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Arrestation des leaders du MRC : Interview exclusive de la femme d’un détenu

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Arrêté le 26 janvier 2019 dans le cadre des marches non autorisées organisées par le MRC, Christian Marcel réside depuis lors à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé. Laurice Flore Fantchou sont épouse vit actuellement dans le désarroi.


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Laurice Flore et Christian Marcel (c) Droits réservés

Nos confrères de lewouri.info sont allés à sa rencontre dans l’arrondissement de Douala 3e ; voici qu’elle dit après 4 mois après l’arrestation de son mari.

Bonjour, madame, et merci de nous accueillir chez vous.

C’est moi qui vous remercie d’être venu prendre de nos nouvelles. C’est gentil.

Comment vous vivez cette période ?

Difficile, très difficilement. Vivre avec votre conjoint et un matin on l’arrache aussi brutalement. Avec les enfants, le loyer et il a fait deux ans sans travail et à peine il en a trouvé et qu’on se stabilisait ceci arrive.

Est-ce que les enfants vous posent un problème particulier sur le plan psychologique ?

Oui ils sont affectés, leurs notes ont baissé. Et l’ainée qui est très attachée à son papa le demande tout le temps. Et souhaite qu’on aille le voir à Yaoundé.

Comment vont les enfants ? Comment vivent-ils la situation ?

C’est très difficile. Ils le demandent surtout l’ainé Danielle qui le demande tout le temps. Elle était en congés chez sa tante et à son retour c’est papa papa il est où ? Elle me dit qu’il faut que nous allions à Yaoundé voir papa ! Tantôt elle me dit avoir prié pour papa.

Et quelle est votre réaction ?

Elle ne répond pas… je sens l’émotion et passe à la question suivante.

Est-ce que vous avez le soutien de la famille, des amis ?

Oui oui j’ai leur soutien, sinon je ne tiendrais pas. Il n’a pas laissé de l’argent en partant.

Comment apprenez-vous son arrestation ?

En fait il partait en mission à Buea, mais en raison des grèves. Il remet à plus tard. Le jour de son arrestation, il est allé à leur siège à Bonanjo, il est banquier puis il est rentré a mangé.
Vers 16 h 30. Il me dit qu’il arrive.

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Et vers 20 h, 21 h, 22 h je ne le vois pas ! Je l’appelle le téléphone ne sonne pas. Je me dis peut-être c’est la batterie. Le sommeil m’emporte. Mais je me réveille à 2 h il n’est pas là et je panique. Car il ne reste pas tard dehors et il ne dort pas dehors.

Le lendemain matin je le rappelle, toujours rien. Et je là j’appelle sa grande sœur à PK 14 qui m’informe donc que des gens ont été arrêtés chez ALBERT Dzongang et que probablement s’il était là-bas il aurait été arrêté. Sur ces entre faits, un avocat m’appelle pour m’informer qu’ils ont été kidnappés chez Albert Dzongang et conduit au GSO à Yaoundé. C’est comme cela que j’apprends son arrestation.

La tension artérielle est montée…

Oui j’étais stressée, scandalisée… je ne savais quoi faire ! En même temps on ne pouvait pas entrer en contact avec lui. En même temps je recevais beaucoup d’appels téléphoniques me disant de rester calme, que ça va aller. En fait mon mari demandait qu’on m’appelle pour me rassurer. Mais j’étais perdue !

Quel est votre sentiment par rapport à sa situation ?

Je ne sais quoi dire… ça ne va pas ! Je suis inquiète ! ça traine… je me dis pour une marche on va les libérer, mais je suis dépassée… j’entends partout et dans les médias dire qu’ils n’ont rien fait de grave…

Est-ce que vous êtes rempli de haine par rapport au gouvernement ?

Bien sûr bien sûr ! Que tu sois là à te battre pour vivre et un matin on arrête ton mari dans un domicile privé sans une inculpation. Il n’a pas volé, il n’a pas marché, il n’a pas créé de scandales. J’ai des charges, un loyer, des enfants à nourrir. Je suis vraiment en colère contre eux.

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Qu’est-ce que vous pensez de son engagement politique ? Est-ce que vous regrettez ? Est-ce que vous comprenez ?

Au départ je n’acceptais pas, je n’étais pas d’accord, je lui disais tu es trop jeune, ce n’est pas ton truc, ce n’est pas ton monde. Enfin je ne l’y voyais pas. Je trouvais ça mauvais au départ. Mais là je vous assure moi-même je vais l’encourager dans cet engagement ! C’est un peu trop ! Ils exagèrent.

Comment il va Christian Marcel ? Avez-vous de ses nouvelles ?

Je sais qu’il va bien. J’étais à Yaoundé je l’ai vu, il va bien, il a le moral. C’est ça le plus important.

Par contre sa mère ça très très mal. Je voudrais saluer son courage et lui témoigner mon affection. Lui demander d’être forte pour nous, pour Christian Marcel.

Quel est le regard de votre entourage par rapport à la situation ?

Il y en a qui juge. Ceux qui pensent qu’il n’aurait pas dû s’engager et ceux qui pensent qu’il fait bien le Cameroun va mal et si son sacrifice peut sortir le Cameroun des abimes, qu’il le fasse.

Vous les proches, les parents, les conjoints pensez-vous vous organisez ?

OUI nous y pensons, on est en train de se mettre ensemble. Un collectif des épouses et parents des détenus est formé. Les stratégies de dénonciation s’affinent progressivement.

Est-ce que vous ressentez de la solidarité de l’opinion publique du MRC ?

Oui oui ils se montrent présents. Ils montrent la solidarité qu’il y a entre eux… Ils sont présents. Ça, c’est le point positif ! Et c’est pour moi l’occasion de leur exprimer ma profonde gratitude.

Entretien réalisé par lewouri.info


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