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Cameroun : Comment faire son passeport à Yaoundé ? retour sur expérience

Faire son passeport au Cameroun demande des démarches conséquentes
Faire son passeport au Cameroun demande des démarches conséquentes

J’écris cet article non seulement pour partager mon expérience lors de l’établissement de mon passeport, mais aussi pour permettre à ceux qui ne l’ont jamais fait de connaitre la procédure à suivre, et à quoi s’attendre.

Faire son passeport au Cameroun demande des démarches conséquentes
Faire son passeport au Cameroun demande des démarches conséquentes (c) Mondoblog

Au Cameroun, le passeport n’est pas un document de priorité pour les citoyens. Nous ne pensons à l’établir que lorsqu’une situation de voyage à l’extérieur du pays se pointe à l’horizon. C’est normal, vu le coût et aussi le fait que sortir du pays ne soit pas courant chez tous. Ce que je viens de dire me concerne, car c’est lorsque j’ai appris que j’étais retenu parmi les lauréats Mondoblog de 2016 pour partir à Madagascar que j’ai décidé de faire mon passeport. Je me suis donc empressé de me renseigner, car je ne veux pas rater cette opportunité. Beaucoup m’ont conseillé d’aller à Yaoundé car la procédure est moins longue que dans les autres villes. Je connais bien le nouveau prix du passeport « 75.000 frs CFA ». Il a grimpé de 50% après la loi de finances 2016. « C’est pas petit argent hein ». A cela je devais ajouter mes frais de voyages et surtout les frais du dossier à constituer.
PREMIÈRE DIFFICULTÉ
En allant sur internet faire quelques recherches, je me suis rendu compte qu’il n’y existe que peu de renseignements sur la procédure, le dossier à constituer, et les différentes délocalisations du service de l’immigration. C’est un peu honteux que ceux-ci n’aient pas de site internet. Toutefois j’ai pu trouver des documents de 2009 à 2013 indiquant les pièces à fournir. Je me suis fié à cela et je suis parti à l’aventure à Yaoundé.
LE PASSEPORT EXPRESS
Vu que mon délai était court, je devais faire de mon mieux pour obtenir mon passeport le plus vite possible. Malheureusement je n’avais pas de réseau et je calculais aussi mon argent. D’après ce que l’on m’a dit, il se fait à 150.000 frs Fcfa. Mais j’allais bientôt découvrir que le passeport express n’existe pas. Il existe juste des personnes qui permettent d’accélérer la procédure et écourter les délais. Bien évidemment cela est informel. Le passeport normal, d’après ce que l’on m’a dit, sort entre 3 semaines et un mois, mais peu de mes informateurs étaient précis sur le délai. Bref « je vais à Yaoundé la capitale », comme dirait le chanteur André Marie Talla.

Le passeport Camerounais, un petit sésame (c) DR
Le passeport Camerounais, un petit sésame (c) DR

YAOUNDÉ
J’ai instinctivement jugé qu’il était mieux de certifier les photocopies de mon acte de naissance et de ma CNI à Yaoundé par mesure de prudence.
C’est vers 10h30 que j’arrive dans la ville, ayant pris le bus de Douala à 06h30. Pas le temps de contacter mes connaissances dans la ville car je me suis donné une journée pour finir et rentrer à Douala. Je n’ai pas non plus le temps d’aller au service de l’immigration pour me renseigner sur les pièces à fournir. Je me fie à ce que j’ai vu par chance sur le net. Soient pour les majeurs :
02 demandes de passeport (1 timbrée)
02 photocopies de la carte d’identité (1 légalisée et 1 non légalisée)
02 photocopies de l’acte de naissance (1 légalisée et 1 non légalisée)
Photo 4X4 (2 000F) à faire sur place 1 timbre de 50 000F (mais aujourd’hui 75.000 frs CFA)
Justificatif de profession si la profession sur votre carte d’identité est autre que étudiant
Je me renseigne donc chez un policier à l’entrée de la ville qui m’indique comment emprunter un taxi pour me rendre à l’emi-immigration. Je lui demande aussi s’il y a une mairie proche de là, il me dit oui mais me conseille d’aller à la mairie Ekounou dans le 4e arrondissement. Je me dépêche donc de m’y rendre. Dans le taxi je tombe au hasard sur deux jeunes comme moi qui ont un tuyau pour le passeport express. Mais, notre cheminement ensemble ne durera pas, ils descendent quelques mètres après.
DEUXIÈME DIFFICULTÉ
Arrivé à la mairie, je constate d’abord l’affluence et le nombre de personnes qui attendent le retrait de leurs copies légalisées. Toutefois je me dépêche d’acheter les timbres et de déposer mon dossier. Celui qui le reçoit me dit avec un ton arrogant « Il faut passer dans 2 heures » lorsque je lui demande dans combien de temps je passe le retirer.

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Les demandes de passeport se font sans rendez-vous au Cameroun
Les demandes de passeport au Cameroun se font sans rendez-vous (c) Mondoblog

J’en profite donc pour me rendre au commissariat qui est à 100 m de là afin de légaliser la photocopie de ma CNI. Environnement macabre, on ne dirait pas un lieu de service institutionnel. J’entend des discours de corruption, remarque la file d’attente (longue) et une fille qui pleure en cellule. Heureusement l’officier qui prend ma pièce, lui au moins fait bien son travail. Je n’aurais pas mis long.
Les deux heures ne sont pas encore passées, je ne vais pas aller à la marie. Il est 12h environ quand je décide de gagner du temps en allant faire un retrait d’argent via western union. Je ne sais pas où me rendre donc je décide d’aller à la poste centrale. Je me renseigne pour savoir comment me placer afin d’attraper un taxi qui y va (car Yaoundé est vraiment compliqué). Après avoir tellement stoppé des taxis il y en a enfin un qui me prend dans une petite voiture. Je m’assois par devant, le chauffeur n’hésitera pas à me bâcher malgré l’espace très confiné dans sa voiture. J’ai du serrer ayant mal, mon sac sur les cuisses, le soleil ardent et les embouteillages. Finalement j’arrive et je reviens direct à la mairie (mais sans plus m’asseoir sur le siège avant du taxi).
Arrivé à la mairie, il y a des jeunes, des neveux de gens bien placés qui doivent nous restituer nos pièces, mais aucun d’entre eux ne veut fouiller, les documents déjà légalisés. Ils nous font attendre en grondant d’ailleurs, pourtant il y a des personnes âgées et des mères d’enfants parmi nous. C’est vraiment regrettable. Quel cliché ? Finalement c’est vers 14h30 et non 13h comme prévu que l’appel est fait. J’ai enfin mon dossier supposé complet, il est temps de me rendre au commissariat de l’immigration. Plus de 30 minutes à stopper des taxis et enfin l’un d’eux me prend. Ce dernier me dépose à l’ancien siège, car il ne sait pas (comme tout le monde d’ailleurs) que le lieu a changé. Cela me vaudra encore du temps et de l’argent. Je prends donc un renseignement chez un monsieur qui m’indique que le commissariat est désormais situé au lieu dit « Province » en face de la pharmacie.
TROISIÈME GROSSE DIFFICULTÉ : LE TEMPS
Lorsque j’y arrive, je constate l’affluence malgré qu’il était déjà 15h30. Je me dirige d’abord vers les affiches collées sur les murs pour vérifier que mon dossier est complet. Oui, il l’est, il me faut juste préparer 78.000 frs pour photos de frais de passeport. Malheureusement je ne peux pas faire ma demande à cette heure car il est indiqué que les demandes de passeport se font uniquement entre 7h et 11h. Je vais donc devoir dormir à Yaoundé. Je suis aussi marqué par cette affichette qui dit : « Le passeport express n’existe pas, toute personne qui vous le promet est un fossoyeur ». Je vais quand même me renseigner chez une officier qui me le confirme, qui me confirme aussi que le passeport sort en trois semaines. Hors, moi, je n’en ai que deux, je lui explique donc ma situation et elle me dit qu’il faut que j’obtienne mon récépissé auquel je joindrai mes motifs et justificatifs de la proximité de mon délai afin de le soumettre au délégué. J’ai à cet instant un soupçon de pessimisme. Toutefois, elle me rappelle qu’il faut être là très tôt le lendemain, à 5h si possible car il y a de nombreuses personnes qui sollicitent un passeport.
LE LENDEMAIN
J’ai donc dormi à Yaoundé. Le lendemain c’est à 6h que j’arrive au service de l’immigration. 10 personnes étaient déjà là avant moi. Vers 6h30, un officier ouvre les lieux et nous fait entrer. Il a l’air très strict. Vers 7h nous étions déjà près de 25 et il nous demande de nous asseoir cinq par banc.
Vers 7h30, alors que le lieu se remplit peu à peu, un autre officier viendra nous entretenir sur les attitudes à observer et surtout comment remplir les formulaires. Il le fait très bien et soigneusement, il prend la peine d’insister sur certains détails. Notamment le fait que les photocopies d’actes et CNI doivent être légalisées uniquement à Yaoundé, puisque c’est là que nous faisons notre demande, et ce peu importe la ville d’où l’on vient. Cet entretien durera environ 30 minutes et les officiers se montrent disponibles mais surtout rigoureux pour répondre à nos préoccupations (ce n’est pas comme à la mairie d’Ekounou). Vers 9h nous sommes plus de 200 personnes et l’atmosphère devient lourde, les officiers surchargés, certains même un peu sous tension. C’est par l’étape des photos que j’ai suivi ma procédure avec ceux qui étaient là tôt comme moi. Puis un appel tour à tour, d’abord pour les empreintes et l’argent, ensuite pour le récépissé que j’aurai finalement à 11h45. J’ai enfin fini, il me reste juste à attendre deux à trois semaines pour obtenir mon passeport. Mais, en bon Camerounais, puisque le temps me tient et que je ne dois pas rater mon voyage, j’ai prévu un argent supplémentaire car on ne sait jamais. J’ai pu obtenir un tuyau pour vite le faire, mais de façon légitime.
J’espère que mon expérience servira à nombreux. C’est regrettable que l’Emi immigration manque autant de communication institutionnelle. En venant faire votre passeport à Yaoundé soyez armés et préparez vous pour au moins deux jours. Quant aux finances, il vaut mieux garder au minimum 120.000 frs Cfa tenant compte du transport, de la nutrition et éventuellement l’hébergement.

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Gilles Thibault

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