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Cameroun : Le Pr Claude Abé examine la décision d’interdire veillées funèbres et rites mortuaires dans le Centre

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Le Pr Claude Abé a fait une lecture sociologique allant dans le sens d’ovationner la décision du gouverneur Naseri Paul Bea, celle de de surseoir aux veillées funèbres et autres rites mortuaires dans la région du Centre, dans un message porté à destination des préfets de son unité de commandement en date du 3 juin 2020.

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Pr Claude Abé (c) Droits réservés

 Le sociologue Pr Claude Abé était l’invité du journal de 13h au poste national de la CRTV ce 4 juin 2020. Au cours de l’interview qu’il a accordée à notre confrère, l’universitaire a expliqué la portée de la décision du gouverneur de la région du Centre dans un contexte marqué par les ravages de la Covid-19 sur le triangle national.

Pour lui, les rapports « tactiles, de solidarisme et de collectivisme » sont des valeurs caractéristiques  de l’Africain. Et lorsqu’on ajoute à cela les débordements auxquels se laissaient « déjà » emporter les uns et les autres lors des veillées mortuaires sans oublier les dimensions « structurelles et conjoncturelles » non négligeables, il y a lieu de saluer la décision du patron de la région du Centre.

C’est en tout cas, la quintessence des propos du Pr Claude Abé dans cet entretien que Lebledparle.com a pris le son de retranscrire et vous propose de lire.

 

Que les veillées funèbres et autres rites mortuaires soient suspendues sur l’ensemble de la région du Centre, c’est un moment important de la vie sociale qui se trouve ainsi impactée…

Vous savez, pour les Africains, les veillées mortuaires sont un moment rituel important où l’on entend non seulement montrer sa sollicitude et sa compassion à la famille qui est éplorée, mais aussi, un rituel de séparation avec le défunt où on se remémore les moments avec ce dernier. C’est toute une économie de la vie qui se joue autour de cela, aussi bien l’économie interrelationnelle préservant les liens sociaux et même une économie et même une économie financière de cette question-là étant entendu qu’il y a une nouvelle manière marquée par la modestie qui fait en sorte que l’organisation des veillées funèbres engage un certain nombre de frais. Du point de vue culturel, c’est une introduction, on devra faire désormais, un second deuil à l’intérieur du deuil.

Difficile de mettre en application l’idée de distanciation sociale dans un espace plein d’émotions où justement le regroupement est une règle !

Nous sommes des sociétés plutôt chaudes et en rapport avec cette nature chaude, nos rapports sociaux sont plutôt intenses et beaucoup plus tactiles et de solidarisme et de collectivisme qui marquent la vie communautaire font en sorte que les uns et les autres ont une plus grande tendance à vivre toute proximité plutôt que des distances. Et à ce titre-là, on sait aussi que lors des veillées mortuaires, il y en a qui font dans un certain nombre de débordements. Par exemple l’alcool et qui peuvent se laisser aller. Donc les veillées mortuaires étaient devenues un espace à risque.

Les Camerounais ont-ils du mal à rester loin les uns des autres ?

Ça traduit deux choses à mon avis. Du point de vue structurel, il faut déjà savoir que faire société dans notre contexte il faut nécessairement être ensemble dans une sorte de cohésion, dans une sorte de rapprochement. Demander donc aux Camerounais de rentrer dans la distanciation sociale c’est de leur demander en fait de divorcer d’un certain nombre de référentiels qui structurent le quotidien de relations et des interactions dans la société. Il faut ajouter à cela une deuxième dimension qui d’autre conjoncturel ; c’est le regard que les gens ont vis-à-vis du Covid-19


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