel ? Le 1er novembre 2023, à la faveur d’un rassemblement des cadres du Rdpc à Bafoussam autour du secrétaire général de son Comité central, la réunion devant officiellement servir au parti du flambeau à fourbir ses armes pour les prochaines échéances électorales, s’est transformée en une démonstration d’affection politique envers leur président national, Paul Biya, invitant ce dernier à briguer un 8ème mandat à la tête de la magistrature suprême en 2025, année de la prochaine élection présidentielle. En qualifiant cette démarche de ‘‘choix du cœur et de raison’’, Jean Nuketé a encouragé les élites et militants de la région de l’Ouest à soutenir la candidature de Paul Biya en signant une motion de soutien.

Cet appel à candidature de Paul Biya à l’élection présidentielle de 2025, fait suite à celle récemment observée à l’Extrême-Nord à l’initiative du ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie. Toutes ces manœuvres emboitent le pas à celle entreprise depuis l’année dernière où le département de la Lékié dans la région du Centre, s’est illustré par une motion de soutien et de déférence, invitant Paul Biya à se porter candidat à la présidentielle de 2025.

En 42 ans de règne, Paul Biya a vu partir tous ses compagnons de route…

Paul Biya reste très distant de la politique politicienne. Est-il sensible à ces appels à l’instauration d’une présidence à vie ? Difficile à dire. En 42 ans de règne, il a vu partir tous ses compagnons de route, dont le plus illustre d’entre eux, le Sultan Mbombo Njoya, décédé le 27/09/2021. Mais avant, le Sultan Roi des Bamoun a tenu à laisser son testament politique lors du Grand dialogue national. Une position de sagesse qui aurait pu désamorcer la crise anglophone sur la base d’un nouveau contrat social et les balises d’une présidentielle à deux tours, avec un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Les tenants du pouvoir perpétuel, du culte du maître et de la personnalité, ont tout botté en touche. S’en est suivie cette sorte d’impasse. Le Cameroun est aujourd’hui comparable à un avion qui vole avec un pilote sourd à tous les appels d’alerte ! L’atterrissage se fera-t-il par une rupture de kérosène ou un par un crash ?

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Paul Biya n’est plus le fringant jeune homme de 49 ans qui succède à Ahmadou Ahidjo, un certain 06 novembre 1982. L’euphorie qui a accompagné ses premières heures de règne, s’est muée en un désenchantement. Il promettait la rigueur et la moralisation. Le Cameroun a basculé par pertes et profits, dans des scandales de détournements en milliards de Fcfa. Trop peu ou trop tard, lorsqu’est déclenchée l’Opération Epervier. La corruption endémique, le détournement compulsif, ont déjà fait leur lit, au point de devenir consubstantiels au Renouveau.

Paul Biya a plié sans rompre

Cette justice sélective qui fait de minables petits arrangements et de liquidation des rivaux politiques, a contribué à saper les fondements de ce puissant instrument de régulation sociale. Le déficit d’équité et de justice sociale dans la redistribution des fruits de la croissance, l’inversion de l’échelle des valeurs, constituent autant de griefs sur le bilan du Renouveau. Mais celui qu’on présentait comme un homme ‘‘faible et fourbe’’, s’est montré à l’épreuve du pouvoir, comme un véritable animal politique. Il a eu à gérer plusieurs crises: le divorce d’avec son prédécesseur, les années de braises du retour au multipartisme, le conflit de Bakassi, la crise sécuritaire dans le Noso, à l’Extrême-nord, la crise économique et la crise sanitaire due à la pandémie du Covid-19. Comme le roseau de la fable, Paul Biya a plié sans rompre. Il aurait pu faire mieux.

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Le Renouveau était un projet de société profondément humaniste et assis sur une idée sociale généreuse. Paul Biya n’a-t-il pas eu la main heureuse dans le choix de ses hommes ? En 42 ans, il a eu à faire face à la cohorte de défections, de trahisons, etc. Le piège d’une certaine usure du pouvoir et l’excroissance d’une garde prétorienne, ont contribué à couper le président de son peuple. Deux élections présidentielles sans la moindre convocation d’un congrès du Rdpc. Les opérations de renouvellement des bureaux des organes de base de ce parti, se sont achevées en 2020 avec un besoin criard de renouvellement du personnel politique. Paul Biya saura-t-il percevoir ce message subliminal ? Face à un certain désir d’éternité, il faut résister à l’ivresse du pouvoir, et à tous ces courtisans qui, vautrés sur leurs privilèges, agitent l’illusion du pouvoir perpétuel.

L’Indépendant N°859 du lundi 11 novembre 2024


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