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Pour René Sadi, il n’y aura pas dialogue : « Le président Biya ne peut pas être considéré comme étant à mettre sur un même pied d’égalité que M. Kamto »

Rene Emmanuel Sadi

Dans une interview diffusée ce 19 mars sur les antennes de Radio France Internationale (RFI), René Sadi, le porte-parole du gouvernement camerounais  répond à la demande de Maurice Kamto, relayée il y a quelques jours lors d’une conférence de Presse à Yaoundé, par son avocat français Me Dupont Moretti, de discuter face à face avec Paul Biya. Lire l’intégralité de l’interview.

             Rene Emmanuel Sadi
René Emmanuel Sadi, ministre camerounais de la Communication – (c) DR

Question: Me Dupont Moretti, l’avocat de Maurice Kamto, appelle à la sagesse du pouvoir pour que l’on trouve rapidement une solution pour son client. Qu’est-ce que vous en pensez ?

René Sadi : Maître Dupont Moretti est sans aucun doute un avocat de renom. Mais nous déplorons la condescendance et les propos tenus par M. Moretti dont la lecture des faits ou alors la version qu’il en a reçue est complètement fausse. Toute chose qui l’amène à s’éloigner du terrain juridique pour embrayer sur des considérations politiques. Les chefs d’accusation et la mise en détention de Maurice Kamto et ses partisans sont clairs et conformes aux lois et règlements du Cameroun. On ne saurait donc les qualifier d’arbitraires ou d’ubuesques, comme l’a affirmé péremptoirement M. Moretti.

Question : Dans son interview sur RFI lundi matin, Me Dupont Moretti prête à son client, Maurice Kamto les mots suivants: «Je souhaite dire un certain nombre de choses au Président Biya; je ne veux pas mettre de l’huile sur le feu; mais je veux aussi qu’on respecte mes droits».

René Sadi : Ecoutez, nous demandons à M. Moretti qu’il n’est pas venu au Cameroun comme médiateur, qui au demeurant, se défend d’être un donneur de leçon ou un incendiaire, de s’en tenir strictement à la mission qui est la sienne. C’est-à-dire assurer la défense de ses clients devant la justice camerounaise, et non pas de se faire l’écho d’arguments ineptes ou de revendications surréalistes à propos d’une prétendue victoire volée à M. Kamto.

Question: Mais, la demande faite par M. Kamto d’une rencontre avec son ex-adversaire, Paul Biya; n’est-ce pas un geste d’ouverture ?

René Sadi : Le Président Biya ne peut pas être considéré comme étant à mettre sur un même pied d’égalité que M. Kamto. M. Kamto est un citoyen comme tout le monde, je crois qu’il doit aujourd’hui cesser de se considérer comme un alter ego. Je tiens à préciser que M. Kamto et ses partisans sont devant la justice camerounaise pour des faits n’ayant aucun rapport avec leur engagement politique.

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Question : Les accusés risquent la peine de mort alors qu’ils n’ont tué personne. Est-ce que cela ne peut pas paraître choquant ?

René Sadi : Les lois sont les lois, et la justice appréciera. Il appartient aux juges camerounais d’apprécier la gravité des faits des uns et des autres et de prendre les sentences que les uns et les autres méritent.

Question : L’Union Européenne par la voix de de Federica Mogherini (Haute représentante) dénonce des mesures disproportionnées à l’encontre de Maurice Kamto et de ses 160 compagnons de détention. Est-ce que tout cela ne nuit pas à l’image de votre pays ?

René Sadi : Maurice Kamto et ses partisans ont été interpellés, non pas pour des faits d’ordre politique, mais pour des faits de droit commun. Ils ont appelé à l’insurrection, ils ont appelé à des manifestations interdites, et vous vous souvenez de la mise à sac des ambassades du Cameroun à Paris et à Berlin qui sont le fait des partisans de M. Maurice Kamto. Nul ne peut nier que ces actes ont été commis à l’appel de M. Maurice Kamto et de ses partisans.

Question : A plusieurs reprises, Maurice Kamto a dénoncé les attaques des ambassades du Cameroun à l’étranger. Côté américain, le sous-Secrétaire américain, M. Tibor Nagy a déclaré qu’il serait sage de libérer Maurice Kamto. N’est-ce pas un avis qui pèse quand-même, celui de votre allié américain ?

René Sadi : Ces affirmations sont des affirmations non fondées. Nous devons tous apprendre des décisions qui seront prises par notre justice qui est une justice indépendante et qui est composée de magistrats expérimentés et aussi, qui ne subit aucune influence de la part des pouvoirs publics.

Question : Est-ce que l’audience que le Président Paul Biya a accordée ce lundi à Tibor Nagy peut faire avancer le dossier Maurice Kamto ?

René Sadi : De ce que je sais de l’audience, ces questions n’ont pas été évoquées. Cette audience s’est déroulée dans de très bonnes conditions. Les propos de circonstance qu’on a pu entendre ces derniers temps, n’ont en aucune façon porté atteinte aux excellentes relations entre les Etats-Unis et le Cameroun. M. Tibor Nagy l’a lui-même déclaré au sortir de l’audience où il a réitéré que les relations entre Yaoundé et Washington sont parfaites. De même, a-t-il ajouté, que les perspectives d’avenir entre nos deux pays iront en se renforçant sur tous les plans, notamment au plan commercial et que nos deux gouvernements vont œuvrer dans ce sens. Enfin, après avoir affirmé l’attachement des Etats-Unis à la stabilité et à l’indivisibilité du Cameroun, il a rendu un vibrant hommage au Président Paul Biya, dont il a apprécié la sagesse et l’intelligence.

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Question : Parmi les propos de circonstance, Tibor Nagy a déclaré que la crise anglophone pouvait être surmontée si par exemple les gouverneurs des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest étaient élus par les populations de ces deux régions.

René Sadi : Le processus de décentralisation est en cours. Dans les mois qui viennent certainement, des élections régionales seront organisées et des conseillers régionaux seront élus et les personnalités locales des différentes régions auront des droits accrus pour elles-mêmes assumer leurs responsabilités locales. Mais, M. Nagy a saisi l’occasion pour suggérer au gouvernement camerounais d’organiser des concertations. Nous accédons à ce genre de proposition. Une commission, comme vous le savez, pour faire appel à nos compatriotes égarés a été mise en place et la main leur est tendue. Nous pensons que toutes ces initiatives permettront au Cameroun, dans des délais assez brefs, de rétablir la stabilité, l’ordre et la paix dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.


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