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Roméo Ndoumbé Dika : «Que Philemon Yang explique pourquoi il me persécute »

Romeo Dika
Roméo Dika (c) Droit réservés

Romeo Dika

Dans une interview accordée au journal La Météo, le chateur Roméo Dika revient sur l’opération de distribution des guitares aux artistes camerounais et sur la nouvelle société des droits d’auteurs qui vient de voir le jour. L’artiste fait également quelques révélations sur ses rapports avec le premier ministre camerounais, qui selon lui aurait détruit sa vie.

La rédaction de Lebledparle.com vous propose cette interview dont certains extraits jugés choquants ont été retirés.

Vous venez de procéder à la distribution 250 guitares à des artistes camerounais. C’est le 3è acte du genre. Que recherchez-vous ?

Ce sujet qui semble déchaîner des passions. D’une part, vous avez une grande majorité d’artistes en joie et, de l’autre, une minorité de personnes égoïstes qui font montre de mauvaise foi. Je ne peux avoir la prétention de dire que j’offre des guitares aujourd’hui à travers le partenariat Fédération internationale de musique, le Syndicat camerounais de musiciens et le ministère de la Culture. Les artistes se retrouvent pour partager des valeurs d’amour, de paix, de générosité et de concorde à travers les cérémonies que nous organisons.

À ce jour, 675 guitares ont été mises à la disposition des musiciens. Sans instrument de travail, qui peut trouver du travail ? En leur offrant ces outils de travail, il faut retenir que dans le domaine de la culture, les deux adeptes de l’idéal qu’incarne le président Paul Biya, la ministre Ama Tutu Muna et moi, matérialisons l’engagement du chef de l’État dans le domaine de la culture. Cela peut ne pas plaire, mais rien ne nous arrêtera.

Je déplore et constate simplement que ceux en qui le chef de l’État place sa confiance, pour l’aider dans les missions qui lui ont été confiées par les Camerounais, sont les premiers à mettre les bâtons dans les roues de ceux qui veulent travailler pour le Cameroun. Comme beaucoup posent des actes nocturnes animés par le souci de succéder au plus vite à Paul Biya, ils s’irritent chaque fois qu’ils constatent que vous faites le contraire.

Pour nous résumer, nous ne recherchons rien de nocif pour les artistes. La providence seule est maître des destins. Sur cette terre, dans notre pays précisément, le président de la République est l’unique comptable de nos actions positives, qui mettent en œuvre son engagement pour la promotion des arts et des artistes tel que contenu dans sa profession de foi.


Pensez-vous que ces guitares changeront quelque chose dans le quotidien des artistes-musiciens ?

Nous espérons qu’à travers notre initiative, le destin et les carrières des artistes connaîtront un nouvel envol. Sans instrument, il est impossible de composer de belles lignes mélodiques ou harmoniques. Nous espérons simplement une évolution positive de la création nationale, car il faut bien le retenir, plusieurs décennies après le décès de son auteur, toute création tombe dans le domaine public et rentre dans le patrimoine national. Pour qu’ils soient compétitifs, les musiciens doivent éprouver leurs connaissances et aptitudes à léguer à la nation des œuvres qui traversent le temps. Si les guitares que nous offrons contribuent à cela, nous n’en serons que fiers.


Qu’est-ce qui se cache derrière cette générosité quand on sait que, dans le milieu des artistes, beaucoup sont considérés comme égoïstes ?

Je ne saurai avoir la prétention de m’exprimer à la place des autres. Ce que je sais, en revanche, c’est que depuis des années, je m’évertue au partage de ce que je peux avoir pas seulement avec les artistes. Je sais que, dans notre pays, dès que vous êtes généreux, on s’imagine qu’il y a quelque chose derrière. Je rassure ceux qui s’interrogent sur ma générosité que je n’ai aucune ambition derrière la distribution des guitares et, plus particulièrement, au sein de la gestion collective des droits des artistes. Vous le savez très bien, cette page pour moi est définitivement tournée. J’en ai informé le chef de l’Etat par écrit car, dans une correspondance qu’il m’avait adressée en 2006, il m’avait instruit d’encadrer et de mobiliser les artistes de renom pour la promotion de son action. N’ayant pas pu leur faire partager ma vision de l’intérêt général, il était de mon devoir de l’en informer, ce que j’ai fait.

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Une nouvelle société de gestion des droits d’auteur vient d’être créée et la rumeur y voit votre main…

Selon les mauvaises langues, n’est-ce pas ? Vous savez que j’ai le don d’ubiquité… Quand Boko Haram attaque le Cameroun, on me voit. Quand les Lions indomptables sont éliminés, j’ai marqué pour le camp adverse. Quand il n’y a pas de route pour aller à Bamenda, c’est toujours et encore moi. Quand c’est bon, ce sont les autres ! Les artistes sont des adultes qui savent défendre leurs droits. Nul ne peut leur faire faire ce qu’ils ne veulent pas et, lorsqu’ils ont des actes à poser, ils les posent bien, au bon moment et au bon endroit. Ils ont décidé de mettre un terme à la mascarade et au complot des services du Premier ministre, et ils ont mon soutien tant qu’ils se battent pour une cause générale.

J’ai été informé de la création de leur société, de la bonne composition consensuelle de leur conseil d’administration après coup, car ils savent peut-être quelle serait ma position. Aujourd’hui, c’est fait : autant ils m’ont soutenu pendant 30 ans, autant, par respect, fidélité et loyauté, je me dois de leur apporter ma contribution pour l’affermissement de leur prise de responsabilité. Je prends cet engagement solennel : orphelins qu’ils sont, ils peuvent compter sur mon carnet d’adresses internationales et nationales pour la consolidation de la Socacim. Je pense que c’est bien.


Quel est le rôle joué par la Minac dans la création de la nouvelle société, dans sa villa selon les mauvaises langues ?

Je ne suis pas son avocat ou son porte-parole. Je puis toutefois vous dire, de source crédible, qu’elle a été informée de la tenue de l’assemblée générale constitutive par le gouverneur de la région du Nord-Ouest. Par la suite, le gouverneur m’a interpellé sur la question et, n’ayant pas été sur place, il nous était impossible de lui apporter des éléments de réponse. C’est pour moi l’occasion de dire qu’il n’est pas du rôle, ou des missions de la Minac, de faire du renseignement et encore moins d’interdire ou d’autoriser la création de sociétés de gestion collective. La loi précise à quel moment elle entre en scène. La frilosité, qui semble avoir gagné les services du Premier ministre depuis le 28 avril 2015, est curieuse et étonnante car ici, il s’agit d’un désaveu public des artistes à l’endroit du Premier ministre. Nous espérons simplement que la suite ne sera pas une opposition ouverte, car de sources crédibles l’on signale la sortie prochaine d’un album avec plus de 70 artistes de renom contre M. Yang. Cela n’a jamais été vu ailleurs ; encore moins ici.


Depuis quelques jours, des artistes semblent courroucés par les manœuvres du secrétariat général des services du Premier ministre avec, notamment, la création d’un comité ad hoc
sur la restructuration du secteur du droit d’auteur. Quelest le rôle de la primature dans cette guerre ?

Vous savez, le monde des artistes est différent des autres. Ici, rien ne se cache et tout se dit haut et fort : ce sont des gens libres d’esprit. Il se trouve que, dès mon élection au sein du conseil d’administration de l’ex-Socam, pour faire plaisir à son amie, mon ex-épouse, Philemon Yang a instruit que je sois chassé du conseil d’administration de dame Odile Ngaska, moins de deux semaines après notre élection. Entre le ministère, les présidents successifs de la Cpmc et sans raison, tout a été mis en œuvre pour briser ma vie! Cela a conduit à mon exclusion humiliante, le 15 février 2013. Même la mémoire de mon père a été souillée, ma famille humiliée. Mon fils unique n’a pas pu achever l’année scolaire : quand il arrivait à l’école, ses amis l’encerclaient et lui disaient que son père était un voleur ! Pour la seule année que j’ai passée au sein de ce conseil d’administration, des moyens énormes ont été mis à disposition pour me livrer à la vindicte populaire.

Le complot contre moi avait pour maître d’œuvre le Premier ministre, chef du gouvernement, Philemon Yang qui, de mon point de vue, devrait expliquer au président de la République pourquoi, il me persécute. C’est lui la principale source du désordre.

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C’est le Pm Yang qui est à l’origine du désordre observé. Par respect pour sa fonction, je me suis abstenu de partager cela avec les Camerounais, car quelle image aurait-il du chef du gouvernement ? J’ai même décidé de me retirer définitivement, et même de céder mes droits d’auteur à un centre de handicapés. Malgré cela, ses services et lui ont continué à me salir. Mes partisans ont donc radicalisé leur position, pour ne faire que ce que la loi dit et qu’il faut respecter.

C’est pour moi l’occasion de le dire, ouvertement, les miens ne l’accepteront pas comme médiateur, car il ne saurait être le financier et le principal soutien de Ndedi Eyango, Sam Mbende et Raymond Tchengang et vouloir nous obliger à accepter ce qui n’arrange pas la cause générale. Nous sommes respectueux de la République, mais ceux qui incarnent cette République devraient savoir prendre de la hauteur. Et si chacun utilise sa fonction pour briser des vies, cela peut conduire à l’irréparable. J’ai informé le président de la République de cette situation dès le 5 novembre 2013.


Face à ce blocage, comment sortir de la crise ?

Il faut d’abord saluer la très large majorité des musiciens, à travers le territoire national, pour leur décision de prendre leurs responsabilités dans le consensus car, il faut le dire, l’organe dirigeant a été bien constitué et concerne presque toutes les organisations syndicales ou associatives bien connues. Ensuite, par devant notaires et huissiers, la société est constituée. Ils doivent aller vers le peu qui reste pour se retrouver. Dans la direction du Cameroun ou des autres pays dans le monde, il n y a pas toujours unanimité dans un consensus : il y a ceux qui acceptent et ceux qui refusent. Le train est sur les rails, il faut le mener à bon port. En 1997, on a vu le Social Democratic Front (Sdf) boycotter les élections et, à la fin, le président Paul Biya a assumé sa charge en prenant en compte l’opposition. Le monde des artistes n’est pas différent.


Ndedi Eyango peut-il avoir une position dans les organes de la nouvelle société ?

Si les dispositions des statuts l’autorisent, pourquoi pas ! Il se trouve néanmoins que les statuts des organismes de gestion collective, à travers le monde, sont clairs sur la condition de nationalité. Ce monsieur est bien d’origine camerounaise, cela se sait ; mais plus de nationalité camerounaise. En l’état actuel des législations, si on consacre une jungle dans laquelle les lois sont bonnes et applicables à certains et pas à d’autres, cela n’est pas bien pour la consolidation d’une République dont les fondements se trouvent dans le respect de la Constitution, des lois et décrets de la République mais aussi aux textes fondamentaux dont sont dotées les organisations syndicales, associatives, etc. Les fouler aux pieds pour imposer ses affidés, ce n’est pas bien pour l’avenir.

Ce que je trouve curieux, c’est quand même que quelqu’un d’origine camerounaise et de nationalité étrangère, ayant prêté les serments de reniement de son pays d’origine et d’allégeance pour son nouveau pays, soit plus considéré au Cameroun comme quelqu’un qui est resté fidèle et loyal au drapeau national ! En tout cas, c’est un bon exemple que les services du Premier ministre nous donnent. Nous prenons bonne note et en ferons bon usage dans le futur.


Pensez-vous que le Cameroun puisse retrouver ses artistes-musiciens ensemble, pour le bonheur des mélomanes ?

Je garde cet espoir, car les créateurs des œuvres de l’esprit ont pour qualité principale le partage de l’amour et, surtout, il n ya pas de famille sans disputes. Si certains responsables gouvernementaux arrêtent de financer la rébellion contre d’autres membres du gouvernement, il est clair que tout ira bien.

© Entretien avec Dieudonné Mveng, La Météo


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