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Cameroun : L’UPC-MANIDEM se prononce sur le Dialogue national annoncé

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Le président camerounais a annoncé mardi dans un discours ‘spécial’ à la Nation qu’il entendait « convoquer un grand dialogue national » fin septembre pour tenter de mettre fin au conflit meurtrier entre des groupes séparatistes de la minorité anglophone et les forces de sécurité. Les partis politiques continuent de se prononcer sur ce dialogue annoncé. C’est le cas de l’UPC-MANIDEM qui a fait une déclaration le 11 septembre 2019. Lebledparle.com, vous propose l’intégralité de la déclaration.


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Directoire de l’UPC-MANIDEM – DR

DECLARATION A PROPOS DU DIALOGUE NATIONAL

Le Secrétariat du Comité Directeur de l’UPC- MANIDEM réuni le 11 septembre 2019 à Douala, a examiné le discours de la veille du président de la République, son Excellence Paul Biya.

Le Secrétariat salue la victoire des forces qui ont fini par imposer l’exigence du Dialogue national.

En effet, il y a lieu de rappeler que des partis politiques parmi lesquels on compte l’UPC-MANIDEM, ainsi que de nombreuses forces religieuses et des organisations de la société civile, réclament ce Dialogue national depuis au moins trois ans ; et que, jusqu’à hier, le pouvoir faisait la sourde oreille. A tel point que même une initiative localisée, comme la All Anglophone Conférence, préconisée par des religieux kamerunais, a été constamment reportée à cause des entraves dressées par le pouvoir.

Le Secrétariat fait constater que le Dialogue national dont l’objectif, selon le pouvoir, est de mettre fin à la guerre dans le NOSO ne peut pas s’ouvrir dans un contexte où de nombreux compatriotes du NOSO sont derrière les barreaux à cause de leurs revendications. Si l’on veut avancer dans la sincérité, il y a lieu de déclarer préalablement la libération de près de 200 prisonniers politiques des régions du NOSO.

D’autre part, le pays vit depuis l’élection présidentielle une crise post-électorale qui a conduit à l’incarcération de nombreux prisonniers politiques. Afin que le Dialogue national soit en mesure de préparer à l’apaisement et à la contribution de tous, l’UPC-MANIDEM demande une fois encore la libération de nos compatriotes en détention depuis l’élection présidentielle.

Le Secrétariat fait constater en outre que le Dialogue national ne peut pas avoir lieu alors que les armes continuent à tonner dans le NOSO. Il y a donc lieu de décréter le cessez-le-feu qui montrera la bonne volonté du gouvernement. A quoi doit répondre la proclamation d’un cessez-le-feu des sécessionnistes que leurs leaders actuellement incarcérés devraient pouvoir garantir après leur libération.

Le Secrétariat insiste sur le fait que les engagements pour la paix doivent être faits de part et d’autre : et par le gouvernement et par les sécessionnistes.

Le Secrétariat rappelle que si la crise dans le NOSO est la plus dramatique du moment, nous ne pouvons pas faire semblant d’oublier que le pays est aussi dans une crise post-électorale après le scrutin présidentiel de 2018 et que celle-ci conduit lentement mais sûrement dans l’incohérence et l’instabilité ; nous ne pouvons pas non plus faire semblant d’oublier toutes les crises causées par la mauvaise gouvernance et dont l’échec récent de la CAN est l’illustration la plus retentissante et la plus honteuse pour notre pays.

Un Dialogue national doit pouvoir traiter des « questions d’intérêt national » comme le Président l’a enfin reconnu dans son discours ; il doit nous permettre de mettre fin à toutes les crises.

Les Kamerunais doivent donc imposer que le Dialogue national ait mission de nettoyer en profondeur les écuries d’Augias, de sorte qu’à l’issue de ce Dialogue nous ayons de nouveaux textes fondamentaux, de nouveaux modes de scrutin, de nouvelles méthodes de gouvernance, qui installeront de manière irréversible le Kamerun sur la voie de la démocratie, du mieux-vivre ensemble et du progrès économique et social.

Le Secrétariat appelle les démocrates et les patriotes kamerunais à rester vigilants pour faire échec à deux écueils :

1) Premier écueil : un Dialogue national ne doit pas être mené par le pouvoir et selon ses seuls critères.

Autrement dit : le Dialogue national pour qu’il soit vraiment national doit d’abord être souverain et en particulier sur quatre choses :

  1. a. Le calendrier : Biya ne peut pas unilatéralement fixer la date du début du Dialogue ; il faut confier cela à un comité préparatoire qui émane des forces démocratiques et patriotiques ;
  2. b. La liste des sujets que le dialogue devra traiter ;
  3. c. La composition des forces qui y participeront et la direction du Dialogue qui ne peut pas être confiée au Premier Ministre ;
  4. d. Les décisions devront s’imposer à tous.

2) Deuxième écueil : des tentatives opportunistes qui consisteraient pour certaines forces de l’opposition à vouloir s’ériger en interlocuteurs exclusifs ou privilégiés du pouvoir en vue du Dialogue national.

L’UPC-MANIDEM appelle toutes les forces de progrès à poursuivre leurs concertations, entre autres le Stand Up For Cameroon, le Cameroon Patriotic Diaspora, le Front Citoyen, et à avancer ensemble afin que le Dialogue national qu’elles réclament depuis de longs mois aboutisse enfin.

Mobilisons-nous pour éviter à notre pays de retomber dans la même gesticulation que lors de la Tripartite de 1991, sinon nous aurons au bout du compte la même déception.

Quoique décriée et ostracisée par le pouvoir de Biya depuis le début, l’UPC-MANIDEM, l’UPC de Um, Moumié et Ouandié, l’UPC immortelle, se tient constamment aux côtés des populations kamerunaises, et à ce titre travaillera pour que le Dialogue national puisse en être un effectivement, et dénoncera toute tromperie qui voudrait imposer un pseudo dialogue du pouvoir RDPC à l’exemple de la Tripartite de 1991 !

Un autre Kamerun est possible, d’autres choix sont nécessaires !

Le 11 septembre 2019

Pour le Secrétariat du Comité Directeur

Moutoudou Albert

Président de l’UPC-MANIDEM

Chumchoua Penda

Secrétaire général de l’UPC-MANIDEM

Batoum Emmanuel

Vice-Président à l’Organisation de l’UPC-MANIDEM

Leukam Ghislain

​Trésorier Général


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