Bokou Haram : la tristement célèbre nébuleuse

C’est ainsi que l’on aurait rebaptisé la tristement célèbre nébuleuse dans un petit village des montagnes, à la suite d’un lapsus deprononciation sorti de la bouche d’un vieux paysan qui n’y comprenait pas grand-chose. La formule aurait plu et aurait été adoptée par les villageois.

Moi avec.

La petite formule me trotte dans la tête depuis des semaines. Rien à faire, elle est collante comme une mauvaise chanson en promotion qui passe en boucle dans les médias. Mais après tout, me dirait-on, la nébuleuse n’est-elle pas, elle aussi, en promotion ? Si c’est le cas, elle doit être plutôt fortunée, de pouvoir financer une aussi permanente publicité dans les médias internationaux, à l’échelle planétaire. Oui, elle est riche (et paie) en une certaine devise : la Terreur.

Cependant chaque fois que j’y pense (à la petite formule), je ne puis m’empêcher de rigoler tout doucement, et de me dire tout bas : Avec tous les « haram« , ou si vous voulez les innombrables « péchés » abominables que la nébuleuse a déjà eu à perpétrer, pourquoi ne la rebaptiserait-on pas officiellement, si ce n’est à juste titre, au moins par dérision, « Bokou Haram« ? Ce serait déjà çà de gagné. Enfin, je ne sais pas pour vous, mais moi, les petits surnoms désobligeants à l’école, cela m’avait rarement fait du bien.

Imaginez un quelconque Shekau, se bombant le torse dans une caverne de Platon égarée quelque part en pleine mangrove dans le Nord-est de son pays, et qui, à la suite de son dernier feu d’artifice dans un marché populeux, s’attendant à lire comme d’habitude des grincements de dents et des pleurs dans la presse, recevrait plutôt avec son petit déjeuner
(Au menu : tranches fumantes de chawarma, de la viande issue bien sûr d’un troupeau de vaches « offert » sans condition par un pauvre berger qui n’avait peut-être plus toute sa tête, ou ne l’avait simplement plus du tout) ; le fier Shekau qui recevrait donc sur son plateau de petit déjeuner, disposé par son maître d’hôtel juste à côté de ses bols de shaï et de kossam, un quotidien titrant à la une : « Beaucoup Haram a encore frappé ! »

Avec un peu de chance notre bourreau pourrait peut-être avaler de travers, et ainsi « raccrocher la cuiller » par étouffement (une fin passi loin que ça de la pendaison – suffisant en tout cas pour nous pour jubiler).
Oui, chers journalistes, l’humour aussi pourrait s’avérer une arme efficace, qui plus est dans une guerre asymétrique.

Cependant, vu le contexte, ce serait plutôt haram de bokou rire ;gardons un peu de sérieux, par respect pour les malheureuses victimes de la nébuleuse. Encore qu’il y aurait peut-être pire à redouter : si vous entendez dans les jours prochains qu’il y en a deux qui se seraient fait zigouiller dans les montagnes, ne demandez plus, il y aurait de fortes chances que ce soit Julie et sa grande gueule, à lasuite d’une énième sortie pécheresse de Bokou Haram.

Merci de votre attention.

© Julie des Montagnes, Lebledparle.com