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Arrêté dans l’affaire MRC, un enseignant de l’Université de Dschang écrit à ses camarades depuis Kondengui

prison yaounde kondengui 009 ns 700

Christian Fouelefack, le patron du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) dans le département de la Menoua et Enseignant à l’Université de Dschang,  arrêté le 26 janvier dernier lors des « marches blanches » de son parti, appelle des bénédictions sur ses « camarades de fac », allés rendre une visite de reconfort à sa famille ce 20 mars.

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image de la prison centrale de Kondengui – (c) DR

Bonsoir chers camarades.

Depuis le 26 janvier 2019 date de mon arrestation j’ai énormément senti une force qui me soutenait même pendant les moments les plus incertains de ma déportation sur des chemins inconnus et qui m’ont après plusieurs escales menés à Kondengui où je suis depuis le 14 février. Évidemment cette force m’a fait oublier les rires moqueurs, les silences complices ou encore les sourdes satisfactions à peine voilées de certains. J’ai aujourd’hui la ferme conviction que mon combat est noble et qu’il ne saurait rencontrer l’assentiment de tous. Il faut juste m’accepter ainsi et certains l’ont compris. Même Jésus n’aura pas pu faire l’unanimité, combien de fois ma petite personne en permanence au cœur des polémiques du fait de mon engagement? Je ne regrette rien et je n’en veux à personne, même pas à ceux qui m’ont bastonné comme un malfrat déshabillé puis jetés en cellule en prenant le soin de me verser de nombreux seaux d’eaux sales, en me traitant de tous les noms et de moins que rien. Bien au contraire je suis ému par vos multiples soutiens, ma famille ne sera pas abandonnée si jamais je ne rentrais pas chez moi: C’est tout le sens de votre visite auprès des miens aujourd’hui. Ce 20 mars était la fête des 1 ans de mon 4éme fils César Nathan, le tout dernier et c’est ce jour que vous avez choisi pour leur apporter cette chaleur que je leur apportais tant bien que mal, qui leur manque, mais qu’ils ne peuvent encore comprendre du fait de leur bas age. Sans le savoir, vous avez été moi,chez moi. Papa était là. Et c’était important pour eux. Chaque fois que c’est possible j’échange quelques mots avec eux, mais je le fais bien moins de fois pour éviter certaines émotions.

Nous sommes poursuivi pour des motifs les plus graves qui puissent exister: hostilités envers la patrie. Le minimum encouru serait la peine de mort?. Ce n’est qu’un parmi les 8 motifs de détention qui nous sont reprochés au tribunal militaire par notre pays pour avoir marché pacifiquement sans armes pour certains et pour avoir été au mauvais endroit au mauvais moment moment pour d’autres.

A ceux de nos camarades de fac qui sont si indifférents, je voudrais leur dire qu’ils ont tort. Je n’avais jamais franchi la porte d’une cellule de ma vie, j’en ai franchi 3 portes de cellules et 2 portes de prisons en l’espace d’un mois sans avoir jamais posé un acte de malhonnêteté: cela peut nous arriver tous dans un pays ou règne l’injustice que nous cautionnons. A jouer les indifférents on s’expose soi même à cela car il pleut sur tous les toits. J’ai rencontré tous les corps de métiers ici: c’est incroyable parfois de voir pourquoi certains y sont et depuis combien de temps ils sont en attente de jugement. Des gens qui hier étaient dans les positions les plus enviées de notre société. Cette prison me rend un énorme service. Elle me rapproche des personnes insoupçonnées et tente de m’éloigner de certains dont je me sentais pourtant si proche. Juste une leçon de vie, un véritable enseignement par le vécu. J’ai découvert que certains de mes camarades étaient mes amis et que certains amis n’étaient que des camarades ou des connaissances du quotidien, que certains de mes frères du même ventre ne valaient pas mieux que des personnes que j’aurais positivement marqué malgré moi dans la vie. Ici à Kondengui, jai par exemple retrouvé notre camarade de fac, Cyrille Assene Atemengue, nous sommes ensemble tous les jours. Certains savent quelles étaient ces dernières années la nature de nos relations. Suis je capable de vous dire pourquoi sommes nous logés dans la même prison, au même moment? NON. Mon père spirituel, l’ Abbé Janvier Nama qui n’ a jamais voulu me voir mêlé aux activités de ce 26 janvier m’a dit: « dans tous les cas, je condamne peut être ton action mais je ne peux t’abandonner. ». Un geste de votre part envers Cyrille lui ferait aussi un énorme bien. Je ne parle pas d’argent, non, pas de quête. Cela répugne certains. Juste votre compassion, à votre manière. A vous de voir.

Je voudrais achever en disant que je sais que je serai très vite dehors au regard de la compassion vis à vis de nos pauvres âmes qui traverse le monde entier et bouscule les lignes dans les relations internationales. Nous avons choisi de faire l histoire en fac, nous savons que notre pays va mal et que c’est à ces moments que les grandes figures ont souvent marqué l’histoire par des gestes banals. En refusant de céder son siège à un blanc dans un bus, Rosa Park est rentrée dans l’histoire des luttes noires américaines de façon indélébile. Tout le monde ne pouvait le faire, mais ceux qui ne l’ont pas fait comme elle l’ont soutenu pour qu’ advienne le changement pour tous. N’attendons pas être nous même confronté à l’injustice pour accepter que l’injustice existe. Chers camarades, pour ceux qui sont croyants priez pour une justice plus juste dans ce pays et aussi pour un système pénitentiaire plus humain car notre société n’ira nulle part en accumulant autant d’injustices surtout sous des regards complices. Mon rang social bien que modeste ne m’obligeait pas à me battre davantage pour mon bien être, mais ma conviction est qu’il n y a aucun bonheur à être heureux tout seul. Ce bonheur n »ayant aucune chance de prospérer face à un océan de misère alentour.

Que Dieu vous bénisse et vous rende au centuple votre soutien.
Mille mercis.

Christian Fouelefack
Kondengui le 20 mars 2019.


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